Décryptage

Histoire et origine de la Pléiade

18 août 2020
Par Anastasia
Histoire et origine de la Pléiade

La Pléiade. Pourquoi a-t-elle été créée ? Sous quel contexte ? Qui sont ses fondateurs ? Comment les éditions La Pléiade fabriquent-t-elles leurs livres ? On découvre cela ensemble.

Pourquoi la Pléiade a-t-elle été créée ?

Voulant briller de la même manière que les grands poètes antiques latins qu’ils admiraient, sept poètes français se réunirent sous le nom de la Pléiade, faisant à la fois référence à une constellation de sept étoiles mais aussi au nom déjà utilisé par des poètes antiques.

Tous ensemble, ils voulurent renouveler et perfectionner la langue française en la rendant indépendante du latin, créant ainsi une belle poésie française. Mais derrière cette volonté se cachait également un but bien politique : l’unification de la France par l’utilisation exclusive de la langue française, comme l’Italie le fit avant eux avec l’italien.

Dans le groupe la Pléiade, la poésie est définie comme avant tout lyrique. L’amour et la nature y ont place très importante, de même que la nostalgie chez Du Bellay, et le thème de la fuite du temps et du présent dont il faut profiter (Carpe Diem) chez Ronsard.

Comment a-t-elle participé au renouvellement de la poésie ?

La-defense-et-illustration-de-la-langue-francaiseAu XVIe siècle, le latin est en Europe la langue de la littérature. Cependant, il ne s’enseigne que dans les écoles et n’est donc accessible qu’à une petite élite, le peuple parlant alors d’autres langues locales et d’autres patois. Il va s’en dire que leur grammaire était approximative et que leur littérature était, elle aussi, très limitée. Ainsi, l’essentiel du savoir, des sciences, de la poésie et de la littérature se faisait en latin.

Certains poètes du XVIe siècle vont vouloir bouleverser complètement ce système bilingue pour faire de la langue française une langue aussi noble et littéraire que le latin avait pu l’être. Mais nombreux étaient les poètes français à affectionner la langue latine, la considérant comme leur langue maternelle, et jugeant, a contrario, la langue française comme non méritante.

En 1549, Du Bellay écrit un manifeste : Défense et illustration de la langue française. Dans celui-ci, il explique comment les Romains avant eux avaient fait la même chose, en imitant les Grecs pour innover dans le langage et ainsi produire une belle poésie latine. C’est pourquoi, les poètes français se devaient, à leur tour, d’imiter les Anciens (poètes antiques latins et grecs) pour les dépasser et tendre vers l’excellence en créant une belle poésie française.

Mais cette entreprise n’était pas des plus simples. Hormis ses opposants vivaces, les poètes de la Pléiade eux-mêmes constatent que la langue française est bien plus pauvre que la langue latine, amenant à de nombreuses imprécisions et donc peu adaptée à leur art poétique français.

Ils décideront alors de l’enrichir de plusieurs manières :

– en créant des néologismes issus du latin, du grec et des langues régionales,

– en défendant l’imitation des genres et auteurs gréco-latins, se servant ainsi d’eux pour s’en inspirer et les dépasser,

– en imposant les formes poétiques de l’alexandrin, l’ode et le sonnet,

– en imposant à la poésie élégiaque quatre thèmes principaux : la fuite du temps, la nature qui les entoure, l’amour, la mort.

Les fondateurs de la Pléiade

La Pléiade est tenue par sept poètes capitaux du XVIe siècle :

Pierre de Ronsard,

Joachim du Bellay,

Etienne Jodelle,

Rémy Belleau,

Jean-Antoine de Baïf,

Jacques Peletier,

Pontus de Tyard.

Selon quels critères peut-on entrer dans la Pléiade ?

Pour entrer dans la Pléiade, il n’existe pas vraiment de critères. La seule réflexion est de se dire : est-ce que cet écrivain est « durable » ?

Et attention à ne pas sous-estimer cette question épineuse qui est d’ailleurs la raison pour laquelle la Pléiade ne publie que très peu de livres par an.

Comment est fabriquée une Pléiade ?

La fabrication d’une Pléiade nécessite une extrême rigueur et beaucoup de méticulosité.

L’emblème de la Pléiade, outre sa police de caractère (Garamond corps 9), réside certainement dans le choix du papier. Doux, léger, très fin mais solide, comme un voile, le papier des Pléiades est un papier Bible 36 grammes.

Avoir une Pléiade dans sa bibliothèque peut signifier différentes choses selon la personne qui la possède, cependant, on la retrouve généralement chez les collectionneurs passionnés.

Souvent, fabriquer une Pléiade nécessite une année de travail entière, découpée en trois grandes sessions :

1. La composition : synonyme de mise en page. Étant donné le faible grammage du papier et son opacité réduite, il faut particulièrement faire attention à respecter la superposition de la zone imprimée des pages qui se trouvent sur un même feuillet. Cela veut dire que chaque ligne doit impérativement correspondre à une ligne imprimée au verso pour laisser les interlignes blancs.

2. L’impression : depuis quelques temps maintenant, les Pléiades sont imprimées sur des rotatives, c’est-à-dire qu’elles sont directement imprimées sur des bandes de papier déjà pliées en cahiers. Chaque cahiers n’excèdent pas trente-deux pages pour éviter que la tranche ne présent aucune dents de scie.

3. La reliure.

Les oeuvres les plus vendues de la Pléiade

Les dix oeuvres les plus vendues de la Pléiade sont* :

1. Antoine de Saint-Exupéry : Oeuvres (1953) : 340 000 exemplaires,

2. Marcel Proust : À la recherche du temps perdu, tome I (1954) : 250 000 exemplaires,

3. Albert Camus : Théâtre – Récits et Nouvelles (1962) : 218 000 exemplaires,

4. Marcel Proust : À la recherche du temps perdu, tome II (1954) : 208 000 exemplaires,

5. Paul Verlaine : Oeuvres poétiques complètes (1938) : 207 000 exemplaires,

6. Marcel Proust : À la recherche du temps perdu, tome III (1957) : 198 000 exemplaires,

7. André Malraux : Romans (1947) : 160 000 exemplaires,

8. Guillaume Apollinaire : Oeuvre poétique (1956) : 143 000 exemplaires,

9. Blaise Pascal : Oeuvres complètes (1936) : 135 000 exemplaires,

10. Léon Tolstoï : La Guerre et la Paix (1945) : 134 000 exemplaires.

*Chiffres de mars 2007

Peut-on se faire bannir de la Pléiade ?

Oui, il est possible de se faire bannir de la Pléiade.

Les auteurs publié dans la Pléiade de leur vivant


Rares sont les auteurs entrés à la Pléiade de leur vivant. Aussi, nous en comptons à ce jour 19 seulement.

André Gide : 1939,

André Malraux : 1947,

Paul Claudel : 1948,

Henry de Montherlant : 1955,

Roger Martin du Gard : 1955,

Julien Green : 1972,

Saint-John Perse : 1972,

Marguerite Yourcenar : 1982,

René Char : 1983, – Julien Gracq : 1989,

Eugène Ionesco : 1991,

Nathalie Sarraute : 1996,

Claude Lévi-Strauss : 2008,

Milan Kundera : 2011,

Philippe Jaccottet : 2014,

Jean d’Ormesson : 2015,

Mario Vargas Llosa : 2016,

Philip Roth : 2017,

Antonio Lobo Antunes : 2020.

Qui est Pétrarque et comment a-t-il influencé la création de la Pléiade ?

CanzoniereNé en 1304 et mort en 1374, Pétrarque est un érudit, poète et humaniste italien. Il est l’un des plus éminents auteurs de la littérature italienne et bénéficie aujourd’hui une grande postérité pour la perfection de sa poésie.

L’excellence de Pétrarque va d’ailleurs faire de lui le modèle de la poésie amoureuse en Italie et en France. C’est ainsi que dérive de son nom, le Pétrarquisme. Nouvelle forme de la lyrique amoureuse qui associe une passion amoureuse, accrue par l’absence et le refus de l’être désiré, mais qui fait également l’éloge des qualités presques divines de celle-ci, mélangeant dans l’expression littéraire la joie et la souffrance du poète.

En France, le recueil de Pétrarque, Canzoniere, aura une influence déterminante sur les poète de la Pléiade. C’est en décidant de l’imiter que les poètes français vont reprendre à Pétrarque la forme du recueil, la forme du discours amoureux et la rhétorique de la passion par l’utilisation de métaphore, d’analogie, d’hyperbole et d’antithèse.

*Copyright visuel de post : JeRetiens.net

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