Ce qu’on appelle le rétro gaming dans le jeu vidéo n’est pas un phénomène nouveau. Loin de là. Mais le monde du jeu vidéo a connu sa petite folie en la matière il y a quelques années seulement, grâce à la sortie de machines abordables et accessibles à toutes et tous.
En effet, les consoles de jeux vidéo n’ont cessé de gagner en popularité au fil des ans et des générations de machines. Mais comme pour beaucoup de produits de grande consommation présents dans les foyers depuis maintenant plusieurs décennies, l’univers de la console a vu et vécu un fort engouement vers le passé. Un engouement provoqué par une excellente stratégie de Nintendo, qui a sorti en 2016 sa NES Classic Mini. Un moyen de rendre accessibles et abordables (la NES Mini coûtait moins de 50 € à son lancement) des objets tirés du passé, avec lesquels les joueurs et joueuses ont pu grandir. Le rétrogaming a alors changé de dimension.
Le marché du rétrogaming s’envole
La mode du rétrogaming n’est pas nouvelle, ni en France, ni dans le monde. Celle-ci s’est façonnée à mesure que les joueurs et joueuses, passionnés de jeux vidéo, ont grandi. Grandir signifie bien souvent regarder en arrière, avec nostalgie. Regarder les choses qui nous ont transformées et qui nous ont marquées. Pour certains et certaines, c’étaient les jeux vidéo. Un attachement certain s’est construit pour les jeux de l’enfance ou de la jeunesse, si bien que la pratique du rétrogaming, ou jouer à d’anciens jeux vidéo, remontant à plusieurs générations de consoles en arrière, s’est développée.
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Mais avec cette tendance est aussi venue celle des collectionneurs. Le rétrogaming s’est installé également comme un marché au potentiel lucratif. Si certains sont à la recherche de la perle rare, comme Dino Force, cet obscur jeu de tir de 1992 sorti en trois exemplaires dans le monde sur la discrète console PC-Engine et vendu 10 000 € aux enchères, d’autres désirent simplement retrouver les jeux ou les consoles de leur enfance.
Des produits qu’il est de plus en plus difficile de trouver, et encore plus à des prix abordables. Soit ils appartiennent déjà à des collectionneurs, qui gardent jalousement leurs précieuses acquisitions, soit ils tombent sous le coup de revendeurs (parfois peu scrupuleux) conscients de la forte demande et indexant les prix de vente sur l’évolution de la cote. Mais ce sont aussi des objets fragiles. Mauvais entretien, casses, passage du temps… le nombre d’exemplaires fonctionnels s’amenuise et ceux en bon état deviennent si rares que leur prix peut aisément passer du triple au quadruple par rapport à un exemplaire abimé. Bien sûr, il existe des alternatives pour les personnes simplement désireuses de rejouer aux gloires du passé.
L’émulation possède une énorme communauté dans le monde du jeu vidéo. Elle a non seulement comme avantage d’être gratuite (la plupart du temps) et d’avoir un excellent suivi de la part de passionnés, elle propose aussi et surtout quasiment tous les grands jeux ayant existé sur toutes les consoles depuis la création du jeu vidéo à la fin des années 1950. Mais l’émulation se pratique le plus souvent sur des machines récentes (le magasin en ligne de la Nintendo Switch propose un vaste choix) et ne concerne que les jeux vidéo en eux-mêmes et pas les consoles. La qualité n’est pas toujours au rendez-vous et, surtout, on ne retrouve pas les mêmes sensations que devant sa console à l’époque.
L’arrivée des consoles « Mini »
Les consoles de style rétro qui ont pu sortir à la vente ces dernières années ne visaient en fait qu’une certaine niche de joueurs et joueuses. Il s’agissait d’ailleurs simplement d’appareils type Raspberry Pi enfermés dans un châssis reprenant parfois, avec plus ou moins de fidélité, les traits de consoles historiques. Ce qu’il manquait ? Un bon coup marketing. Et c’est le géant Nintendo qui a eu le meilleur nez sur ce point. Le constructeur nippon a sorti en 2016 la désormais célèbre NES Classic Mini, une version, comme son nom l’indique, plus petite que sa première console de salon à succès sortie dans les années 1980.
En soi, la console n’inventait rien. Vendue 49 € à son lancement, la console n’était elle aussi qu’un émulateur, fermé qui plus est, donc ne pouvant accueillir que les 30 jeux fournis avec. Mais voilà, la simplicité de la proposition, et Nintendo étant aux commandes, apportait un gage de qualité et de fiabilité certain. La NES Mini était livrée avec une prise HDMI, pour être branchée à la TV, une manette NES d’époque et permettait de jouer à des classiques 8 bits en haute définition comme Super Mario Bros, Metroid, Pac Man ou encore The Legend of Zelda. Le succès a été immédiat provocant rapidement des ruptures de stocks. Nintendo a même accepté de reprendre la vente de sa console plus d’un an après l’avoir arrêtée, en 2018. En trois ans, la NES Mini s’est vendue à quelque 4 millions d’unités et a même figuré dans le top des ventes de consoles aux États-Unis, devançant la Nintendo Switch.
Elle a été suivie, en 2017, de la Super NES Mini, qui s’est vendue à 2 millions d’exemplaires dans le monde en un mois d’existence et à plus de 5,2 millions en seulement sept mois. De tels succès ont évidemment attiré les autres marques, pour le plus grand bonheur des nostalgiques, du grand public et des plus jeunes, qui découvraient ainsi tout un pan du jeu vidéo qu’ils n’avaient pas connu. La mode de la console mini était lancée. Sony est arrivé sur le segment en 2018 en sortant sa PlayStation Classic dotée de 20 jeux pré-installés allant du premier Rayman à Resident Evil en passant par Tekken 3 ou encore Twisted Metal.
SNK sortait, la même année, une petite borne d’arcade Neo-Geo Mini et nous avons même eu droit, toujours en 2018, grosse année décidément, à un Commodore 64 Mini et une Atari Flashback 8 Gold, reprenant le modèle et 120 classiques de l’Atari 2600. Sega s’est positionné également en sortant sa Mega Drive Mini en 2019, complétée ensuite par une Mega Drive Mini 2 en 2022.
Les consoles portables n’étaient pas en reste, avec l’arrivée en 2020 d’une Game & Watch équipée d’un écran LCD en couleur et faisant tourner Super Mario Bros et Super Mario Bros : The Lost Level. Une édition Zelda, comprenant trois jeux de la licence, a suivi l’année d’après.
Des acteurs externes tentent de s’imposer
Le succès de (presque) toutes ces consoles en format Mini tenait principalement à la puissance marketing des entreprises qui les lançaient. Toutes sont des poids lourds ou au moins d’anciennes gloires dans le monde du jeu vidéo, dont le nom résonne encore chez les passionnés et les nostalgiques. Mais d’autres acteurs tentent aussi de se faire une place sur ce marché, qui s’est certes assagi, une fois la folie passée, mais toujours vivant.
Par exemple, la société Blaze Entertainment veut proposer une expérience comme à l’époque. L’entreprise a donc lancé en 2021 l’Evercade VS, une console de salon au style résolument rétro et compatible avec des cartouches de jeux développés par la même entreprise. Ces cartouches rassemblent une sélection de jeux vidéo par thèmes (un éditeur, une licence de jeux, une console de salon) et permettent de jouer en 1080p à de nombreux classiques. Une promesse originale, également disponible via le modèle Evercade EXP, une console portable pouvant, elle aussi, lire les cartouches.
Enfin, nous pourrions citer les fabricants de bornes d’arcades, machines menacées puisque de moins en moins nombreuses dans les salles dédiées. Certes, les prix de fabrication sont parfois si élevés (comptez plusieurs milliers d’euros) que le public visé représente une petite niche, mais les offres se sont multipliées ces dernières années, notamment concernant la conception de bornes personnalisées et sur mesure, équipée de collections de jeux d’arcade au choix.