Longtemps considérées comme des projets à risque, à juste titre la plupart du temps, les adaptations de jeux vidéo sont aujourd’hui plus courantes. Un constat d’autant plus véridique que les plus grandes plateformes de streaming s’arrachent désormais les licences les plus cultes.
S’il y a bien une chose que les fans de jeux vidéo redoutent presque autant qu’une console qui tombe en panne ou un boss impossible à vaincre, c’est bien que l’un de leurs jeux vidéo préférés soit adapté en film ou série et soit une catastrophe industrielle. Heureusement, le début d’année 2023 a très bien commencé, avec le pari réussi The Last of Us sur HBO. L’univers imaginé par Naughty Dog a en effet débarqué dans une série portée par Pedro Pascal (The Mandalorian) et Bella Ramsey (Game of Thrones)… et le succès a été au rendez-vous. Climax de la première saison, l’épisode final a tout de même attiré 8,2 millions de spectateurs. Au total, la série imaginée par Neil Druckmann et Craig Mazin a battu House of the Dragon, premier spin-off de Game of Thrones, en attirant plus de 30 millions de spectateurs.
La malédiction des adaptations
En attendant une saison 2 déjà officialisée, l’année 2023 se poursuit sous les meilleurs auspices avec un héros culte du gaming de retour au cinéma : Mario. En salle depuis le 5 avril, Super Mario Bros. le film est l’occasion de retrouver cet univers qui ne cesse de régaler les fans depuis plus de 30 ans. Et là aussi, le pari semble avoir été relevé haut la main. Le film, co-réalisé par Illumination, Nintendo et Universal, a amassé plus de 377 millions de dollars de recettes dans le monde, s’offrant ainsi le record mondial du meilleur lancement pour un film d’animation en battant celui de La Reine des neiges 2 établi en 2019.
Pendant longtemps, adapter un jeu vidéo au cinéma était synonyme d’échec colossal, tant sur le plan critique que public. L’exemple le plus criant étant peut-être Super Mario Bros. : avant le film d’animation actuellement en salles, le plombier de Nintendo avait eu droit à une adaptation en live-action en 1993. Un projet qui fait encore cauchemarder les fans du héros et qui place aisément le film de Rocky Morton et Annabel Jankel dans la catégorie des « nanars les plus marquants » de l’histoire du cinéma.
Difficile également de ne pas citer Street Fighter – avec Jean-Claude Van Damme en tête d’affiche –, Mortal Kombat ou encore Resident Evil. Icône féministe du jeu vidéo, Lara Croft (Tomb Raider) a elle aussi eu droit à plusieurs adaptations, sous les traits d’Angelina Jolie puis d’Alicia Vikander. Autant de tentatives qui ont correctement marché sans forcément être considérées comme des chefs-d’œuvre. Même son de cloche pour Assassin’s Creed, le film adapté de la licence Ubisoft en 2016 (240 millions de dollars au box-office mondial).
Longtemps craintes et souvent décriées, les adaptations de jeux vidéo ne semblent aujourd’hui plus faire peur. Alors qu’un Detective Pikachu 2 a d’ores et déjà été annoncé, c’est du côté des plateformes de streaming que la bataille fait rage. En 2019, Netflix a ainsi su redonner un peu d’espoir avec son adaptation réussie de The Witcher. S’il s’agit à la base d’une série de romans d’Andrezj Sapkowski, impossible de ne pas penser à la saga vidéoludique de CD Projekt Red, qui s’est imposée comme l’une des meilleures licences RPG de ces dernières décennies.
La nouvelle mode
Il faut dire que, chez Netflix, on mise énormément sur l’adaptation de jeux vidéo cultes. Après Tekken Bloodline, Cyberpunk : Edgerunners ou The Witcher, la plateforme au N rouge travaille actuellement à une bonne dizaine de projets, tous plus ou moins avancés dans leur développement. Absente des consoles depuis 2013, la licence Splinter Cell fera prochainement son retour, pour les plus grands fans de Sam Fisher, avec un remake du premier opus datant de 2002. Figure du jeu vidéo, l’agent et son univers emblématique ont souvent été cités comme sujets d’une possible adaptation, mais il a fallu attendre la fin d’année 2021 pour apprendre l’existence d’une future série. Depuis, le projet est malheureusement aussi discret que Sam Fisher en pleine mission. Tout ce que l’on sait, c’est que deux saisons de 16 épisodes seraient d’ores et déjà commandées par Netflix et que Derek Kolstad, scénariste des films John Wick, est en charge du scénario de cette série d’animation à destination d’un public adulte.
Un an plus tôt, Netflix mettait déjà à l’honneur une licence culte du jeu vidéo : Assassin’s Creed. Après le succès en demi-teinte du film de 2016 avec Michael Fassbender, la licence imaginée par Ubisoft reviendra elle aussi en série. Et si la discrétion et le peu d’informations sont là aussi de mise, il se murmure que plusieurs séries dans l’univers d’Assassin’s Creed seraient en fait au cœur de cette collaboration entre Netflix et Ubisoft.
De son côté, la plateforme Amazon Prime Video semble aussi plus que prête à miser gros sur le jeu vidéo. Parmi les projets en développement, on peut citer des licences XXL comme God of War, Fallout, Mass Effect ou encore Tomb Raider. Après avoir été incarnée au cinéma par Angelina Jolie puis Alicia Vikander, l’aventurière Lara Croft reviendra cette fois au format sériel et peut déjà compter sur un renfort de poids : la présence de la scénariste primée Phoebe Waller-Bridge, qui travaillerait déjà sur le script. Alors qu’un nouveau jeu vidéo est aussi évoqué, l’héroïne apparue pour la première fois en 1996 sera aussi au cœur d’un projet d’anime.
Autre projet très attendu sur Amazon : une adaptation de Fallout. Une fois de plus, très peu d’informations sont pour le moment disponibles. On sait seulement que Jonathan Nolan et Lisa Joy, créateurs de la série Westworld, s’occuperont de l’adaptation. De plus, le projet sera surveillé par Bethesda et surtout Todd Howard, le réalisateur et producteur exécutif chez Bethesda Game Studios, qui s’occupe notamment du développement des jeux Fallout.
Après la mode du western, des odyssées spatiales ou des super-héros, la prochaine grande tendance du cinéma et des séries pourrait donc être celle des adaptations de jeux vidéo. Avec un objectif colossal : réunir les fans de cinéma et de jeux vidéo une bonne fois pour toutes devant les mêmes écrans.
