Utiles pour rechercher et diffuser de l’information, ces plateformes ne sont pas toujours les alliées des journalistes.
Alors que les informations étaient à l’origine consommées à travers la radio, la presse papier et la télévision, elles sont depuis aussi accessibles en ligne, notamment sur les réseaux sociaux. Les médias sont aujourd’hui très présents sur ces plateformes. Si ces dernières sont utiles dans le cadre du travail des journalistes et représentent un nouveau moyen pour eux d’atteindre le public, elles sont aussi parfois problématiques. Explications.
Twitter, réseau social privilégié par les journalistes
Parmi les réseaux sociaux utiles aux journalistes figure notamment Twitter. La plateforme leur permet de rechercher et de diffuser des informations, mais aussi d’identifier des tendances. Ils se servent également de ce réseau social pour des live-tweets, soit pour tweeter en direct à propos d’un événement. Ils le font par exemple lors de manifestations, comme celles organisées contre la réforme de retraites, ou lors de procès. Si cela est autorisé, ils doivent cependant respecter certaines règles lorsqu’ils se livrent à cette pratique pendant une audience.
Selon une étude espagnole relayée par la Commission européenne, Twitter était déjà le réseau social préféré des journalistes en 2011, surpassant Facebook et les autres pour la diffusion rapide de l’information. Ils continuent d’utiliser massivement cette plateforme, comme le montre une enquête du Pew Research Center publiée en juin dernier. D’après celle-ci, 94 % des journalistes aux États-Unis se servent des réseaux sociaux pour leur travail. Et, parmi eux, Twitter se classe en tête de liste, 69 % déclarant qu’il s’agit du premier ou du second qu’ils utilisent le plus dans le cadre professionnel. Viennent ensuite Facebook, Instagram, LinkedIn et YouTube.
Les journalistes font cependant l’objet d’attaques sur le réseau social à l’oiseau bleu, notamment depuis l’arrivée d’Elon Musk à sa tête. Le milliardaire a par exemple suspendu les comptes de plusieurs journalistes américains couvrant sa reprise de la société et ses activités en décembre. Plus récemment, il a annoncé que le service de presse de Twitter renverrait automatiquement un emoji « crotte » aux médias et journalistes tentant de contacter l’entreprise. De plus, alors que ces derniers sont nombreux à être vérifiés – gage d’authenticité – sur la plateforme, ils pourraient prochainement perdre leur badge bleu, sauf s’ils s’abonnent à la nouvelle formule payante Twitter Blue. Cela, à la demande d’Elon Musk qui juge que les anciennes coches de certification ont été obtenues de façon « corrompue et absurde ».
Attirer les jeunes
Si les journalistes préfèrent Twitter, le réseau social à l’oiseau bleu est loin d’être le plus utilisé par le public pour consulter les informations. Comme le montre l’étude du Pew Research Center, ils se rendent plutôt sur Facebook (31 %) ou YouTube (22 %) pour cela, contre seulement 13 % pour Twitter. C’est aussi le cas chez les jeunes, qui privilégient la plateforme vidéo de Google, TikTok ou Instagram pour s’informer.
Les médias se sont également lancés sur ces réseaux sociaux dans l’objectif d’attirer cette partie de la population. Ils sont aujourd’hui nombreux à être présents sur TikTok, à l’instar du Washington Post aux États-Unis ou du Monde en France. Comme il l’a fait avec Snapchat quatre ans plus tôt, le quotidien français s’est lancé sur le réseau social chinois en 2020 pour « aller toucher le public là où il se trouve et lui proposer une offre éditoriale adaptée à ses usages ».
« Il existe sur TikTok une communauté massive et grandissante de personnes très sensibles aux enjeux du monde, avides d’échanges et prêtes à s’investir dans la vie commune. Notre rédaction a les moyens de nourrir cette soif d’informations et de donner des clefs pour les comprendre, avec les outils et la grammaire inventée par ce réseau social », expliquait le média dans le cadre de son lancement sur l’application. Comptant plus de 785 000 abonnés, il y publie des contenus légers et avec un peu d’humour, mais fournit aussi des explications et du contexte pour comprendre les sujets importants.
Lutter contre les fausses informations
Pour les médias, être présent sur les réseaux sociaux est aussi un moyen de lutter contre les fausses informations, qui sont nombreuses sur ces plateformes. Un problème avec les jeunes qui les privilégient pour s’informer et sont donc souvent confrontés à des fake news. Une étude de NewsGuard publiée en septembre dernier a par exemple révélé que les allégations fausses et trompeuses concernant plusieurs sujets d’actualité (guerre en Ukraine, vaccins contre le Covid, avortement, etc.) pullulent sur TikTok.
Par ailleurs, même si les médias sont nombreux sur les réseaux sociaux, ce ne sont pas forcément leurs informations qui sont les plus vues par les utilisateurs. Comme l’a dévoilé une étude publiée en octobre dernier, ces plateformes contribuent à la propagation de fausses informations avec leurs algorithmes ou certaines de leurs fonctionnalités, à commencer par Twitter et TikTok. Elle révélait aussi qu’un « mensonge bien ficelé » susciterait plus d’engagement qu’une information vérifiée.
S’imposant comme des sources d’information et faisant ainsi concurrence aux médias, les réseaux sociaux peuvent être leurs alliés tout comme ils peuvent être leurs ennemis du journalisme.