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À l’origine : depuis quand parle-t-on de “réseau social” ?

14 mars 2023
Par Marion Piasecki
À l'origine : depuis quand parle-t-on de “réseau social” ?
©Primakov/Shutterstock

Cette expression, désormais utilisée partout, illustre un moment charnière dans nos relations sociales et notre vie numérique.

Quand on parle de réseaux sociaux, plusieurs noms viennent à l’esprit, comme Facebook, Twitter et TikTok. Pourquoi ce terme a-t-il émergé ? En quoi ces plateformes se sont-elles distinguées des autres formes de communication qui existaient auparavant sur Internet ?

2008, l’année où tout s’accélère

Dans les années 2000, il était possible de discuter et de se faire des amis de nombreuses manières, les plus populaires étant les forums, les blogs et les jeux en ligne comme World of Warcraft. Pour recontacter d’anciennes connaissances de la « vraie vie », il existait déjà des sites spécialisés dans les retrouvailles comme Copains d’avant. Cependant, ni Skyblog, ni MySpace, ni Copains d’avant n’étaient appelés réseaux sociaux et ils étaient loin d’avoir autant d’influence que les plateformes qui existent aujourd’hui.

Le terme se généralise en 2008 avec l’arrivée d’un mastodonte américain : Facebook. Il vient de traduire son interface dans plusieurs langues et se popularise rapidement en France. À la fin de l’année, déjà quatre millions de Français sont inscrits. La plateforme compte 145 millions d’utilisateurs dans le monde, une goutte d’eau comparée aux 2,9 milliards d’utilisateurs aujourd’hui.

La limite entre “vraie vie” et “vie numérique” devient floue

Facebook se démarque nettement de la concurrence en ayant des objectifs drastiquement différents : il encourage les utilisateurs à employer leur vrai nom et leur photo, et à ajouter leur ville, école ou lieu de travail pour parler à leur famille, leurs amis et leurs connaissances de la vie de tous les jours. L’écart d’âge entre les utilisateurs devient très large, Facebook comportant à la fois des adolescents de 13 ans et leurs grands-parents. Un véritable virage à 180 degrés par rapport aux autres plateformes, qui avaient une catégorie d’âge cible plus étroite et privilégiaient l’anonymat !

Ce réseau social axé sur notre « vraie vie » actuelle a aussi des conséquences sur la communication et la publicité sur Internet. Alors que la publicité pré-Facebook se limitait à des grandes marques et à des sites louches, aujourd’hui même votre boulangerie de quartier peut avoir une page sur les réseaux sociaux pour vous prévenir d’une promotion ou de l’arrivée d’un nouveau produit. Cela ajoute aux relations sur Internet un aspect beaucoup plus personnel, concret et local.

Toujours plus connectés

L’arrivée de Facebook en France coïncide avec la sortie d’une autre technologie qui révolutionne notre rapport au numérique : l’iPhone 3G. Le réseau social comprend tout de suite le potentiel du smartphone. Facebook faisait d’ailleurs partie des premières applications sur iPhone. Cela crée une relation beaucoup plus solide et fusionnelle que sur les anciennes plateformes où il n’était pas forcément attendu d’être là tous les jours.

Facebook devient rapidement indispensable en devenant une plateforme généraliste multifonctions, où l’on peut reprendre contact avec une ancienne amie, suivre l’actualité, regarder des vidéos, organiser une fête d’anniversaire et vendre des vêtements, entre autres. C’est là aussi une différence importante avec les blogs et forums qui se créent généralement autour d’un centre d’intérêt commun.

L’aspect omniprésent et addictif se renforce au fil des années avant de devenir la norme des réseaux sociaux. D’abord avec les « J’aime » et les partages, qui ont créé de nouvelles manières d’interagir, mais aussi une forme de compétition entre les utilisateurs et des problèmes d’estime de soi. Ensuite, avec les algorithmes et le contenu recommandé qui encourage à rester de plus en plus longtemps de peur de passer à côté de quelque chose d’intéressant (le fameux FOMO).

Alors que le web 2.0 était, à raison, considéré comme une formidable opportunité d’expression pour les internautes, le torrent ininterrompu de contenu et d’interactions est désormais la principale raison du désamour grandissant des utilisateurs… jusqu’à devenir nostalgique du « bon vieux temps » d’Internet avant les réseaux sociaux.

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Article rédigé par
Marion Piasecki
Marion Piasecki
Journaliste