Véritables rois du box-office depuis plusieurs années, les super-héros issus des comics américains sont appréciés, voire adulés dans le monde entier. Et lorsque l’on parle de super-héros, on oublie souvent d’associer cela à la France. À tort, malheureusement…
C’est un fait, les fans de super-héros ne jurent que par Batman, Superman, Spider-Man, Captain America et leurs semblables. Qu’importe que l’on préfère DC ou Marvel, le super-héros populaire a avant tout ce fort accent américain. Bien entendu, on peut également citer Black Panther, qui met à l’honneur la culture africaine, Miss Marvel, qui représente la communauté musulmane, ou encore Captain Britain… fervent justicier au service de Sa Majesté. Et la France dans tout ça ? Certains fans rêvent peut-être de voir un jour Captain Paris combattre aux côtés des Avengers, non ? Mais en attendant qu’un tel jour arrive, il serait dommage d’oublier que, oui, la France aussi a ses super-héros. Voici un tour d’horizon de ceux à (re)découvrir.
Fantax
Si les années 1930 voient l’émergence de Batman et Superman, la France se découvre un nouveau héros au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, en la personne de Fantax. Né de l’esprit du scénariste J. K. Melwyn-Nash (Marcel Navarro) et du dessinateur Chott (Pierre Mouchot), Fantax fait ses grands débuts en mai 1946 dans le journal Paris-Monde illustré. Subtil mélange de Batman (avec qui il partage le fait de ne pas avoir de pouvoirs) et Superman, le super-héros se démarque toutefois par des caractéristiques étonnantes.
Tout d’abord, derrière cette identité française se cache en fait un Anglo-Saxon du nom de Lord Horace Neighbour, un noble attaché d’ambassade. De plus, il est père de famille et marié, ce qui n’est pas banal pour un super-héros. Enfin, sa femme, Lady Patricia, est au courant de sa double identité et l’aide même dans ses enquêtes. Contexte historique oblige, Fantax a souvent affaire aux Nazis, mais également au Ku Klux Klan. Après un joli démarrage, l’aventure s’arrête en 1949 pour Fantax, la faute à une loi visant à réguler certaines publications jeunesse jugées trop « pernicieuses » en termes de sexualité et de violence.
Mikros
Le succès colossal d’Ant-Man a prouvé qu’un super-héros associé à un insecte, cela peut marcher. Alors pourquoi pas Mikros ? La célèbre série du scénariste et dessinateur Jean-Yves Mitton raconte comment trois entomologistes de l’université d’Harvard, également athlètes olympiques, se retrouvent transformés en humains insectoïdes par la race alien des Svizz. Ainsi sont nés Mikros, Saltarella et Crabb.
Après des premières publications dans le magazine Mustang entre 1980 et 1981, Mikros connaît de nouvelles aventures de 1982 à 1986 dans Titans. L’occasion notamment pour le héros de venir en découdre en France avec des super-vilains aux noms effrayants, tels que Raoul de Roquemaure ou le Comte de Monségur, qui veut faire de Saltarella sa reine. Avec le recul, les aventures de Mikros et compagnie sont revues à la hausse, notamment grâce aux valeurs prônées, comme la solidarité, ou encore la mise en avant de messages forts comme les préjugés ou le racisme.
Nyctalope
Place à l’un des plus vieux super-héros de tous les temps, si ce n’est le plus vieux. Et il est toujours bon de se dire qu’il est français. Créé en 1911, Nyctalope est un super-héros qui, comme son pseudo l’évoque, a la capacité de voir dans le noir. Inutile de préciser qu’il donne donc beaucoup de tracas aux malfrats lorsque la nuit tombe. Derrière cette identité secrète se cache en fait Léo Saint-Clair, miraculé d’une tentative d’assassinat ayant subi une greffe de cœur qui lui a donné des aptitudes exceptionnelles.
Face au succès de ses romans, l’auteur Jean de La Hire poursuivra les aventures du Nyctalope jusqu’en 1955, à travers 19 romans, qui seront pour certains réédités dans des versions modifiées et/ou abrégées. Outre sa nyctalopie, Léo Saint-Clair est décrit comme un héros complet, charismatique, polyglotte, initié aux arts martiaux et aux sciences occultes. Un vrai Bruce Wayne avant l’heure. Grâce à un cœur artificiel qui ralentit son vieillissement, le héros a vécu de folles aventures, qui l’ont notamment amené à rencontrer des civilisations perdues dans l’Himalaya, explorer la planète Mars ou encore voyager sur la planète inconnue Rhéa.
L’Archer Blanc
Marvel a Hawkeye, DC a Green Arrow et même Disney a Robin des Bois. Mais la France n’a pas à rougir, puisqu’elle peut compter sur L’Archer Blanc. Cette relecture de Robin des Bois dans un cadre futuriste a été créée en 1987 dans Le Journal de Mickey, puis compilé en albums chez Soleil en 1998. Dans cette aventure futuriste, la forêt de Sherwood est désormais une ville où l’Archer se cache dans les quartiers les plus mal famés, tout en siégeant au Conseil sous son identité civile.
Dôté de super-capacités après une exposition à des radiations, le héros doit lutter contre divers ennemis, comme le seigneur Klovos, l’inquiétant Yargo ou encore des miliciens en armures équipés de lasers. Vous l’aurez compris : L’Archer Blanc mêle habilement la culture super-héroïque, la science-fiction dystopique et l’héritage classique de Robin des Bois. Naïf au premier abord, le périple de ce super-héros permet d’aborder des thèmes matures comme l’oppression, la propagande, la répression ou encore la nécessité de se révolter.