Entretien

Harcèlement, porno, rapport au corps… Juliette Katz (Coucou les Girls) nous raconte les coulisses de son PodKatz

15 janvier 2023
Par Agathe Renac
Harcèlement, porno, rapport au corps… Juliette Katz (Coucou les Girls) nous raconte les coulisses de son PodKatz
©Instagram/CoucouLesGirls

Connue sous le nom de Coucou les Girls sur les réseaux sociaux, Juliette Katz partage son quotidien avec des centaines de milliers d’abonnés. Après avoir raconté des histoires sur YouTube et Instagram, la créatrice s’attaque au format du podcast. Entretien.

Vous êtes actrice, chanteuse, streameuse, youtubeuse, instagrameuse, mannequin, autrice et maintenant podcasteuse… Il vous arrive de dormir ?

Mais je dors beaucoup ! (Rires) Dit comme ça, on a l’impression que je fais 12 milliards de choses, mais en réalité, je garde du temps pour moi. Je n’ai pas un emploi du temps monstrueux, ce sont surtout des postures. Dans les faits, je ne produis pas énormément de vidéos sur YouTube, je ne suis plus trop mannequin, je ne joue pas trop la comédie en ce moment… Je suis très présente dans l’univers d’Internet, mais je ne me mets pas du tout la pression. Je conserve du temps libre pour souffler et prendre soin de ma santé mentale.

Cyprien, Léna Situations, Anna Rvr… De plus en plus de youtubeurs et youtubeuses se laissent tenter par le podcast. Qu’est-ce qui vous attirait dans ce nouvel exercice ? Qu’est-ce que cette plateforme vous apporte de plus que les autres ?

Ce n’est pas vraiment une question de plateforme ; Spotify ne m’apporte rien de plus que YouTube. J’avais juste envie de raconter de nouvelles histoires. J’ai toujours aimé parler avec les autres. Quand j’étais ado, je discutais avec ma meilleure amie jusqu’à cinq heures du matin. On essayait déjà de déconstruire tout un tas de sujets. Ces podcasts sont la suite logique de toutes ces conversations. Je voulais rencontrer des gens, découvrir leur vie, échanger avec eux… Cette nouvelle aventure m’apporte énormément. J’apprends beaucoup de choses sur les autres et sur moi-même.

Dans ce podcast, vous abordez de nombreuses thématiques, dont la parentalité, qui est au cœur de multiples publications sur vos réseaux sociaux et votre chaîne YouTube. Pourquoi souhaitiez-vous partager votre expérience difficile avec le post-partum ? Avez-vous pu aider d’autres jeunes mamans ?

C’était hyper important pour moi d’en parler parce que je n’entendais pas beaucoup de récits autour de cette expérience. À la base, je voulais simplement documenter ma vie de femme enceinte et de post-partum. Je n’étais même pas sûre de poster les vidéos. Finalement, je me suis dit que ce serait intéressant d’avoir des retours d’autres mamans, car je me sentais très seule à ce moment-là.

Je me suis rendu compte que ça avait aidé énormément de femmes. Il y a eu un vrai sentiment de sororité. Les commentaires de mes vidéos étaient inondés de messages du genre : “Merci, j’avais l’impression que ça n’arrivait qu’à moi”. On est tellement à avoir vécu la même chose ; il fallait libérer la parole sur ce sujet et cet échange d’expériences a permis de déconstruire des pensées.

Vous parlez aussi de harcèlement et le témoignage de Sidonie est poignant. Pourquoi souhaitiez-vous aborder ce sujet ? Avez-vous aussi été victime de ce phénomène ?

C’est terrible d’avoir cette pensée, mais j’avais envie de répondre : “Bien sûr que j’en ai vécu.” Avant les réseaux sociaux, je subissais de l’intimidation, puis ça s’est multiplié après mon arrivée sur Internet. Je voulais donner la parole à Sidonie, car le harcèlement est un sujet important. Elle est confrontée à ce phénomène depuis qu’elle a 8 ans alors que c’est une nana “lambda”, dans le sens où elle n’est pas connue.

Ça peut arriver à tout le monde. L’invitée de ce podcast est tombée en dépression et dans l’anorexie, des personnes se suicident… Je voulais mettre en lumière ce phénomène et montrer que les conséquences du harcèlement peuvent être désastreuses.

Autre sujet important : le corps. Et vous en parlez dans un épisode sur le porno. Quel rapport avez-vous entretenu et entretenez-vous avec le vôtre ?

Je ne sais pas quel regard je porterai sur mon corps dans dix ans, ni même dans deux mois. Mais le rapport que j’entretiens avec lui est étrange : c’est une vraie relation d’amour-haine, et à d’autres moments, je m’en fous. Je suis passée par des phases où je le détestais et c’était un combat de tous les jours. M’habiller, me regarder, me doucher, faire l’amour… Tout était compliqué.

Il y a d’autres moments où je me trouvais bien et j’étais plus détendue. Aujourd’hui, je suis dans une période où mon corps ne m’importe pas, et c’est positif. Je sens que je suis progressivement en train de me détacher de l’image que je peux donner. On ne peut jamais se détacher du regard des autres, mais je me sens plus en paix avec moi-même et j’essaye d’être plus douce avec mon corps. Dans tous les cas, je sais que ce rapport vacillera plein de fois jusqu’à mes 80 ans.

Que retenez-vous de cet entretien avec Nikita Bellucci ? Vous a-t-elle permis de déconstruire certaines idées que vous aviez sur l’industrie de la pornographie ?

Je n’ai rien appris de particulier sur le porno, car je savais que les femmes n’étaient pas toujours bien traitées et que les hommes se piquaient le sexe pour avoir une érection, par exemple. En revanche, j’ai découvert qu’elle vivait des choses hardcores en ce moment, notamment avec l’affaire Jacquie et Michel [Le créateur du site de streaming pornographique et certains de ses collaborateurs sont visés par plusieurs plaintes pour viol, proxénétisme et traite d’êtres humains, ndlr].

Elle m’a aussi expliqué la manière dont elle s’est lancée dans cette industrie et c’était ultra-intéressant. J’ai bien aimé sa réflexion de : “J’ai voulu tester l’expérience, et j’ai bien kiffé.” À chaque fois que j’ai une conversation avec une actrice porno (la dernière fois, c’était avec Anna Polina), je suis fascinée par leur liberté de parole et par leur rapport au corps. Nikita le rappelle dans le podcast : les films pornos, c’est de la fiction. Tout est mis en scène. C’est important de se dire que ça ne représente pas la réalité, que ce sont des actrices, et qu’elles font juste leur taf.

Quel épisode vous a le plus marquée ?

Tous les épisodes m’ont touchée et m’ont appris quelque chose de différent. Cependant, celui que j’ai enregistré il y a deux jours m’a particulièrement marquée. Je l’ai réalisé avec une abonnée de 27 ans qui a une force incroyable. Pour vous résumer sa vie : sa mère a tué son père et elle est maintenant en prison. Elle explique pourquoi elle a commis ce meurtre et elle nous parle du combat qu’elle mène depuis huit ans pour être présente pour elle. Cette histoire est juste folle.

Quelle thématique aimeriez-vous aborder dans la prochaine saison ?

Le deuil périnatal. On ne parle pas de ce sujet et je pense qu’il faut donner la parole à ces femmes. Dans la saison 2, j’aimerais mettre en lumière des thématiques comme la sexualité des personnes âgées et le polyamour. Je vais aussi faire un épisode avec mon copain sur la tromperie, car c’est arrivé dans notre couple. Généralement, quand on trompe, on quitte juste la personne et c’est terminé. Mais on est passé au-dessus et on est toujours ensemble. Ce sera intéressant d’en parler tous les deux dans un podcast.

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Article rédigé par
Agathe Renac
Agathe Renac
Journaliste