C’est la révélation qu’on ne s’attendait pas à trouver en librairie en cette fin d’année 2022. Cette courte série vient de se terminer avec la parution début décembre de son second et dernier volume aux éditions Crunchyroll, et on a adoré.
Tout commence avec l’explosion d’un micro-ondes et une longue série d’événements surnaturels qui déstabilisent le héros de Time Paradox Ghost Writer. Teppei Sasaki a 24 ans et c’est un mangaka sans talent. Tous ses projets de série sont refusés par les éditeurs du très célèbre Weekly Shonen Jump. Lorsque la foudre s’abat dans son petit appartement miteux et détruit son électroménager, il s’aperçoit qu’il contient un numéro du Shonen Jump daté de 2030, soit dix ans dans le futur.
C’est le point de départ de cette série bouclée en deux volumes, écrite par Kenji Ichima et illustrée par Tsunehiro Date, dont le dernier vient de sortir aux éditions Crunchyroll. Une série courte, qui a bénéficié de peu de promotion de la part de son éditeur, alors que c’est une pépite à ne manquer sous aucun prétexte. Les chanceux qui la découvriront pourront la terminer rapidement et sans casser la tirelire ; c’est le cadeau parfait à mettre sous le sapin.
Montrer les coulisses de l’édition de mangas avec une touche de fantastique
On sent l’inspiration de Bakuman dans ce manga. La série de Tsugumi Oba et Takeshi Obata nous plonge dans la rédaction du Weekly Shonen Jump, le magazine de prépublication le plus connu au Japon, pour nous en montrer le fonctionnement tout en reprenant les codes du shonen nekketsu classique. Tappei, le héros, ressemble d’ailleurs beaucoup à Moritaka Mashiro, celui de Bakuman. Du moins, physiquement.
Car oui, la différence fondamentale entre les deux séries est la touche fantastique de Time Paradox Ghost Writer. Lorsque Tappei trouve le Shonen Jump de 2030 dans son micro-ondes, il y découvre une nouvelle série, un véritable chef-d’œuvre, qu’il pourra plagier sans aucune inquiétude, puisqu’elle n’existe pas encore. C’est le début de la gloire pour le jeune mangaka. Sauf que voilà, Itsuki Aino, 17 ans, reconnaît dans cette œuvre le manga qu’elle prépare depuis des mois et retrouve Tappei pour lui demander des explications.
Tappei est piégé dans l’engrenage de son mensonge et Itsuki se rapproche de lui pour mieux comprendre son supposé « talent ». L’histoire prend un tournant inattendu lorsque le protagoniste devient une espèce d’ange gardien pour la jeune femme, comme s’il voulait se faire pardonner de lui avoir volé l’œuvre de sa vie.
Une histoire formidable qui n’a pas trouvé son public
Malgré sa qualité, Time Paradox Ghost Writer a subi la règle implacable du Weekly Shonen Jump : après une quinzaine de chapitres qui n’ont pas trouvé leur public, la série a été prématurément stoppée. Une décision décevante, quand on voit la qualité du titre et tout le potentiel qu’il aurait pu déployer avec une histoire plus longue.
Cependant, même avec deux volumes, le manga parvient à constamment surprendre : certes, la fin est forcément précipitée, mais la série retourne complètement les attentes du lecteur et renouvelle ses enjeux quasiment à chaque chapitre. Surtout, c’est une formidable histoire sur la création, le métier de mangaka et l’investissement total qu’il nécessite, souvent au détriment de la santé des auteurs, un sujet de plus en plus important au Japon.
L’échec de Time Paradox Ghost Writer est métatextuel : à l’image des mangas que dessine le héros de l’histoire, c’était peut-être une œuvre trop particulière et de niche pour subsister dans ce magazine si populaire. Une chose est sûre : beaucoup de surprises vous attendent tout au long de la lecture de ce manga aussi court que brillant. Vous n’avez qu’à lire le premier volume pour vous en rendre compte, et on parie que sa fin vous donnera envie de vous jeter sur le second.