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Au Japon, la carte d’identité numérique a du mal à s’imposer

29 octobre 2022
Par Kesso Diallo
A ce jour, la moitié des Japonais a adopté la carte d'identité numérique.
A ce jour, la moitié des Japonais a adopté la carte d'identité numérique. ©tukinoto / Shutterstock

Le pays intensifie ses efforts pour faire adopter la carte « My Number » aux citoyens réticents.

Depuis plusieurs années, le Japon veut numériser son administration, mais fait face au rejet des habitants. Souhaitant rattraper son retard, le gouvernement cherche à imposer la carte d’identité numérique, ayant récemment demandé aux citoyens de se la procurer, faute de quoi ils perdront leur accès à l’assurance maladie publique, comme le rapporte l’Associated Press.

En 2016, le Japon a introduit My Number, un système d’identification se présentant sous la forme d’un numéro individuel à 12 chiffres pour chaque citoyen. Cet identifiant unique est associé à une carte sur laquelle figure aussi une photo. Dotée d’une puce, elle est utilisée pour accéder au système de santé, mais aussi comme permis de conduire. Si le gouvernement vise à faire adopter ces cartes par l’ensemble de la population d’ici à fin mars 2023, seulement 49% des citoyens en possédaient une à la fin du mois de septembre selon le Japan Times.

Un rejet de la carte d’identité numérique

Les Japonais refusent cette transition numérique pour plusieurs raisons, à commencer par le fait qu’ils préfèrent les formulaires papier et une identification à l’ancienne réalisée avec des tampons. De nombreuses agences japonaises continuent d’insister pour que les citoyens apportent des formulaires papier et les fax sont encore monnaie courante dans le pays.

À cela s’ajoute la méfiance des habitants concernant la gestion des informations par le gouvernement à la suite de plusieurs scandales liés à des fuites de données et d’autres erreurs. Le processus pour obtenir une carte « My Number » est également jugé trop long, avec la demande qui prend environ un mois pour être traitée et qui nécessite de remplir et de renvoyer des formulaires papier.

Le gouvernement a annoncé que les cartes d’assurance maladie actuellement utilisées seront supprimées à la fin de 2024. Les citoyens devront alors se servir de leur carte « My Number », mais nombre d’entre eux s’y opposent. Une pétition lancée en ligne pour le maintien des cartes de santé a en effet signée par plus de 100 000 personnes en l’espace de quelques jours. Les habitants refusent, entre autres, ce changement car ils estiment que le système actuel fonctionne depuis des décennies et que ce passage au numérique nécessiterait un travail supplémentaire à une période où la pandémie met encore à rude épreuve le système médical.

Conscient des inquiétudes au sujet de la carte d’identité numérique, le Premier ministre Fumio Kishida a annoncé, le 25 octobre, que malgré la disparition des cartes d’assurance maladie, les Japonais auront toujours accès aux soins de santé en cotisant au régime.

Contrairement au Japon, la France, qui a lancé son application d’identité numérique (version test) en mai, ne prévoit pas d’imposer cette version digitale de la carte d’identité. Le gouvernement a en effet précisé que l’utilisation de l’application sera facultative, n’étant pas destinée à remplacer les formulaires papier et aux guichets.

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Kesso Diallo
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Journaliste
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