Alors que les plateformes ont dévoilé des politiques pour lutter contre la désinformation à l’approche des élections de mi-mandat aux États-Unis, un rapport indique que ces dernières sont inadéquates, entraînant une amplification du déni électoral.
Les réseaux sociaux sont particulièrement scrutés lors des périodes électorales par rapport à la désinformation. S’ils affirment être prêts pour les élections américaines de mi-mandat le 8 novembre prochain, un rapport du Stern Center for Business and Human Rights de l’Université de New York publié le 19 septembre indique le contraire. D’après cette organisation, les plateformes continuent de saper l’intégrité du vote en permettant au déni électoral de se propager. « Les réseaux sociaux ont promis de protéger les prochaines élections de la mésinformation et de la désinformation, mais leurs politiques inadéquates et leur application incohérente entraînent l’amplification continue du déni électoral », explique-t-elle.
Des politiques problématiques
À l’approche des élections de mi-mandat, Meta, Twitter, TikTok et YouTube ont en effet annoncé des politiques afin de réduire la propagation du déni électoral. Le propriétaire de Facebook et Instagram a ainsi déclaré qu’il supprimerait la désinformation sur la logistique du vote et les appels à la violence. L’entreprise va également interdire les publicités remettant en cause la légitimité des prochaines élections. Elle a cependant exempté les politiciens de son programme de vérification des faits, permettant, selon le rapport, aux candidats et autres dirigeants influents de saper la confiance dans le vote en remettant en question les procédures de vote ou d’autres règles.
Twitter va, lui, appliquer sa politique d’intégrité civique qui interdit les allégations trompeuses sur la façon de voter, les mensonges qui « interdisent ou dissuadent les personnes de voter » ou qui « sapent la confiance du public dans une élection ». Pourtant, un rapport interne publié avec la plainte du lanceur d’alerte Peiter Zatko a révélé que cette équipe d’intégrité ne comprenait que deux experts en désinformation.
TikTok a, de son côté, réitéré son interdiction totale des publicités politiques et a répondu au problème de désinformation électorale sur sa plateforme avec des politiques interdisant les « fausses informations qui cherchent à saper la confiance dans les institutions publiques » comme les élections et rendant plus difficile la recherche d’un certain type de contenu. Le problème, c’est qu’elles sont appliquées de manière irrégulière. L’organisation a constaté que TikTok bloquait la recherche pour le terme « fraude électorale » tout en permettant de parcourir la plateforme pour des vidéos à propos du « trafic de bulletins de vote ». Interrogé sur ce problème, le réseau social a commencé à empêcher les utilisateurs d’effectuer des recherches sur ce sujet.
Enfin, YouTube a déclaré que ses systèmes recommanderont des contenus provenant de sources d’informations nationales et locales faisant autorité lorsque les utilisateurs chercheront des vidéos en rapport avec les élections de mi-mandat. Ils vont également identifier « le contenu limite » et l’empêcher d’être largement recommandé afin de réduire la propagation de fausses informations nuisibles. Déjà appliquées pour l’élection présidentielle américaine de 2020, ces mesures n’avaient pas été très efficaces. YouTube avait en effet indiqué qu’il supprimerait les allégations trompeuses affirmant que le résultat électoral a été changé à cause d’erreurs ou de fraude, mais il a uniquement appliqué cette règle pour les contenus mis en ligne après le 9 décembre. Autrement dit, plusieurs vidéos remettant en question l’élection étaient toujours disponibles.
Des recommandations pour atténuer les préjudices
À la suite de ces constats, le Stern Center for Business and Human Rights dresse une liste de recommandations pour atténuer les dommages aux institutions et normes démocratiques. Il préconise une plus grande transparence concernant le fonctionnement des algorithmes de recommandation des plateformes. Il leur recommande aussi d’effectuer des audits indépendants pour permettre à des tiers de vérifier si elles évaluent les avantages attendus des services qu’elles offrent en comparaison à leurs risques potentiels pour les utilisateurs et de considérer la protection des élections comme « un travail à l’année » et non un « qui est interrompu entre les élections ».