En attendant God of War : Ragnarök et Devil May Cry 6, le studio AA italien Reply Game nous gâte avec un titre dont les inspirations à ces deux monuments du beat’em all sont évidentes.
Annoncé pour la première fois l’été dernier, Soulstice avait intrigué par sa direction artistique atypique, ses combats spectaculaires, sa chevalière d’une classe folle et son adorable sœur fantôme, le tout emballé dans un scénario qui n’est pas sans rappeler l’excellent manga Claymore. Avec toutes ces illustres inspirations, Reply Game Studios a-t-il réussi à proposer un bon jeu doté de sa propre identité ? Voici notre avis.
Solstice d’Éther
Soulstice nous plonge dans un univers sombre, dominé par un clergé tyrannique et manipulateur, au sein d’un conflit éternel entre la Lumière et les Ténèbres. À son origine, trois divinités appelées Gardiens ont férocement combattu le Chaos avant de le maîtriser et de puiser dans son énergie pour créer la vie, mais aussi la mort.
L’humanité est ainsi née de cette union, mais le Chaos à la faim insatiable parvint à se libérer de ses chaînes, ouvrant un Voile entre le monde des vivants et celui des esprits. Un phénomène menaçant la fabrique même de la réalité, appelé solstice des âmes.
Une telle faille entre les mondes s’est ouverte à Ilden, une des trois capitales érigées à la gloire des Gardiens. En résulta un horrible massacre de la population, transformée en Corrompus ou Possédés par les esprits de l’au-delà. Pour clore la faille et sauver le reste de l’humanité, l’Ordre envoie des Chimères, une caste de chevaliers religieux accompagnés d’un esprit défunt.
C’est ainsi que nous faisons la connaissance de Briar et Lute, deux sœurs au passé tragique, que nous allons découvrir au fil du jeu. Le décor est donc planté pour une aventure dantesque. Si la technique se montre un brin datée, Soulstice nous régale souvent de panoramas dignes de tableaux grâce à une superbe direction artistique mélangeant habilement ombre et lumière au travers d’effets de lumière et visuels flattant la rétine.
Un duo magique et touchant
Reply Game Studios a fait un travail remarquable sur les deux sœurs que nous allons accompagner dans une aventure tragiquement grandiose. On s’attache rapidement à ce duo touchant et nous apprenons avec elles à développer leurs pouvoirs hors du commun.
Tout au long du jeu, il faudra en effet mettre à profit les capacités de Briar la guerrière et Lute l’esprit. Dans les combats notamment, Lute nous protégera des attaques et permettra de frapper des esprits ou des Possédés grâce à une aura bleue ou rouge. Avec son aide inestimable, qui rappelle fortement celle d’Atreus avec Kratos dans le reboot de God of War, Briar pourra déployer toutes ses compétences martiales et son arsenal fourni pour avancer. On salue d’ailleurs la réactivité des deux sœurs à nos commandes (de préférence à la manette), à l’exception de quelques combinaisons de touches ayant du mal à passer.
Concernant les combats, Soulstice se montre globalement réussi. L’action est nerveuse et gagne en intensité et en complexité au fil de l’aventure. Enchaîner les combos sans se faire toucher développe par ailleurs l’Unité entre les deux sœurs, débloquant des attaques dévastatrices et même une transformation étrangement similaire à la forme démoniaque de Devil May Cry.
Outre les combats, l’exploration malheureusement assez dirigiste composée de couloirs saupoudrés de quelques passages parfois bien dissimulés mettra également à profit les capacités des deux sœurs. Certains objets ne pourront en effet être utilisés qu’en activant l’aura adéquate de Lute. Le jeu nous encourage ainsi à fouiller les moindres recoins de chaque niveau pour débloquer des secrets, obtenir des ressources pour acheter les compétences (hors de prix) de Briar et Lute, ou augmenter leur barre de vie.
Une structure de gameplay somme toute très classique quand on a joué à la série Devil May Cry, qui souffre cependant d’un problème qu’on aurait pu croire disparu depuis des années : une caméra abominablement mal calibrée. Il arrive régulièrement qu’elle soit tournée face à notre personnage, nous empêchant de voir ce qui se trouve devant nous. Les phases de plateforme sont notamment une plaie, avec un angle de caméra nous empêchant de jauger correctement les distances. Dans les combats, elle peut enfin nous coûter de précieux points de vie lorsque des ennemis en nombre nous attaquent hors champ. Il s’agit là clairement du plus gros point négatif de Soulstice.
Une expérience transcendante ?
Comme dans tout bon beat’em all qui se respecte, la progression de Soulstice est jalonnée de nombreux combats de boss. Ils se montrent globalement spectaculaires et nous donneront du fil à retordre. C’est également à leur issue que l’histoire des deux sœurs se développe.
Poussée dans ses retranchements, Briar risque à tout instant de se transformer en monstre par un phénomène appelé transcendance. Sa connexion avec l’esprit de Lute se coupe et elle se trouve enfermée dans la psyché de sa sœur pour tenter de rallumer la flamme de son humanité. Un ressort scénaristique plutôt habile, qui nous permet de découvrir en même temps Lute et les souvenirs déchirants enfouis dans l’esprit de la taciturne Briar.
Même après avoir bouclé l’histoire – au bout d’une bonne vingtaine d’heures de jeu – et assisté à un final épique suggérant fortement une suite, Soulstice nous encourage à refaire un bout de chemin avec les sœurs. À l’issue de chaque combat et niveau, nous recevons une note – comme dans Devil May Cry, encore une fois. Les adeptes du scoring auront donc envie de refaire chaque niveau pour en débloquer tous les secrets et briguer la note maximale (sachant qu’il faudra répéter la manœuvre dans cinq difficultés différentes, qui mettront nos compétences à rude épreuve).
En définitive, mis à part la synergie plutôt originale entre Briar et Lute, Soulstice se montre extrêmement classique dans le gameplay qu’il propose. Le tout est heureusement sauvé par une superbe direction artistique, des combats exaltants et une histoire à la fois épique et touchante. On espère que Reply Game Studios nous permettra de retrouver les deux sœurs dans une suite et que le studio italien en aura profité pour mieux régler sa caméra chaotique.