Critique

A Model Family : preuve que l’argent ne fait pas toujours le bonheur

12 août 2022
Par Alexandre Manceau
Composé de 10 épisodes, le show est disponible dès aujourd'hui sur la plateforme.
Composé de 10 épisodes, le show est disponible dès aujourd'hui sur la plateforme. ©Netflix

Netflix confirme son attrait pour les shows coréen avec une série qui n’est pas sans rappeler Ozark. Alors, nouveau coup de maître?

En peu de temps, le public américain et européen s’est familiarisé avec la culture sud-coréenne, à commencer par la K-POP. Si les fans de musique commencent à bien connaître certains groupes tels que BTS (qui a annoncé faire une pause), on peut aussi se tourner vers Netflix. La plateforme mise beaucoup sur les shows et dramas coréens et, après Squid Game, Hellbound ou A Silent Sea, un nouveau drama sombre est disponible sur la plateforme depuis aujourd’hui. Composé de 10 épisodes, A Model Family narre l’histoire de Dong-ha un professeur au bord de la faillite et en instance de divorce qui va un jour découvrir une importante somme d’argent et de la drogue dans une voiture abandonnée sur le bord d’une route de campagne. Ce qu’il ne sait pas encore, c’est que ce butin appartient à un gang de dealers dont le second, Gwang-Cheol, va le mettre sous pression en le forçant à devenir passeur pour eux s’il veut sauver sa famille.

Casting solide pour un show classique et efficace

Contrairement à Squid Game, qui offrait une vision et un ton différents de ce que l’on peut trouver sur le petit écran, A Model Family joue la carte du classique. Un homme normal, dans une situation compliquée, qui se retrouve du jour au lendemain affilié à de l’argent sale et des cartels. Le pitch pourrait tout à fait évoquer Breaking Bad ou Ozark, tant la comparaison entre Walter White, Marty Byrde et Dong-ha est légitime. Ce père de famille, qui vient de perdre le job qu’il convoitait et sur le point de divorcer, est parfaitement incarné par Jung Woo (Cruel Love, Dandelion Family). Toujours prêt à venir en aide à ses proches, notamment son fils qui souffre d’une déficience au cœur, ce professeur découvre petit à petit dans quel engrenage un sac rempli de billets va le plonger. Le voir essayer d’enterrer les corps retrouvés avec l’argent ou comment blanchir de l’argent sale via une recherche Internet sont des scènes simples mais parfaitement orchestrées.

Jung Woo est parfait dans le rôle de ce professeur plongé du jour au lendemain dans la réalité des cartels.

Forcément, qui dit argent sale dit présence de bad guys prêts à tout pour le récupérer. Membre haut placé du cartel, Kwang-cheol est un parfait mélange de froideur et de danger, incarné par Park Hee-Soon, que l’on a récemment pu retrouver dans Dr Brain. Le reste du casting est plus que convaincant, à commencer par Yun Jin-seo, qui incarne Eun-Ju, la femme de Dong-ha qui demande le divorce. Faisant passer sa famille avant tout, elle est aussi celle qui n’hésite pas à dire ses quatre vérités à son mari et se révèle être un personnage plein de secrets au fil des épisodes.

Un Monsieur tout le monde plongé dans le monde du cartel

C’est aussi dans l’intrigue que le parallèle avec Ozark est plus que légitime. Malgré une somme colossale qui en pousserait plus d’un à opter pour une vie de luxe et de frivolité, Dong-ha n’a qu’une chose en tête : le bien-être de sa famille. Une fois la fortune récupérée, sa première pensée est d’ailleurs : « Est-ce vraiment de l’argent sale s’il est utilisé pour une bonne cause ? » Illustrant très bien le caractère naïf du personnage, ce que sa femme ne manque pas lui reprocher d’ailleurs, cette réflexion démontre surtout l’humanité de cette série. Il n’est pas question de fierté ou de critique sur le pouvoir de l’argent, mais juste de vie ou de mort.

Face à Dong-ha, Park Hee-soon campe un Dwang-cheol aussi menaçant que charismatique.

Tous les regards se tournent vers Hyun-woo, le petit dernier de la famille qui souffre d’une maladie du cœur. Sans une opération vitale, qui coûte évidemment une certaine somme, le jeune garçon est condamné. Une mort qui viendrait aussi briser définitivement la famille de Dong-ha. Et là où Walter White pouvait au moins compter sur une certaine expertise pour s’en sortir, le show coréen n’hésite pas à montrer que Dong-ha est un simple professeur projeté dans un monde sombre et violent dont il ne connaît rien. C’est simple, tous les moments de tension sont dus à de mauvaises décisions prises par le père de famille.

Pas de critique sur la société ou de discours moralisateur, l’humain avant tout

Mais pour éviter d’être répétitif, à savoir des gangsters qui cherchent à tout prix l’argent et un homme qui fait tout pour leur échapper, la série a la bonne idée d’inclure un secret familial par-dessus l’intrigue principale. Une manière de rendre le propos du show encore plus réaliste. On s’attache très vite à plusieurs personnages, que ce soit un Dong-ha plongé dans une spirale négative, une Eun-ju qui veut aller de l’avant pour le bien de ses enfants ou un Hyun-woo qui ne rêve que d’une chose : voir sa famille réunie. Au-delà de l’histoire du cartel et d’une violence ultra-présente, mais jamais exagérée, A Model Family est, au final, une histoire avant tout humaine qui tente de répondre à ce dilemme vieux comme le monde : « Jusqu’où sommes-nous prêts à aller par amour pour nos proches » ?

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Article rédigé par
Alexandre Manceau
Alexandre Manceau
Journaliste
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