Sorti en 2007 sur PS2 en France avec une critique unanimement dithyrambique, Okami n’a malheureusement pas connu le succès qu’il méritait. Son injuste échec commercial condamna son géniteur, Clover Studio, à fermer ses portes. Mais le bouche à oreille faisant son œuvre, Capcom donna plusieurs autres chances à Okami, notamment sur Wii en 2008 et sur PS3 en 2012. Mais rien n’y a fait : le succès ne fut toujours pas au rendez-vous malgré l’apport ludique des périphériques à détection de mouvements (Wiimote et PS Move). La sortie d’Okami HD en 2017 apparaît donc comme une dernière chance surprenante de redorer le blason de ce chef d’œuvre du jeu vidéo qui n’a pris aucune ride avec le temps.
(Ce test a été effectué sur une Xbox One.)
En résumé
Quelle chance ! Alors que l’on croyait Okami définitivement rangé dans le panthéon des chefs-d’œuvre vidéoludiques incompris, voilà une opportunité inespérée de réhabiliter cette merveille, et ce à moindres frais. Tous les pixels d’Okami HD transpirent l’amour du jeu vidéo : il ne tient qu’à vous de récolter cette offrande remise au goût du jour et de profiter d’un classique intemporel digne d’une toile de maître accrochée dans un musée.
Note technique
Les plus et les moins
- Une patte graphique extraordinaire et unique en son genre
- Les techniques du pinceau céleste qui transcendent le concept d'interactivité
- Un petit prix pour un grand jeu
- Une durée de vie solide
- Des musiques inoubliables
- Les combats techniques et tactiques
- Une histoire pleine de poésie dramatique et truffée d’humour
- Un Zelda sur PS4, Xbox One, PC
- Jouable en 4K sur PS4 pro, Xbox One X et PC
- Le pinceau pas toujours précis
- Un peu trop de bla bla qui ralentit parfois le rythme du jeu
- Des problèmes de placement de caméra
- Des allers-retours en peu longs
Notre test détaillé
Poésie vidéoludique
La chose qui marque le joueur dès les premières secondes du jeu, et ce bien avant de s’intéresser à son histoire, reste incontestablement la patte graphique que projette Okami à ces yeux émerveillés. En effet, impossible de passer à côté de cette originalité visuelle qui vous fait penser instantanément à la classe des estampes japonaises couchées sur du papier. La comparaison avec le cel shading d’un The Legend of Zelda: The Wind Waker serait trop facile et surtout insuffisante. Car Okami dégage un supplément d’âme que ne possède pas cet épisode de Zelda : celui de la poésie. Cette impalpable réussite artistique se retrouve non seulement sur le plan visuel, mais aussi sur le plan narratif. Un vrai petit miracle !
Ainsi, Okami vous narre les péripéties de la déesse du soleil, Amaterasu, réincarnée en louve à la fourrure blanche, Shiranui, afin de sauver le pays nippon de la menace d’Orochi : le démon à huit têtes. Ce dernier a en effet répandu le mal dans tout le pays où tous les êtres vivants (plantes, animaux et êtres humains) semblent dépérir. C’est à vous qu’il incombe désormais de restaurer la vie dans un jeu d’action/aventure où se mêlent avec maestria phases d’explorations, d’énigmes, de combats et de quêtes annexes. Pour vous accompagner dans votre sauvetage du monde, vous avez sur votre collier, Issun, un petit être semblable à la fée de Link dans Zelda: Ocarina of Time, qui vous guide sur les prochains événements à suivre. Mais vous détenez aussi et surtout des pouvoirs magiques forts utiles, déesse oblige.
Coups de pinceau
Vos différents pouvoirs se matérialisent sous la forme d’un ustensile original et ingénieux : le pinceau céleste. Véritable marque de fabrique d’Okami, le pinceau céleste rend accro le joueur dès sa première utilisation. En effet, grâce à lui, vous disposez de la faculté incroyable de figer l’action, et ce à n’importe quel moment. Pour représenter cette immobilisation temporelle, l’écran passe de la couleur au monochrome avec un bruit de papier qui se déplie. Vous avez dès lors tout le loisir d’utiliser votre pinceau céleste en dessinant directement sur l’écran comme s’il s’agissait d’une toile. L’intérêt ? Changer votre environnement selon la figure que vous dessinez.
Mais attention : il ne s’agit pas de gribouiller n’importe quoi. Vous pouvez utiliser jusqu’à quinze techniques qu’il vous faut débloquer tout au long de votre aventure via des quêtes et autres découvertes. Par exemple, la technique Renaissance vous permet de réparer des objets cassés comme un pont brisé afin de passer un gouffre a priori infranchissable. Autre technique ? La bombe flamboyante qui, à l’instar des bombes dans Zelda, permet de faire exploser un mur fissuré pour découvrir un coffre caché. Vous pouvez aussi utiliser la technique de la Floraison pour redonner vie à des arbres morts ou encore la technique de la Brume occulte qui ralentit le temps. Autant d’alternatives qu’il faut apprendre à maîtriser pour pouvoir progresser dans votre aventure. L’impression de redonner sens au monde qui vous entoure grâce à cette interactivité poétique et artistique est transcendée par le fait de se mettre à la place d’un peintre qui voit son œuvre prendre vie sous ses coups de pinceau. Du grand art !
Chien de garde
Mais le monde ne se sauve pas qu’avec de la poésie, il faut aussi savoir se battre. Car les démons pullulent dans la contrée du Nippon. Ça tombe plutôt bien : Shiranui en a sous les coussinets. Vous pouvez voir vos différents ennemis au gré de vos pérégrinations, matérialisés sous forme de parchemins maudits qui flottent dans les airs. Dès que vous entrez en contact avec eux, une phase de combat en temps réel commence. Vous disposez d’une quinzaine d’armes en tout pour en venir à bout. Bien sûr, chaque ennemi possède sa propre faiblesse. À vous de jongler entre les trois types d’armes (épées, rosaires et boucliers) afin de trouver la meilleure combinaison possible face à eux.
Sachez que vous disposez de deux emplacements pour vos armes : l’un offensif, l’autre défensif. Ils correspondent à deux boutons sur votre manette. Les combinaisons s’avèrent nombreuses et il faut en essayer un maximum pour dégoter la meilleure tactique face aux différents monstres, tous issus du folklore asiatique (démons, poisson du chagrin, ogres…). Ce système de combat très dynamique, qui est repris par les anciens de Clover Studio chez Platinum Games pour le jeu Bayonetta, se voit enrichi par le fait que vous pouvez aussi utiliser votre pinceau céleste lors de ces joutes. Ainsi vous avez le choix de dessiner un arbre devant votre adversaire, histoire de l’immobiliser, ou carrément de casser son bouclier avec un coup de pinceau bien placé. Le pinceau plus fort que l’épée !
La patte de l’artiste
L’alternance entre l’exploration artistique de Nippon et les combats techniques contre les péons d’Orochi reste en soi ludiquement très réjouissante. Mais l’aventure que propose Okami est bien plus généreuse. Ainsi, pour ramener la paix, vous devez effectuer pas mal de petites quêtes auprès des personnages non-joueurs, plus ou moins primordiales selon votre sensibilité. Il s’agit e nourrir des animaux, arrêter les bandits des avis de recherche, flairer les 99 perles perdues dans tout le pays ou tout simplement faire refleurir toutes les plantes d’une région. Quelles que soient vos priorités, vous êtes toujours récompensé par une dose de Bonheur qui permet, à l’image de l’expérience gagnée dans un jeu de rôles, d’augmenter vos statistiques sur votre énergie vitale, vos fioles d’encre, votre endurance ou votre bourse.
Car oui, même pour une déesse, l’argent reste le nerf de la guerre. Vous pouvez dépenser vos économies chez les marchands ambulants qui proposent, par exemple, de nouvelles techniques de combat, du saké pour augmenter temporairement votre défense ou, loup oblige, des os à ronger pour recouvrer de la santé. Face à toutes ces qualités, Okami présente bien sûr quelques défauts qui sont énumérés dans les moins de notre conclusion, mais retenons surtout que cette édition remise au goût du jour pour nos consoles et PC de 2017 s’avère être une incroyable réussite vidéoludique qu’il serait dommage de ne pas essayer.
Conclusion
Quelle chance ! Alors que l’on croyait Okami définitivement rangé dans le panthéon des chefs-d’œuvre vidéoludiques incompris, voilà une opportunité inespérée de réhabiliter cette merveille, et ce à moindres frais. Tous les pixels d’Okami HD transpirent l’amour du jeu vidéo : il ne tient qu’à vous de récolter cette offrande remise au goût du jour et de profiter d’un classique intemporel digne d’une toile de maître accrochée dans un musée.