En résumé
Au final, FIFA 18 fait un peu penser à l’Equipe de France actuelle : il dispose sur le papier de toutes les qualités pour produire un jeu léché, mais préfère rester pragmatique pour assurer le résultat. Une philosophie que chacun est libre d’apprécier comme il le veut, car là où certains pourront ressentir de la lassitude face à son manque d’audace, d’autres y verront un partenaire infaillible d’une bonne soirée pizzas. Ce que personne ne pourra lui enlever en revanche, c’est la qualité de son enrobage et la richesse de son contenu. FIFA 18 n’est peut-être pas le jeu de foot le plus intéressant à jouer, mais il est indiscutablement celui qui propose l’expérience la plus complète et immersive du marché.
Note technique
Les plus et les moins
- Un gamplay solide à défaut d’être novateur
- L’exhaustivité des licences
- La qualité du rendu visuel
- L’ambiance dans les stades
- Un habillage soigné
- FUT, une vraie drogue dure
- L’Aventure, plus rythmée et prenante
- Zéro grosse nouveauté de gameplay
- L’accent mis sur l’attaque
- Difficile de bien défendre
- Les commentaires à revoir
- Le système de pénaltys très peu intuitif
Notre test détaillé
A n’en pas douter, FIFA 18 est parti pour être le jeu de foot le plus populaire de l’année. Pourtant, malgré son écrasante réussite commerciale, sa supériorité est tout sauf évidente. C’est que pour la première fois depuis de nombreuses années, le titre d’Electronic Arts n’est pas ce leader incontesté et incontestable. Et pour tout dire, c’est précisément sur le rectangle vert qu’il déçoit. Explications.
Contrairement à ce qu’affirment les mauvaises langues, Electronic Arts ne se contente pas d’appliquer de bêtes patchs correctifs pour pondre une nouvelle édition de FIFA. Cela peut paraître fou aux yeux du profane, mais oui, des nouveautés plus ou moins importantes sont intégrées chaque année. Souvent fruit d’une réflexion initiée des mois voire des années en amont, celles-ci ont systématiquement permis à la série d’aller plus loin dans le réalisme. L’an passé, l’éditeur américain était même allé jusqu’à prendre le risque de tout chambouler en changeant de moteur graphique. Lui reprocher de se reposer sur ses lauriers serait donc injuste, pour ne pas dire malhonnête. Ceci étant dit, il faut bien admettre que cet a priori n’a jamais été aussi valable que dans le cas de FIFA 18.
Le même ou presque
Difficile de dire si c’est par manque d’inspiration ou par peur de perdre des clients en bouleversant trop radicalement leurs habitudes, toujours est-il que ce nouvel épisode ne propose rien de vraiment neuf en termes de sensations. FIFA 18 donne en effet l’impression de jouer à un simple FIFA 17 sur lequel quelques réglages auraient été appliqués ici et là. La vitesse amoindrie des déplacements et l’inertie qui accompagne désormais les joueurs témoignent, certes, d’une volonté de remettre le collectif au cœur du jeu. Pourtant, il suffit de quelques parties pour se rendre compte que rien n’a fondamentalement changé. Pendant que PES 2018 régale par la qualité de sa circulation de balle, la simulation d’Electronic Arts continue de s’appuyer sur un jeu très direct, fait de combines qui permettent en quelques passes de se procurer une occasion de but.
Entre un ballon qui fuse sur la pelouse, des transmissions dont la précision est beaucoup trop chirurgicale pour être honnête – le fameux syndrome dit de « ping-pong passing » –, et des appels d’une redoutable efficacité, il n’a jamais été aussi facile de sauter le milieu de terrain. Cet épisode penche du coup un peu trop vers l’attaque, et ce n’est pas l’assistance revue à la baisse sur les interventions défensives qui viendra faire mentir ce constat. Plus que ses prédécesseurs, FIFA 18 oblige à faire preuve d’un vrai sens de l’anticipation et du timing pour ne pas se retrouver sur les fesses au moindre crochet. Catastrophiques à la sortie du jeu, les gardiens ont heureusement retrouvé de leur efficacité à la faveur d’un patch déployé début octobre.
Comme à la télé
Solide mais trop prévisible sur le terrain, FIFA 18 a heureusement eu la bonne idée de multiplier les artifices tout autour pour faire la différence. Certes, les graphismes n’ont rien de bouleversant pour un jeu qui sort fin 2017. Il est vrai aussi que PES 2018 s’en sort mieux sur les gabarits et les modélisations faciales de nombreux joueurs. Mais globalement, la simulation d’Electronic Arts propose un rendu plus harmonieux grâce à une meilleure gestion de la lumière et à une plus grande homogénéité dans les visages. Le travail sur les stades s’inscrit dans cette même dynamique, l’ambiance, aussi bien au niveau visuel que sonore, étant plus soignée que chez la concurrence. Les tifos lors de l’entrée des joueurs font plaisir à voir. Les chants de supporters qui collent des frissons quand ils s’adaptent à la physionomie d’une rencontre. Et pour ne rien gâcher, certaines habitudes locales sont même prises en compte pour apporter plus d’authenticité (les papelitos et les fumigènes sont plus présents en Amérique du Sud, par exemple).
Calqués sur le modèle d’une retransmission télé, la réalisation et l’habillage viennent sublimer tout ce travail de reconstitution. La caméra sait s’attarder sur la foule et les joueurs, notamment quand ces derniers nous gratifient de petits moments anodins (échange de maillots, discussions). Les ralentis proposent de jolis angles de vue pour revoir une action. Enfin les différents synthés s’intègrent parfaitement pour livrer toutes les informations que l’on est en droit d’attendre lors du visionnage d’un match. Pour plus de fidélité, ceux-ci s’adaptent d’ailleurs à certains pays et compétitions, toute la charte visuelle de Premier League étant par exemple reprise lors des rencontres opposant deux clubs anglais. Le mimétisme avec les retransmissions télévisuelles a été poussé à tel point qu’il est possible de pré-programmer des remplacements, histoire de pouvoir les effectuer en toute fluidité en pressant une simple gâchette lors d’une sortie de balle.
Du FUT en veux-tu en voilà
FIFA 18 fait tout pour que l’on se sente bien en sa compagnie, et cela passe forcément par un contenu plus riche et exhaustif que jamais. Véritable poule aux œufs d’or d’Electronic Arts avec ses paquets de cartes achetables contre de l’argent réel, FIFA Ultimate Team – ou FUT, comme le surnomment ses adeptes – voit débarquer un tout nouveau mode de jeu. Baptisé Clash d’Equipes, celui-ci a pour particularité de se dérouler exclusivement hors-ligne et contre l’IA. L’idée est d’affronter les équipes d’autres joueurs (voire d’influenceurs ou d’ambassadeurs, à l’image d’un Antoine Griezmann), avec un principe de prise de risque qui conditionne la qualité des récompenses à recevoir (plus la difficulté est élevée, plus les crédits obtenus sont nombreux et les packs de cartes rares). Si elle ne parlera pas forcément aux plus jeunes, l’autre grosse nouveauté de FUT cette année est de nature à combler les vieux de la vieille. En effet, les Icônes, d’anciennes gloires du ballon rond qui ont accepté d’apparaître dans le jeu, sont désormais disponibles à trois époques différentes de leur carrière.
Alex Hunter, Saison 2
Difficile aussi de faire la fine bouche devant le retour de L’Aventure, ce mode scénarisé mettant en scène le footballeur fictif Alex Hunter. Après une première saison trop courte et centrée uniquement sur ses débuts tumultueux chez les pros, ce jeune prodige anglais a droit dans FIFA 18 à un parcours plus étoffé, qui l’emmènera notamment dans différents pays à travers le monde. Si la structure du mode ne change pas, avec toujours cette alternance entre cinématiques, séances d’entraînement et matchs, ces quelques voyages contribuent à rendre l’expérience plus prenante et mieux rythmée. Quelques surprises viendront d’ailleurs ponctuer son périple, avec notamment la participation de quelques guest-stars plutôt bien intégrées (malgré leur curieux doublage anglais, là où les autres bénéficient de voix françaises) et une insistante rumeur de transfert vers le Real Madrid. Si le côté série B du scénario ne gêne pas, il est en revanche regrettable de constater que les réponses données lors des dialogues n’ont, une nouvelle fois, qu’un faible impact sur le cours des événements. A quelques nuances près, faire de Hunter un joueur modeste ou arrogant ne change rien. Dommage.
Conclusion
Au final, FIFA 18 fait un peu penser à l’Equipe de France actuelle : il dispose sur le papier de toutes les qualités pour produire un jeu léché, mais préfère rester pragmatique pour assurer le résultat. Une philosophie que chacun est libre d’apprécier comme il le veut, car là où certains pourront ressentir de la lassitude face à son manque d’audace, d’autres y verront un partenaire infaillible d’une bonne soirée pizzas. Ce que personne ne pourra lui enlever en revanche, c’est la qualité de son enrobage et la richesse de son contenu. FIFA 18 n’est peut-être pas le jeu de foot le plus intéressant à jouer, mais il est indiscutablement celui qui propose l’expérience la plus complète et immersive du marché.