Très attendu, l’A7R V, fort de ses 61 Mpx et de sa cohorte de fonctionnalités dernier cri, impressionne sur le papier. Nous avons pu nous faire une idée un peu plus précise de ces avancées en manipulant l’appareil pendant quelques jours.
En résumé
L’A7R V ne se contente pas de succéder à l’A7R IV. Les fondations sont les mêmes, notamment l’excellent capteur Cmos plein format de 61 Mpx, qui reste la définition la plus élevée à l’heure actuelle dans cette catégorie d’appareil. Tout le reste évolue. À commencer par le système autofocus, qui a droit à sa propre puce dédiée à l’intelligence artificielle avec, à la clé, une panoplie de détection de sujets d’une richesse inédite et d’une redoutable efficacité. Le viseur OLED de 9,44 Mpts, hérité des A7S III et A1 (même si le taux de rafraîchissement est inférieur sur l’A7R V) est le plus élevé du marché. La stabilisation sur cinq axes est encore améliorée. La vidéo passe en 8K. Quant à l’ergonomie, elle est proche de celle de l’A7 IV, avec en prime, une innovation à saluer, l’implémentation d’un écran orientable sur quatre axes ! Les menus sont repris des récents A7 III, A7 IV et A1 (logique, les deux processeurs logés dans l’A7R V sont identiques) : l’interface est mille fois plus claire et intuitive que sur les menus des précédents modèles.
Son talon d’Achille se situe du côté de la vidéo. Le rolling shutter est visible dès lors que l’on est en mouvement. Et le recadrage en 8K, mais surtout en 4K 50p, pourra gêner les utilisateurs de focales grand-angle. Le bilan reste largement positif et l’A7R V n’a pas d’équivalent sur le marché en termes de ratio définition-performances sur le marché à l’heure actuelle, mis à part les Sony A1 et Nikon Z9, situés dans d’autres sphères de prix.
Note technique
Les plus et les moins
- La qualité de construction et l’ergonomie
- La qualité d’image, exceptionnelle avec les optiques G Master
- L’écran LCD innovant sur quatre axes
- Le mode Haute résolution à 240 Mpx
- Le double-port pour cartes CFexpress type A ou cartes SD
- La cadence de prise de vue à 10 i/s avec 61 Mpx
- La clarté des menus
- L’efficacité de l’autofocus, surtout la détection des sujets et des yeux
- Une autonomie loin de celle des reflex de cette catégorie
- Le placement du joystick et l’absence de touches en façade
- Le rolling shutter en vidéo
- On aurait aimé accéder à une cadence plus élevée quand on opte pour une définition de 26 Mpx
- Le recadrage (certes léger, mais présent) en vidéo 8K et en 4K 50p
Notre prise en main détaillée
Sony a dévoilé l’A7R V le 26 octobre. Il prolonge la série des A7R (pour résolution), riches en pixels, avec un capteur Cmos de 61 Mpx – autant que son prédécesseur, l’A7 IV. Mais, au-delà de cette définition, qui reste la plus haute sur le marché des appareils sans miroir plein format, toutes marques confondues, le nouveau-venu se démarque sur de nombreux points par rapport à son aîné.
Prise en main réalisée sur un produit prêté par le constructeur.
Design et ergonomie
Pour ceux qui ont l’habitude des A7 III ou A7R IV, ce qui frappe dès la prise en main, c’est le léger embonpoint de l’A7R V et une poignée plus généreuse. En fait, il ressemble plutôt à l’A7 IV, ce qui est plutôt logique, car il possède, à l’instar de ce dernier, un écran LCD monté sur rotule, que l’on peut donc orienter dans toutes les directions. L’A7R V pousse même le concept plus loin, car on peut également incliner l’écran sur un axe uniquement vertical, comme on le ferait sur un A7 III, par exemple.
Le joystick, qui permet de déplacer les collimateurs AF, est bien large et agréable à manipuler. Il aurait peut-être mérité d’être placé un peu plus haut, quitte à décaler la touche AF-On, car on a la sensation qu’il faut « décrocher » un peu la main droite pour y accéder, quand on a l’œil dans le viseur. Autre petit grief (qui vaut pour tous les hybrides Sony) : l’absence de touches en façade, qui permettrait pourtant d’accroître le degré de personnalisation des commandes.
Depuis les premières générations d’A7, apparues il y a bientôt dix ans, les boîtiers gagnent en épaisseur. Par exemple, les dimensions étaient de 127x96x 60 mm pour 625 g sur l’A7R II et passent à 131x97x82 mm pour 723 g sur l’A7R V. La présence de la stabilisation en interne explique en partie cela, mais on remarque aussi un niveau de construction renforcé, avec de nombreux joints d’étanchéité à la clé.
L’A7R V rassure sur ce point. Un véritable tank, qui brave sans aucun problème les intempéries, à condition de l’associer à des optiques elles aussi protégées contre l’intrusion de poussières ou d’eau. C’était le cas des deux zooms G Master II 24-70 mm f/2,8 et 70-200 mm f/2,8 utilisés lors de notre prise en main.
Visée et menus
Quand on met l’œil au viseur, on découvre le somptueux afficheur OLED de 9,44 Mpts, avec un grossissement x0,9. Le plus défini du marché à l’heure actuelle, également à l’œuvre sur les A1 et A7S III. Mais, contrairement à l’EVF de l’A1, dont le taux de rafraîchissement atteint 240 i/s, il faut se contenter de « seulement » 120 i/s sur l’A7R V. Ce qui est suffisant pour suivre une scène rapide, quand on photographie à la cadence maximale, soit 10 i/s.
L’écran arrière de 3,2 pouces et 2,10 Mpts est quant à lui une vraie réussite. Ce système de bascule sur quatre axes inédit contente à la fois les utilisateurs qui privilégient un écran monté sur rotule et ceux qui préfèrent une inclinaison uniquement verticale.
En parcourant les menus, on constate que l’A7R V adopte les menus inaugurés sur l’A7S III, puis reconduits sur les A1 et A7 IV. Beaucoup plus lisibles et clairs que les précédents, ils offrent une navigation intuitive, d’autant plus qu’il est possible de faire défiler les différentes fonctions de manière tactile. Le menu dédié aux réglages fins de l’autofocus est particulièrement fourni. On peut paramétrer distinctement les raccourcis pour les modes photo et vidéo.
Gestion des fichiers
Pour tirer la quintessence de l’appareil photo, il faut privilégier les CFexpress Type A, comme sur l’A7S III, dans les deux compartiments pour cartes mémoire. Toutefois, il est également possible d’utiliser deux SD à la place, ce qui est bien utile, ce type de carte étant largement répandu. Il faudra toutefois investir dans les versions les plus rapides en lecture et en écriture si vous avez l’intention d’effectuer des rafales en Raw à 61 Mpx ou de filmer en 4K et a fortiori en 8K…
À noter qu’il est possible d’opter pour des fichiers bruts et Jpeg intermédiaires, M et S, respectivement à 26 Mpx et 15 Mpx. Ce qui renforce la polyvalence de l’A7R V, car on n’a pas toujours besoin de la définition maximale, notamment en photo sportive et animalière. En complément du Jpeg, le format Heif, moins compressé, figure également au menu, en 4:2:0 sur 8 bits ou 4:2:2 sur 10 bits.
Stabilisation et haute définition
La stabilisation intégrée, ce n’est pas nouveau, puisque tous les Alpha 7 en sont pourvus depuis la seconde génération, qu’il s’agisse de modèles classiques, « S » ou « R ». En revanche, le système embarqué dans l’A7R V progresse, puisque la marque revendique désormais un gain de 8 IL, ce qui met ce modèle ex aequo avec le Canon EOS R5, son principal concurrent, sur le papier.
Déjà présent sur l’A7R IV, le mode haute résolution est reconduit sur l’A7R V. Il repose sur l’assemblage d’une série de quatre ou 16 fichiers Raw, pour obtenir une image de 19 008 × 12 672 pixels (240 Mpx).
Pour l’exploiter, il faut impérativement utiliser un trépied. Ensuite, il faut effectuer l’assemblage via le logiciel maison, Viewer, dont la dernière version prend en charge les fichiers Raw de l’A7R V. Dommage qu’on ne puisse le faire directement depuis le boîtier, mais le niveau de détails obtenu est saisissant.
Autofocus et cadence
L’incorporation d’une puce entièrement dédiée à l’intelligence artificielle propulse l’A7R V dans une nouvelle dimension en ce qui concerne le degré de performances du système autofocus. Les modes de détection sont les plus nombreux proposés sur un appareil à ce jour : trains, avions, animaux, insectes… Et les algorithmes parviennent même à distinguer des parties précises du corps humain.
Il devient ainsi très difficile de rater des images, en photo d’action ou en utilisant une optique à grande ouverture (on pense notamment au formidable 50 mm f/1,2 G Master). Tandis qu’on peut confier la mise au point en continu au boîtier en vidéo sans aucun problème.
Vidéo 8K
En tête d’affiche figure bien sûr la possibilité de tourner en 8K, à 24 ou 25 i/s, ce qui place l’A7R V au niveau de l’A1 (50 Mpx). Il faut composer avec un recadrage x1,24 dans ces conditions. Il en est de même en 4K 50p. Toute la largeur du cadre est exploitée en 4K 25p. Pas de limite de durée, quelle que soit la définition choisie. Lors de nos essais en 8K, une alerte de surchauffe est survenue au bout de 30 minutes de tournage.
En mouvement, nous avons constaté l’apparition de rolling shutter (déformations des sujets sur l’image). Le fait que le capteur ne soit pas de type empilé, contrairement à celui de l’A1, peut expliquer ce phénomène. L’autonomie, annoncée par Sony pour environ 440 vues avec le viseur, est bonne sans être exceptionnelle. Par exemple, en 25 minutes de tournage en 8K, la batterie a perdu 30 % de sa capacité. Il sera toujours possible de connecter l’A7R V à un chargeur nomade.
Optiques G Master
Quand on dispose d’un capteur aussi riche en pixels, il faut que les optiques suivent… Le duo de zooms 24-70 mm f/2,8 / 70-200 mm f/2,8 G Master II est à ce titre incontournable. Le niveau de piqué est exceptionnel, la mise au point est ultrarapide et silencieuse. Et que dire du plaisir procuré par leur manipulation, avec de nombreuses touches personnalisables, une bague de diaphragme (crantée ou non, au choix).
Ces deux zooms sont en outre remarquablement compacts et légers, étant donné leur ADN : il s’agit d’optiques professionnelles. Parmi les autres modèles hautement recommandables pour accompagner l’A7R V, citons le zoom 12-24 mm f/2,8 G Master et la focale fixe 50 mm f/1,2 G Master. Les tarifs sont à l’avenant, mais les performances sont bel et bien au rendez-vous.