
Disparu ce 9 juin 2025 à l’âge de 82 ans, Sly Stone, avec son groupe Sly and the Family Stone, est un pionnier du groove. Leader charismatique et créateur révolutionnaire, l’artiste a réussi à fusionner rock, soul et funk à travers une discographie flamboyante. Retour en dix disques majeurs sur son œuvre.
Miles Davis, Prince, Jimi Hendrix… L’influence de Sly Stone sur ses contemporains et sur la musique actuelle est prépondérante. En dix ans, son groupe Sly and the Family Stone a transformé à la fois le rock et la Great Black Music. Une belle aventure de mixité qui se raconte de disque en disque.
Sly Before the Family (1961-1967)
Une affaire de famille : dès sa jeunesse au Texas puis en Californie, Sylvester Stewart, futur Sly Stone, chante à l’église en compagnie de son frère et de ses deux sœurs. Son talent est précoce : le gamin excelle dans le gospel, un genre qu’il embrasse rapidement à un niveau professionnel au début des années 1960. Repéré par un petit label, il s’adonne aussi au doo-wop au sein de The Viscaynes.
Il n’a que 18 ans lorsque sort le premier single de cette formation, dont on peut retrouver certains titres majeurs sur la compilation Sly Before the Family, témoignage de l’évolution des musiques afro-américaines au cours des sixties.
The First Family : Live At The Winchester Cathedral 1967 (1967)
En marge de ses activités d’interprètes, Sly Stone compose des chansons pour le compte du label Autumn, et anime des émissions de radio dans lesquelles il fait montre de ses influences variées. Folk, rock, soul, proto-funk : la Californie du mitan des sixties est un véritable creuset musical.
Avec la trompettiste Cynthia Robinson, l’artiste décide de monter les Stoners, qui comprend également son frère Freddie, sa sœur Rose, un saxophoniste blanc, Jerry Martini, et un batteur latino, Greg Errico. Bientôt rebaptisé Sly and the Family Stone, le groupe se fait connaître sur scène, à l’occasion de shows extravagants, dont témoigne l’enregistrement live The First Family : Live At The Winchester Cathedral 1967.
Dance to the Music (1968)
Avec son beat caractéristique, son caractère psychédélique et ses cuivres en avant, Dance to the Music devient en 1967 le premier tube de Sly and the Family Stone, qui réunit hippies et fans de soul autour d’un même dancefloor. Un an plus tard, l’album Dance to the Music confirme le mélange très réussi entre Great Black Music et pop que Sly Stone et sa bande inventent de chanson en chanson. Guitares saillantes (Are You Ready), orgue démoniaque (Higher) et groove imparable séduisent rapidement le public californien, puis le monde entier.
Life (1968)
S’il n’a pas connu un grand succès commercial, le troisième album studio de Sly and the Family Stone représente une avancée notable pour la formation : Sly Stone y explore des thèmes à consonances politiques et sociétales, qui seront bientôt la marque de fabrique du groupe. Harmony et sa positivité ou Fun, éloge de la fraternité et de la famille, font de Life une étape vers une écriture davantage revendicative.
Stand ! (1969)
Sorti quelques mois avant la prestation de Sly and the Family Stone à Woodstock, Stand ! marque leur entrée au panthéon des groupes majeurs des sixties. Autour d’un message d’unité, de fraternité et de fierté, ce disque – avec des singles comme Stand !, Everyday People ou I Want to Take You Higher – symbolise une époque d’empowerment.
There’s A Riot Goin’ On (1971)
Deux ans après Woodstock, le rêve est terminé et les communautés se radicalisent. Avec un rythme plus syncopé et des ambiances plus sombres, Sly and the Family Stone témoigne d’un changement d’époque sur l’excellent disque There’s A Riot Goin’ On . Avant son enregistrement, Sly Stone a connu sa première panne côté écriture, et intensifié son usage des drogues : en découle un album polymorphe, expérimental, et aujourd’hui indispensable.
Fresh (1973)
Dernier grand disque de l’âge d’or de Sly and the Family Stone, Fresh retrouve un certain optimisme côté thème et arrangements, tout en enfonçant davantage le clou côté funk. Mais les différents départs au sein de la formation font aussi de cet album un chant du cygne : la carrière de Sly Stone entre dès lors dans une sorte de purgatoire.
High On You (1975)
Même s’il intègre quelques anciens membres des Stoners dans son line-up, High On You sort sous le nom de Sly Stone seul. Loin des innovations qui ont marqué sa carrière, le chanteur et compositeur y réussit tout de même à délivrer de nouvelles perles funky, à l’exemple de CrosswordPuzzle et d’un titre comme I Get High On You, qui sonne aujourd’hui comme du Prince avant la lettre.
Everybody is a Star – The Sly Stone Songbook (2025)
Alors que les breaks de batterie des albums de Sly and the Family Stone se sont tous retrouvés, sous forme de samples, dans le rap des eighties et des nineties, les compositions de Sly Stone lui-même ont généré quantité d’excellentes reprises.
Everybody Is A Star – The Sly Stone Songbook réunit 22 d’entre elles, histoire de mesurer l’influence du génie soul-funk sur de nombreux musiciens, tous genres confondus. Le rock avec Jeff Buckley, Magazine ou Iggy Pop et la pop noire avec les Jackson 5, Diana Ross ou Tina Turner se retrouvent donc sur cette compil’ essentielle.
Sly Lives ! – 2025
Présenté au festival de Sundance cette année, le documentaire Sly Lives ! rend hommage au génie visionnaire de Sly Stone, mais aussi à sa vie tortueuse. Pour l’accompagner, la BO officielle Sly Lives ! inclut de nombreux titres phares de l’artiste et de Sly and the Family Stone, en version remasterisée ou avec des mix alternatifs. Une excellente occasion de redécouvrir Hot Fun in the Summertime, A Family Affair ou M’Lady, et de se souvenir d’un artiste majeur.