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Les frères Dardenne en 7 films du plus triste au… moyennement triste

26 mai 2025
Par Thomas Chouanière
Les frères Dardenne en 7 films du plus triste au… moyennement triste
©BORDE-MOREAU

Couronné du prix du scénario au festival de Cannes 2025, « Jeunes mères » (en salle depuis le 23 mai) marque le retour de Luc et Jean-Pierre Dardenne. Les deux cinéastes belges, affichant l’un des plus beaux palmarès cannois, se distinguent par l’ambiance particulièrement sombre de leur filmographie. Petit guide pour se retrouver dans cette œuvre sociale et poignante, avec des films classés par nombre de mouchoirs à prévoir.

Depuis trente ans, Jean-Pierre et Luc Dardenne se sont fait connaître par des mélodrames sociaux, évoquant le meilleur du néoréalisme italien (comme Le Voleur de bicyclette de Vittorio De Sica en 1948) et des films politiques britanniques (dont Ken Loach est l’emblème). Empruntant une grande partie de leur mise en scène à l’esthétique documentaire, les deux frères belges ont longtemps filmé leurs personnages caméra à l’épaule. Des héroïnes et des héros en lutte avec l’injustice et un milieu oppressant. D’un film à l’autre, les frères Dardenne se sont attachés à dépeindre des rédemptions, des descentes aux enfers, des espérances (souvent déçues), en bref des vies d’anonymes à qui le tandem confère une dignité.

Rosetta (1999)

5 mouchoirs

Il y a deux bonnes raisons de s’émouvoir devant Rosetta, première Palme d’or des frères Dardenne. D’abord son synopsis, et ensuite la performance stupéfiante de l’actrice principale du film, Émilie Dequenne (emportée par un cancer en 2025), révélée par ce drame social particulièrement éprouvant pour lequel elle a reçu le Prix d’interprétation féminine.

Un lieu sinistré – le bassin industriel liégeois des années 1990 –, un milieu précaire, un travail comme seule piste de survie : voilà le contexte posé d’emblée par les réalisateurs, qui nous font suivre au plus près la lutte de Rosetta contre l’exclusion, le chômage, le « trou ». Un tel combat ne se fait pas sans quelques larmes : ne pas avoir d’empathie pour le personnage principal incarné par l’extraordinaire Émilie Dequenne équivaut à détester les chatons, les enfants et la vie.

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Tori et Lokita (2022)

5 mouchoirs

La question de l’immigration, et plus spécifiquement le destin des migrants raconté dans leurs films, traverse le cinéma des frères Dardenne. Tori et Lokita raconte le parcours d’un petit garçon et d’une adolescente arrivés en Belgique après une migration clandestine depuis l’Afrique.

En 88 minutes, le tandem de réalisateurs tisse un drame hyper-réaliste. À hauteur d’enfants bien vite confrontés à la précarité et à la tragédie, ce film aux allures de conte social amène, par son dénouement, le contenu de nos glandes lacrymales à migrer vers nos joues.

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La Promesse (1996)

3 mouchoirs pour les pleurs, 1 pour la sueur

Film fondateur de la filmographie des Dardenne, La Promesse a fait découvrir au public les acteurs Olivier Gourmet et Jérémie Renier, qui incarnent aujourd’hui le visage de leur cinéma. Surtout, le troisième long métrage de la fratrie inaugure l’un de leurs thèmes chers : le conflit de loyauté.

Le jeune héros de La Promesse doit lutter entre l’engagement pris auprès d’un « employé » clandestin de son père et les magouilles de ce même paternel, au prix de sa propre conscience. Un enjeu narratif qui amène nécessairement un peu de suspense à une ambiance de déclin industriel : vous reprendrez bien une pincée d’angoisse dans votre soupe à la tristesse ?

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Le Silence de Lorna (2008)

3 mouchoirs 

Hormis le fait d’avoir été tourné en Belgique, qu’un des personnages soit incarné par Jérémie Renier et qu’un autre se nomme Claudy, Le Silence de Lorna n’a rien en commun avec la comédie Dikkenek.

Puisant son récit dans différents faits divers autour de machinations sur le mariage blanc, le long métrage déjoue les codes de certains genres cinématographiques américains, notamment le film noir (Lorna est tout, sauf une femme fatale) et le mélodrame.

Comme toujours, les cinéastes jouent sur nos capacités d’identification pour mieux nous retenir auprès de cette Lorna, figure universelle de jeune femme se rêvant mère, mais prise en otage de son milieu. Un conte moral qui change de ceux de Walt Disney

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L’Enfant (2005)

3 mouchoirs (volés)

Deuxième Palme d’or des Dardenne, L’Enfant nous entraîne à la suite d’un jeune père de famille, vivant d’expédients dans le quart-monde belge. Immature et peu conséquent, le garçon (Jérémie Renier, encore) vend son fils à un trafiquant local. Devant la peine de sa compagne, il cherche par tous les moyens à se racheter, dans une atmosphère où tout est marchandise, fût-ce à vil prix. Sans jamais juger leurs personnages, les deux frangins belges parviennent à dresser le portrait d’un milieu social en l’illuminant d’une lueur d’espoir, si mince soit-elle. 

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La Fille inconnue (2016)

2 mouchoirs et une ordonnance

Dans le cinéma des frères Dardenne, les personnages principaux sont souvent issus de milieux modestes, voire du sous-prolétariat. Ce n’est pas le cas avec La Fille inconnue, ou l’enquête d’une jeune médecin (Adèle Haenel), qui cherche à connaître l’identité d’une femme décédée quelques minutes après avoir sonné à son cabinet. L’investigation l’entraîne au cœur d’un petit monde de prostituées précaires et de proxénètes indignes – chasser le naturel, il revient au galop.

En chemin, la doctoresse croise le parcours de personnages interlopes ou touchants, incarnés par des habitués de la fratrie (Jérémie Renier, Olivier Gourmet, Christelle Cornil…). Et le film de déboucher sur une résolution moins noire que libératrice… pour une fois.

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Deux jours, une nuit (2014)

1 mouchoir

Il n’y a pas d’enjeu « vital » dans Deux jours, une nuit, simplement l’injustice du monde du travail, et la nécessité de recréer des liens de solidarité. Marion Cotillard, dans le rôle d’une ouvrière menacée de licenciement à la suite d’un arrêt maladie, étincelle en femme ordinaire obligée de sauver sa place en faisant du porte-à-porte.

Conflit de loyauté et dilemmes moraux et économiques parsèment ce film estival qui, à l’aune de la filmographie des Dardenne, a presque valeur de film doux-amer.

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Article rédigé par
Thomas Chouanière
Thomas Chouanière
Journaliste
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