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La Palme d’or des grands moments du Festival de Cannes

10 mai 2023
Par Lucie
La Palme d’or des grands moments du Festival de Cannes

La 76e édition du Festival de Cannes se tiendra du 16 au 27 mai avec Ruben Östlund dans le rôle du président du jury. L’occasion de se replonger dans les moments les plus forts, étonnants, émouvants, scandaleux ou historiques d’un festival de cinéma pas comme les autres.

La toute première Palme d’or

Cannes Film Festival: Every Palme d'Or Winner in History – IndieWire

On n’oublie jamais ses premières fois. Tandis que le Festival de Cannes s’apprête à souffler sa 76e bougie, célébrons sa toute première Palme d’or récompensée. Si le Festival est lancé officiellement en 1946 (il aurait dû débuter en 1939 si la guerre n’avait pas joué les trouble-fête), la Palme d’or, elle, n’existe que depuis 1955. Elle a alors été attribuée au film Marty de Delbert Mann, un drame bouleversant qui a tout raflé à son époque (dont quatre Oscars) et qui a été quelque peu oublié depuis. En revanche, la toute première Palme d’or française, récompensant l’année suivante le documentaire Le Monde du silence de Jacques-Yves Cousteau et Louis Malle, a davantage marqué les esprits. Une Palme pour des palmes, quoi de plus logique, finalement ?

La première femme récompensée

jane campion 1993

© Getty Images

La Palme d’or est loin de répondre à la parité hommes-femmes. Il faudra attendre 1993 pour qu’une cinéaste soit enfin plébiscitée. Et encore… Jane Campion ne reçoit la récompense suprême qu’ex aequo pour sa Leçon de piano. Elle doit partager le prix avec Adieu ma concubine de Chen Kaige. Et si l’on pensait que cette Palme allait changer le cours des choses, on fut vite détrompé. Ce n’est qu’en 2021 qu’une autre femme reçoit la Palme d’or, seule sur le podium cette fois. Il s’agit de Julia Ducournau pour Titane. Le vent a-t-il tourné ? Pour ce 76e Festival, ce sont six réalisatrices qui sont en compétition officielle. Une grande première.

La Palme occultée

roberto benigni

© Getty Images

Qui se souvient encore que la Palme d’or 1998 fut attribuée à Theo Angelopoulos pour L’Éternité et un jour ? Personne, ou presque. Car cette dernière fut éclipsée par l’émotion de Roberto Benigni qui avait reçu des mains du président du jury Martin Scorsese, quelques minutes plus tôt, le Grand Prix. Prosternations, larmes, rires, sketch, le trublion Benigni fait le spectacle, obtient la Palme du cœur pour La vie est belle et l’esprit n’est alors plus à la fête au moment de l’annonce de la récompense suprême. Benigni 1 – Angelopoulos 0.

Un prix sous les huées

tarantino cannes 94

© D.R.

Le Festival de Cannes ne serait pas le même si certaines récompenses ne provoquaient pas quelques crispations au sein du public. On se souvient ainsi de Quentin Tarantino, alors enfant terrible d’Hollywood, faisant un doigt d’honneur aux spectateurs en recevant sa Palme d’or pour Pulp Fiction en 1994, car une femme dans l’assistance s’était écriée « Quelle daube, mais quelle daube ! ». Ou surtout de la tirade de Maurice Pialat, récompensé en 1987 pour Sous le soleil de Satan sous de nombreuses huées couvrant les applaudissements. Il dit avec flegme cette phrase restée dans les annales du Festival : « Si vous ne m’aimez pas, je peux vous dire que je ne vous aime pas non plus. »

Un festival de scandales

la grande bouffe

Régulièrement, un film en compétition perturbe le bon déroulement des projections. Le Festival, revendiquant la liberté artistique à tout prix, a ainsi acquis sa popularité internationale notamment grâce à ces scandales qui le renforcent toujours plus. La Grande Bouffe de Marco Ferreri en est l’exemple le plus notable : le film provoque sifflets et nausées et reçoit un tombereau de mauvaises critiques. Même La Dolce Vita de Fellini n’y échappe pas. Jugé scandaleux, il est hué lors de sa projection officielle. Plus près de nous, d’autres films ont eu leur lot d’indignations : la scène de viol et celle du meurtre par extincteur dans Irréversible, les scènes de sexe de La Vie d’Adèle, les images dérangeantes de Crash de Cronenberg ou encore Titane, clinique et radical.

Une palme qui voit triple

la vie d'adele festival

© François Mori

Ce n’est pas une, mais trois Palmes d’or qu’a reçues La Vie d’Adèle d’Abdellatif Kechiche en 2013. Non seulement le réalisateur est récompensé, mais également ses deux actrices principales, indissociables dans la création de ce film controversé. Léa Seydoux et Adèle Exarchopoulos repartent donc palmées du Festival. Une première, mais aussi une dernière. Jamais plus pareil événement ne se reproduira.

Les réalisateurs qui ont fait le doublé

ruben ostlund

© Reuters

Le club des huit. Depuis 1955 et à ce jour, huit réalisateurs ont créé l’exploit d’obtenir deux Palmes d’or au cours de leur carrière. Il s’agit de Francis Ford Coppola (Conversation secrète et Apocalypse Now), Shōhei Imamura (La Ballade de Narayama et L’Anguille), Emir Kusturica (Papa est en voyage d’affaires et Underground), Bille August (Pelle le Conquérant et Les Meilleures Intentions), Luc et Jean-Pierre Dardenne (Rosetta et L’Enfant), Ken Loach (Le vent se lève et Moi, Daniel Blake), Michael Haneke (Le Ruban blanc et Amour) et dernièrement, l’actuel président du jury, Ruben Östlund (The Square et Sans filtre). Certains concourent régulièrement pour recevoir une troisième Palme, sans succès pour le moment.

Le Festival, lanceur de carrière

steven soderbergh

© Getty Images

Le Festival sait parfois prendre des risques en choisissant en compétition officielle des réalisateurs qui ont encore leurs preuves à faire et dont la vie va irrémédiablement changer après cela. Steven Soderbergh reçoit la Palme d’or en 1989 pour son tout premier film, Sexe, Mensonges et Vidéo alors qu’il n’a que 26 ans. Louis Malle n’en avait d’ailleurs que 23 pour Le Monde du silence. Quentin Tarantino voit sa carrière décoller avec la Palme d’or pour son deuxième long, Pulp Fiction. Et Julia Ducournau est entrée dans la cour des grands avec celle de Titane, mettant aux nues son seulement second film.

Un moment suspendu en musique

vanessa paradis cannes

© Getty Images

En 1995, le Palais des Festivals retient son souffle. Alors présidente du jury, Jeanne Moreau reçoit une surprise de taille avec l’apparition de Vanessa Paradis. Pieds nus et en robe blanche, elle entonne accompagnée à la guitare par Jean-Félix Lalanne, le titre Le Tourbillon de la vie, chanson du film Jules et Jim qu’interprétait Moreau. Les deux stars chantent ensemble, yeux dans les yeux et en se tenant la main. Un moment d’anthologie qui s’est achevé dans des larmes de joie. C’est aussi ça, Cannes.

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Article rédigé par
Lucie
Lucie
rédactrice cinéma sur Fnac.com
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