Sélection

Les Palmes d’or inoubliables du Festival de Cannes

20 mai 2025
Par Lucie
Les Palmes d'or inoubliables du Festival de Cannes

Marquante parce que polémique, parce qu’injustement oubliée, parce que surprise ou parce que le film a tout simplement fait l’unanimité. Lorsque le couperet tombe, une Palme d’or ne laisse jamais indifférent. Elle enchante, agace, étonne, frustre. Ça fait partie du jeu et de la magie de la grand-messe du cinéma. Petite (et partiale) sélection des Palmes les plus inoubliables.

L’Épouvantail de Jerry Schatzberg (1973)

C’était en 1973. On ne parlait pas encore de Palme d’or mais de Grand Prix. Cette année-là, c’est Jerry Schatzberg qui raflait la mise avec son magnifique Épouvantail. Qui s’en souvient ? Pas grand monde. Le film réunissait pourtant à l’écran deux icônes du cinéma américain. L’une, déjà confirmée, Gene Hackman. L’autre, émergente, Al Pacino. Deux immenses acteurs dans les rôles de deux anti-héros déjantés, lunaires et solitaires, le long d’un road-movie façon Easy Rider (mais sans les motos), au cœur d’une Amérique décadente. Ce film est d’ailleurs l’un des plus grands « films de route » de l’histoire du cinéma, magnifié par la photographie de Schatzberg.

Sous le soleil de Satan de Maurice Pialat (1987)

Il y aurait bien les larmes de Monica Vitti et les tomates jetées à la face de Michelangelo Antonioni pour son Avventura en 1960 ou encore La Grande Bouffe de Marco Ferreri, jugé indigeste par certains en 1983 mais on préfèrera retenir le point levé et rageur de Maurice Pialat trois ans plus tôt, l’un des lauréats les plus controversés du festival de Cannes pour son film Sous le soleil de Satan. Une palme d’or remise à l’époque à l’unanimité.

On garde évidemment en mémoire ces quelques mots bien sentis à l’adresse de ses « opposants » : « Je ne vais pas faillir à ma réputation. Je suis surtout content ce soir pour tous les cris et les sifflets que vous m’adressez… Et si vous ne m’aimez pas, je peux vous dire que je ne vous aime pas non plus. »

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Sexe, mensonges et vidéo de Steven Soderbergh (1989)

En 1989, un petit prodige nommé Steven Soderbergh tourne Sexe, mensonges et vidéo, son premier long-métrage dans les conditions du cinéma indépendant américain : écriture rapide (en 8 jours), budget minime (1.2M$), tournage rapide (1 semaine de répétition, 1 mois de filmage), casting de jeunes premiers peu connus et montage assuré par le réalisateur lui-même.

L’intelligence du script, de la mise en scène et le brio des acteurs conquièrent le jury, faisant de Soderbergh le plus jeune cinéaste primé de Cannes (26 ans !). Au-delà du record, Soderbergh remet sous le feu des projecteurs l’esthétique indé américaine telle qu’elle s’est développée à la fin des années 80. L’utilisation ingénieuse de la vidéo, la maturité des thèmes abordés, ont fait date. Après 1989, Cannes n’a plus jamais été la même.

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Basic Instinct de Paul Verhoeven (1992)

Enfin, que dire du croisement de jambes incandescent de Sharon Stone dans Basic Instinct de Paul Verhoeven, pudiquement écarté de la première marche au profit des Meilleures Intentions de Bille August. On pourrait continuer ainsi la liste tant le Festival de Cannes rassemble chaque année, entre les murs de son Palais, la crème de la crème du cinéma international. Alors forcément quand le jury tranche, on a parfois le cœur qui saigne… C’est l’jeu ma pauv’ Lucette !

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Pulp Fiction de Quentin Tarantino (1994)

En 1994, le jury présidé par Clint Eastwood prend tout le monde à revers en décernant la récompense suprême à Quentin Tarantino pour Pulp Fiction.

Tournant le dos au genre de films que Cannes a l’habitude de récompenser, la 47 e édition couronne un film très violent, bourré de pop culture et jetant aux orties le naturalisme de rigueur pour une fantaisie colorée. Cette année-là, le public applaudit et siffle le réalisateur récompensé, qui le leur renverra bien en lançant un doigt d’honneur.

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Oncle Boonmee, celui qui se souvient de ses vies antérieures d’Apichatpong Weerasethakul (2010)

Quelle surprise ! Sans doute aussi la palme la moins lucrative de l’histoire du Festival de Cannes : Oncle Boonmee, celui qui se souvient de ses vies antérieures du Thaïlandais Apichatpong Weerasethakul, alias Joe pour les intimes. Le long-métrage remportait le trophée en 2010 à la surprise générale.

Pour le cinéma thaïlandais, cette Palme était une première et l’occasion de découvrir l’univers d’un des cinéastes les plus talentueux de son temps. Un univers onirique, peuplé de fantômes, où les frontières entre la vie et la mort se chevauchent et cohabitent. Un film exigeant, certes, mais incroyablement poétique et fascinant si tant est que l’on accepte de mettre de côté un instant nos conceptions occidentales.

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La Vie d’Adèle d’Abdellatif Kechiche (2013)

Qui ne se souvient pas de la remise exceptionnelle de la triple Palme d’or attribuée à Abdellatif Kechiche et les deux actrices principales de La Vie d’Adèle ? Une première dans toute l’histoire du festival de Cannes où des interprètes recevaient la prestigieuse récompense aux côtés du réalisateur.

Ce long-métrage puissant autour de l’éclosion du sentiment amoureux faisait déjà beaucoup de bruit. Avec ce triplé, La Vie d’Adèle est encore plus inoubliable. 

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Titane de Julia Ducournau (2021)

Palme d’or 2021 particulièrement commentée, Titane fait certes l’histoire comme rare représentant du cinéma de genre, et comme première palme d’or décernée à une réalisatrice sans égalité (Jane Campion avait partagé la Palme d’or avec Chen Kaige en 1993).

Si les ombres du Crash de Cronenberg planent sur TitaneJulia Ducournau tire de cette histoire mécanophile un épatant spectacle autour du genre et de son obsession première : le corps, ses mutations, ses torsions, sa chair organique, autour d’un émouvant lien parental de substitution. Riche en scènes mémorables et sanglantes, la maîtrise visuelle de la cinéaste éclate à chaque plan.

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Sans filtre de Ruben Östlund (2022)

En 2022, la palme revient à Sans Filtre, en anglais Triangle of Sadness. Un mannequin et sa petite amie influenceuse sont invités sur un yacht avec uniquement des passagers faisant partie du 1%. Après un naufrage, ils devront apprendre à survivre sur une île.

Ce contexte est habilement exploité pour mettre en lumière les conflits de classe sociale afin d’offrir un commentaire sur le marxisme et le capitalisme avec beaucoup d’humour. Ruben Östlund se définit comme socialiste et on le voit bien dans ce film. Sans tomber dans la facilité de caricaturer ses personnages, il permet de comprendre les mécanismes de pouvoir et offre un regard satirique sur le capitalisme et ses dérives. Ce film brillant est loin d’avoir laissé le jury indifférent. 

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Anatomie d’une chute de Justine Triet (2023)

Après ses premiers succès que sont Victoria et Sibyl, ainsi que quatre participations au Festival de Cannes, la réalisatrice Justine Triet triomphe enfin lors de la 76e cérémonie du festival, remportant la Palme d’Or avec son film Anatomie d’une chute. Film de procès articulé comme un thriller hitchcockien, nous y suivons Sandra (l’incroyable Sandra Hüller), une mère soupçonnée d’avoir tué son mari. Un an plus tard, son fils Daniel assiste au procès au cours duquel le couple formé par ses parents se verra disséqué de long en large.

Au-delà de la précision et de la justesse de ce long-métrage couronné d’une Palme, c’est également le discours de la réalisatrice qui fera l’effet d’une bombe. Justine Triet a en effet profité de la tribune qui lui était accordée pour adresser au gouvernement un discours au vitriol. Majoritairement axés sur le manque d’écoute de l’exécutif face aux protestations à l’encontre de la réforme des retraites, les propos engagés de la cinéaste ont déclenché une véritable tempête médiatique. Prouvant une nouvelle fois que le cinéma demeure éminemment politique.

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Anora de Sean Baker (2024)

À l’occasion de la 77e édition du Festival de Cannes, c’est le mouvement #MeToo qui agite la Croisette. Sept ans après l’affaire Weinstein, le monde du cinéma poursuit son autocritique, comme l’a si bien montré Judith Godrèche avec la présentation de son court-métrage Moi aussi.

La Palme d’Or reviendra au film Anora de Sean Baker, conte de fée décalé revisitant le mythe de Cendrillon à travers le rêve brisé d’une jeune strip-teaseuse. Le réalisateur américain dédiera sa récompense « à toutes les travailleuses du sexe passées, présentes et à venir dans le monde« .

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Article rédigé par
Lucie
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rédactrice cinéma sur Fnac.com
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