
Entre le studio et la scène, bien des artistes affichent des visages différents. Comment retrouver la ferveur et le son si particulier des concerts ? Voici dix albums live incontournables, entre pop, rock, rap, R’nB et electro.
Les enregistrements live ont longtemps été moins prisés des mélomanes que les albums studio, principalement en raison de la qualité sonore souvent inférieure des captations en public. Au cours des années 1940-1950, l’évolution du matériel électrique a cependant permis aux ingénieurs d’améliorer cet aspect, en même temps que se développaient les instruments amplifiés, notamment la guitare et la basse. Ainsi, c’est avec James Brown et ses « Live at the Apollo », au début des années 1960, que les albums live ont connu un essor sans précédent, et sont devenus un format incontournable.
Nous vous proposons une sélection de 10 albums live indispensables, tous genres confondus.
The Who – Live At Leeds
Longtemps, les disques live de rock ont eu mauvaise réputation. La faute aux cris qui parasitaient les concerts des Beatles ou les Rolling Stones. Pourtant, les formations les plus en vue des sixties ne trouvaient leur pleine expression qu’en live : les Who en sont l’un des cas les plus emblématiques.
Dans la foulée de l’opéra-rock Tommy, la bande de Pete Townshend a musclé son répertoire sur scène, retranscrivant toute l’énergie de cette musique. D’où la réputation inégalée du Live at Leeds, brûlot qui voit les Who fracasser des hits comme My Generation et les transformer en jams sauvages.
AC/DC – If You Want Blood You’ve Got It
Encore de nos jours, AC/DC est l’une des formations qui tire le mieux parti du grand spectacle rendu possible par les lives. Les Australiens, avec leur premier chanteur Bon Scott, ont gravé dès les années 1970 un témoignage de leur vivacité électrique, avec l’excellent If You Want Blood You’ve Got It.
Dix titres, dont quelques blues saignants (The Jack) et futurs hymnes de stade (Whole Lotta Rosie, Let There Be Rock), une osmose parfaite entre Angus Young à la guitare et sa fine équipe… Le hard rock live n’a guère connu meilleure retranscription.
NTM – Live à l’Accor Hotel Arena 2019
Baptisée « La Der », la tournée homérique de NTM en 2018-2019 a permis à différentes générations d’approcher les deux légendes du rap français, Joey Starr et Kool Shen. Live à l’Accorhotel Arena 2019 nous offre tubes engagés toujours d’actualité (Qu’est-ce qu’on attend ?, Pose ton gun) et moments de communion intenses (Ma Benz, Aiguisé comme une lame avec Raggasonic) : le dernier témoignage d’une formation qui a beaucoup fait pour la notoriété du rap en live par ici.
Led Zeppelin – How the West Was Won
En marge des sorties officielles, tout un marché des « bootlegs » – ces enregistrements pirates captés par des amateurs et des labels clandestins – a fait florès dans le monde du rock. Led Zeppelin, groupe taillé pour la scène, a fait l’objet de centaines de bootlegs, tout comme Pink Floyd ou les Stones.
En 2003, Jimmy Page a supervisé la sortie d’un excellent live officiel, How the West Was Won, témoignage de la tournée américaine de 1972 du groupe. Un disque légendaire dans lequel les quatre Anglais multiplient les morceaux de bravoure, au chant (Black Dog), à la guitare (Dazed and Confused), à la basse (Heartbraker) et à la batterie (Moby Dick), histoire de graver pour l’éternité leur âge d’or.
Nirvana – MTV Unplugged in New York
Quelques mois avant le tragique décès de son chanteur Kurt Cobain, Nirvana enregistrait l’émission MTV Unplugged in New York, un disque acoustique où le trio de Seattle délaissait les distorsions grunge pour une approche beaucoup plus folk. Le résultat a démontré tout l’art du songwriting de Cobain : des titres aussi rock que Polly, Pennyroyal Tea ou Come as You Are ont autant d’impact mélodique sans leurs atours électriques. Et la voix écorchée de Kurt n’a jamais été aussi poignante. Cultissime.
Beyoncé – Homecoming The Live Album
Le passage mythique de Beyoncé au festival Coachella, en Californie, a fait l’objet d’un documentaire-concert, baptisé Homecoming. Pour l’accompagner, un copieux disque live permettant d’apprécier la performance majeure de la chanteuse qui, avec sa sœur Solange Knowles, ses collègues des Destiny’s Child ou encore son mari Jay-Z, revisite l’ensemble de son impressionnant répertoire grâce à des arrangements explosifs. L’aboutissement en concert de toute une carrière royale.
Daft Punk – Alive 2007
Ultime tournée du duo casqué, la série de concerts de Daft Punk en 2007 est restée dans les annales, notamment leur performance au Palais omnisports de Paris-Bercy. Pratiquant un mash-up de l’ensemble de leur répertoire, Thomas Bangalter et Guy Manuel de Homen-Christo ont fait entrer, par le disque Alive 2007, le live electro dans toutes les playlists, des initiés aux profanes. Dément.
Jacques Brel – Les Adieux à l’Olympia 1966
Cherchant à éviter un trac monumental qui le saisissait à chaque concert, Jacques Brel a souhaité tôt abandonner la scène, en 1966, pour changer de vie. Certains chanceux ont pu assister aux mythiques adieux du grand Jacques, capté en vidéo et en audio sur Les Adieux à l’Olympia 1966 : celui qui avait créé l’une de ses meilleures chansons uniquement pour la scène (Amsterdam) y interprète ses chefs-d’œuvre en se donnant à 100 % à son public. Incandescent.
Mylène Farmer – Live à Bercy
Au sortir d’une mise au vert en Californie, Mylène Farmer fait son grand retour en 1995 avec l’album Anamorphosée, suivi d’une tournée, la première à faire la part belle à un show scénique gigantesque. Entourée de la crème des musiciens de studio de l’époque (dont le batteur Abraham Laboriel Junior, futur accompagnateur de Paul McCartney, entre autres), elle se livre comme jamais : le disque Live à Bercy, à ce jour l’un des disques en concert les plus vendus en France, enquille les moments de communion avec un public transi.
Jazz At Massey Hall
Le plus grand line-up du jazz de l’Histoire (Dizzy Gillespie, Charlie Parker, Bud Powell, Charlie Mingus, Max Roach) ne s’est réuni qu’une fois, un soir de mai 1953, à Toronto : « The Quintet » y a donné un légendaire show que l’on connaît sous le nom Jazz At Massey Hall. Acmé du be-bop, sommet de la carrière de Gillespie et Parker, le disque révèle aussi les trois talents de la section rythmique. Tous deviendront leaders par la suite !
À lire aussi