Sélection

Le meilleur du polar en poche

18 mars 2025
Par Sébastien Thomas-Calleja
Le meilleur du polar en poche

Alors que le mois du polar bat son plein, il est temps de revenir sur quelques romans policiers essentiels dont le choix est subjectif mais qui sont selon moi indispensables. Une sélection de coups de cœur en poche avec des nouveautés, des titres confidentiels et des classiques à ne pas manquer.

Passage de l’Avenir, 1934 – Alexandre Courban (Folio Policier)

S’il n’y avait l’actualité oppressante du moment, on pourrait y voir un bon roman historique mais c’est beaucoup plus que ça.
En février 1934, le corps d’une jeune femme est repêché dans la Seine non loin d’une usine sucrière parisienne. Gabriel Funel, journaliste à L’Humanité et bon connaisseur du milieu ouvrier s’empare de ce fait divers. Avec le commissaire Bornec, il va mener l’enquête sur cette mort suspecte que les autorités semblent vouloir passer sous silence. Leurs recherches les mèneront à travers un réseau interminable de trafics et de corruptions en tous genres, alors que le pays se déchire violemment entre les ligues d’extrême-droite et les défenseurs de la démocratie.
C’est un livre sur l’exploitation du travail par les forces de l’argent et sur le fascisme rampant. Alexandre Courban écrit un roman aux résonances très actuelles. Passage de l’Avenir, 1934 est le premier d’une série policière sur le Front populaire, un sujet rarement traité en littérature, dont le deuxième tome intitulé Rue de l’Espérance, 1935 vient de sortir en grand format et figure déjà dans les meilleures ventes polar.

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Le Carré des indigents – Hugues Pagan (Rivages Noir)

Betty n’est jamais rentrée chez elle alors qu’elle revenait de la bibliothèque sur son Solex. Très vite Claude Schneider, inspecteur principal qui vient de prendre son poste dans une ville moyenne de l’Est de la France a l’intuition que la jeune fille est morte. Son corps sera effectivement retrouvé peu de temps après, atrocement mutilé.
Cette intrigue classique n’est pourtant pas l’intérêt principal de ce roman. C’est la plume d’Hugues Pagan qui marque le plus la lecture : un mélange de réalisme et de mélancolie dans un style remarquable qui donne toute leur humanité à ses personnages.
Son héros récurrent est un inspecteur désabusé qui promène ses fantômes avec lui. Le Carré des indigents est en fait une chronique de la France des années 1970, peu avant la mort de Pompidou et l’accession de Giscard d’Estaing au pouvoir. Un nouveau roman le mettant en scène vient de paraître, L’Ombre portée.

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Le Cimetière de la mer – Aslak Nore (10/18)

Le suicide de la matriarche d’une riche famille norvégienne va déclencher une guerre intestine entre les deux branches des Falck et risque de mettre à jour des secrets bien gardés. Les héritiers seront sans pitié d’autant plus que le testament est introuvable. La seule solution semble de retrouver le manuscrit écrit par la mère de famille qui pourrait tout élucider mais aussi révéler un tabou familial : une catastrophe maritime durant la deuxième guerre mondiale dans laquelle son mari et des centaines de personnes ont perdu la vie.
Par sa plume vive et sans répit, Aslak Nore imprime un rythme irrésistible à son roman et se fait nouveau maître du polar scandinave grâce à un suspense labyrinthique.
Le cimetière de la mer est une fresque sociale, une saga familiale et un drame sur le pouvoir et l’héritage inspiré à la fois des grands récits du XIXe siècle et des séries télévisées d’aujourd’hui. Remarquable ! Vous pouvez retrouver son style décapant dans son nouveau roman Piège à loup.

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Une Saison pour les ombres – R.J. Ellory (Le Livre de poche)

Avec R.J. Ellory on s’enfonce dans la nuit glaciale de l’hiver nord-canadien où le soleil ne se lève plus pendant huit mois. Au début des années 1970, plusieurs corps de jeunes filles sont retrouvés déchiquetés. La violence des blessures est telle que l’on pense avoir à faire à une bête sauvage, voire même pour certains à une créature maléfique. La région est particulièrement hostile autour de Jasperville qui n’existe que pour l’exploitation minière.
Des années plus tard, Jack Devereaux revient dans ce lieu qui l’a vu naître et se rend vite compte que les habitants acceptent les mensonges du passé par peur d’affronter une vérité bien trop dérangeante. Une saison pour les ombres est un thriller addictif dans lequel l’auteur ravive les fantômes et nos peurs enfouies. Il est actuellement un des maîtres du noir internationalement reconnu que vous pourrez retrouver dans son nouveau roman Everglades.

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Tous complices ! – Benoit Marchisio (Rivages)

Vous adorez aussi vous faire livrer vos repas chez vous ? Alors montons sur le vélo d’Abel lancé à pleine vitesse sur la voie publique et les chemins tortueux de l’économie précarisée.
Livreur de repas, il découvre des quartiers qui lui étaient jusque-là inconnus. L’Appli, cette plateforme de mise en relation avec des restaurants, l’envoie dans des immeubles qui le fascinent. Arrimé à son smartphone, il quadrille la ville toujours plus vite et plus longtemps. Lorsqu’une mise à jour du logiciel n’est pas supportée par son téléphone, Abel est désemparé. Au bord du gouffre, il commet l’irréparable pour continuer à travailler. Un geste qui le précipite dans une spirale de violence. L’uberisation est en roue libre et elle va le faire dérailler. Tous complices ! est un sprint politique haletant écrit d’une plume véloce et engagée ! Ce roman de Benoit Marchisio vient d’être adapté en série TV sous le titre Enjoy.

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Né sous les coups – Martyn Waites (Rivages Noir)

Vingt ans après les grandes grèves de 1984, Coldwell, ancienne cité minière du Nord de l’Angleterre, est une ville sinistrée, touchée de plein fouet par le chômage et ses conséquences. Les mineurs auront lutté jusqu’au bout, mais il était difficile de l’emporter face à un pouvoir déterminé à ne rien lâcher. Margaret Thatcher y gagnera son surnom de « dame de fer » n’hésitant pas à manipuler l’opinion ou à recourir à la répression policière. Un conflit social d’une violence extrême qui marque encore la mémoire du pays aujourd’hui.
Ce que j’ai trouvé d’exceptionnel dans le roman de Martyn Waites est qu’il reconstitue parfaitement cette période trouble et ses contrecoups sur le long terme en alternant les époques avec en fond sonore une pop anglaise qui agit aussi bien sur les moments de desespoir que les joies exaltantes.
Un excellent roman noir doté d’une intrigue palpitante sur des criminels qui profitent de la misère, Né sous les coups est une lecture qui ne vous laissera pas indemne.

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Revolver – Duane Swierczynski (Rivages Noir)

Ça commence par un revolver, celui qui tue en 1965 deux policiers en service à Philadelphie, ville alors secouée par des émeutes raciales. Le coup de feu aura des répercussions sur trois générations. C’est en effet la petite-fille d’un des deux agents abattus qui fera enfin la lumière sur cette terrible affaire. La déflagration du tir ne laissera personne indemne tandis qu’on observe la ville se transformer.
L’écrivain et scénariste de comics Duane Swierczynski démontre toute l’étendue de son talent dans ce polar brillament construit. Revolver est une radiographie urbaine et sociale de Philadelphie avec un suspense qui sait vous tenir en haleine. Une réussite à prolonger avec L’Ours de Californie, son nouveau roman noir qui vient de paraître.

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Le silence – Dennis Lehane (Gallmeister Totem)

En 1974, la ville de Boston décide d’imposer un programme de déségrégation dans le but de réduire les inégalités. Cette bonne intention appliquée de façon autoritaire entraîne des tensions raciales. Un jeune homme noir est retrouvé mort, tandis qu’une jeune femme du quartier irlandais disparaît. Ces deux événements a priori indépendants vont se rejoindre à travers le combat d’une mère pour retrouver sa fille.
Le talent de Dennis Lehane dans ce roman est d’épouser à la fois le camp des opprimés et des oppresseurs. Racistes ou antiracistes sont victimes d’un pouvoir aveugle et sourd. Ce grand écrivain du roman noir américain démontre une fois de plus l’étendue de son art du dialogue et de son sens de la narration. Connu pour des thrillers célèbres comme Shutter island ou Gone baby gone, il est aussi un observateur hors pair de l’histoire des Etats-Unis comme dans Un Pays à l’aube.
Le Silence est certainement un de ces meilleurs opus. L’épopée d’une société qui n’en fini jamais de ses démons. Un roman exceptionnel que l’on n’oublie pas aisément.

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Sans espoir de retour – David Goodis (Folio policier)

Une descente aux enfers, ou plutôt à L’Enfer, surnom de ce quartier misérable et mal famé de New-York dans lequel on retrouve toute la misère humaine. Servi par une mise en scène théâtrale, on suit le cheminement de Whitey dans les entrailles de la violence et de la pauvreté : émeutes raciales, guerre des gangs, flics pourris, mafia. Des personnages hauts-en-couleur qui ont pour dénominateur commun l’alcool, plus ou moins raffiné selon le niveau social, mais qui les écrase tous.
David Goodis est des maîtres du roman noir américain, aujourd’hui un peu oublié. Adepte des ratés et des laissés-pour-compte, il nous entraîne dans sa prose existentielle et incisive. Il fait partie des auteurs classiques de romans policiers à connaître.
Sans espoir de retour se passe au coeur de l’Enfer : tout un programme ! A ne pas manquer car c’est un très grand roman.

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J’étais Dora Suarez – Robin Cook (Rivages Noir)

On s’enfonce encore plus profondément dans les racines du noir avec ce roman de Robin Cook. A Londres, trois personnes sont retrouvées sauvagement assassinées à leur domicile en moins de trois heures, dans un rayon de deux kilomètres. Une véritable boucherie qui entraîne l’officier chargé de l’enquête dans une descente aux enfers.
La crudité des scènes de meurtres, l’art du détail, la lente progression de la narration, font de ce roman sur l’impuissance d’aimer un chef-d’oeuvre.
J’étais Dora Suarez est un livre choc, d’une noirceur sans fond aussi repoussante que fascinante.

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Article rédigé par
Sébastien Thomas-Calleja
Sébastien Thomas-Calleja
Libraire à Fnac Bercy
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