Il y a vingt ans, Youtube faisait son apparition sur nos écrans, la diffusion des programmes télévisés connaissait une révolution avec l’arrivée de la TNT et grâce à Brice de Nice, les « Salut, ça farte ? » fusaient de toute part. Outre ces quelques souvenirs anecdotiques, cette année a vu la publication de nombreux ouvrages captivants qui ont marqué les esprits. Plongez dans notre sélection des meilleurs livres de 2005.
Les prix littéraires en 2005
Le lauréat du Prix Goncourt 2005, Trois jours chez ma mère de François Weyergans nous immerge dans la vie de François Weyergraf ! Ce narrateur, marié à Delphine et père de deux grandes filles se rend chez sa mère hospitalisée après une chute. Il va pendant des jours habiter la maison de cette dernière sans avoir le courage d’aller lui rendre visite. Il faut savoir que ce roman avait été annoncé dès 2003 mais qu’il a fallu attendre deux ans avant qu’il ne soit enfin publié chez Grasset, tant l’auteur ne parvenait pas à finir d’écrire son texte.
Le Prix du roman Fnac 2005 avait été attribué à Pierre Péju pour Le Rire de l’ogre, un roman sensible et touchant. On y suit les destins mêlés de Paul et de Clara, dans l’Allemagne des années 60, puis plus tard en France. Tous deux portent les fêlures et les blessures de la Seconde Guerre Mondiale, lui fils de Résistant assassiné, elle fille d’un médecin de la Wehrmacht. Un roman intemporel à redécouvrir.
Reconnue dès 1984 avec son premier roman Le Livre des Nuits, Sylvie Germain obtient en 2005 le Prix Goncourt des Lycéens avec Magnus. Et justement, Magnus, c’est le nom de l’ours de Franz-Georg, un garçon âgé d’une dizaine d’année à la fin de la Seconde Guerre Mondiale. L’enfant n’a plus aucun souvenir de sa prime enfance, seul cet ours est témoin des cinq premières années de sa vie. Ce roman de la reconstruction du passé, tant historique que familial, est toujours aussi bouleversant grâce à la plume virtuose et enchanteresse d’une romancière admirable.
Alors qu’il était largement pressenti pour le Prix Goncourt, Michel Houellebecq reçoit le Prix Interallié 2005 pour La Possibilité d’une île. Cette véritable dystopie, satire mordante sur le thème du clonage humain, interroge sur le rapport à la science et à la croyance. Le romancier a adapté son roman au cinéma dès 2008 et Benoît Magimel y tient le premier rôle.
Asiles de fous par Régis Jauffret est couronné du Prix Femina 2005. Pour son premier roman publié dans « La blanche » chez Gallimard, l’auteur brosse le portrait d’un jeune couple en pleine rupture. Mis à part que le jeune homme falot n’a pas le courage de l’annoncer à sa compagne et qu’il délègue cette sale mission à son père. Un roman à quatre personnages qui prennent la parole sans filtre et se libèrent des codes sociaux de la petite bourgeoisie… Si bien que l’on frôle la folie !
Le prix Renaudot 2005 a été décerné à Nina Bouraoui et ses révoltes partagées dans Mes mauvaises pensées. Un texte en un seul paragraphe, tel une parole sans entrave, proche d’une séance chez la thérapeute que la romancière a consulté pendant trois ans. Et pour autant, il ne s’agit pas du récit d’une thérapie mais celui d’instants de vie, du flottement des pensées entre deux continents ou d’interrogations sur la nature du métier d’écrivain. Une réelle expérience pour le lecteur !
Le second tome du cycle Marie Madeleine Marguerite de Montalte, Fuir, a reçu le Prix Médicis 2005. Jean-Philippe Toussaint transporte son narrateur en Chine, où il se sent totalement perdu. Cette plongée dans la Chine contemporaine, bien loin des images habituelles connaitra un rebondissement jusque sur l’île d’Elbe…
Écrivain de la nostalgie, auteur engagé, poète accompli, il est toujours compliqué de ne pas tarir d’éloges lorsque l’on veut partager sa passion pour un auteur. C’est en 2005 qu’Orhan Pamuk obtient le Prix Médicis Étranger, juste un an avant le convoité Prix Nobel de Littérature. Neige, c’est le retour au pays de Ka, un jeune poète turc exilé en Allemagne. Envoyé dans une lointaine contrée en Anatolie pour le compte d’un journal stambouliote, il va enquêter sur des cas de suicide de jeunes femmes portant le voile. Mais ce n’est que le début…
Les livres les plus remarqués en 2005
Record des ventes de l’année, tant en version originale que pour la traduction française, Harry Potter le Prince de sang-mêlé a battu bien des records commerciaux en 2005. Le petit sorcier à lunettes créé par J.K Rowling a bien grandi depuis son entrée à Poudlard en 1997 et dans cet avant dernier opus de la saga Harry Potter, on en apprend un peu plus sur Vol… (celui dont il ne faut pas dire le nom) mais qui était autrefois connu sous le patronyme de Tom Jedusor. Il faudra alors attendre deux ans pour connaître le dénouement de toute l’histoire.
Autre pourvoyeur de meilleures ventes livres, Dan Brown : un an après le Da Vinci Code, Anges et démons venait truster les plus hautes marches sur les podiums. Cette fois, direction Rome et le Vatican pour Robert Langdon avec une nouvelle enquête autour des Illuminati. Toujours aussi efficace pour les amateurs de polar ésotérique !
Il ne faut bien sûr pas oublier le Marc Levy cru 2005 dans le classement des best-sellers. Vous revoir est la suite attendue de Et si c’était vrai, son premier roman paru en 2000. On retrouve Arthur l’architecte et Lauren la doctoresse, quatre ans après leur première rencontre, une seconde chance leur est offerte. Page-turner addictif garanti !
Et forcément, dans la foulée, on ne peut que se souvenir de Sauve-moi de Guillaume Musso ! Là aussi, l’histoire d’un amour impossible… Un soir à Broadway, Juliette croise la route de Sam, un pédiatre new-yorkais. Par peur de s’attacher l’un à l’autre, tous deux se cachent mutuellement leurs situations respectives. Peu après, Juliette doit repartir en France mais l’avion dans lequel elle a pris place explose en plein vol… Et pourtant, cet événement ne marque pas le point final de cette love story !
Une année littéraire sans Amélie Nothomb, on n’a pas vu ça depuis Hygiène de l’assassin paru en 1992 ! En 2005, elle nous a plongé dans son bain d’Acide sulfurique, un roman que l’on pourrait qualifier d’avant-gardiste tant il nous interrogeait déjà sur les dérives et les excès des émissions de téléréalité. Vingt ans après, cette satire n’a pas pris une ride : à (re)lire absolument !
Paru en toute fin d’année, Fascination, le premier tome de la série Twilight de Stephenie Meyer était destiné aux grands adolescents. Mais le phénomène a bien vite dépassé cette tranche d’âge, contribuant ainsi au renouveau de la bit-lit, la littérature de vampires aux dents longues. Effet de mode relayé sur les petits écrans avec des séries comme Buffy contre les vampires ou encore True Blood, l’adaptation cinématographique de ce tome 1 sortira en 2008. Ce genre littéraire connait un essoufflement au fil des années mais revient en force via la romantasy ces derniers temps.
Enfin, de manière toute subjective, il est bien un livre qui a marqué mon année de lecture 2005 et qui me reste durablement en mémoire. Il s’agit de Lutetia de l’écrivain et journaliste Pierre Assouline. Dans ce roman, il retrace la vie du grand palace parisien entre 1938 et 1945, de l’Occupation allemande au lieu de retour des déportés après la guerre, à travers l’histoire d’Édouard Kiefer, ancien flic des RG devenu détective de l’hôtel. Un texte dont on ne sort pas indemne.
Les bandes dessinées les plus lues en 2005
Le 33e album des aventures d’Astérix parait le 14 octobre 2005, scénarisé et dessiné par Albert Uderzo. Dans Le Ciel lui tombe sur la tête, nos chers Gaulois ne résistent plus aux Romains mais ils sont confrontés aux Tadsylwien, des extraterrestres dont le principal représentant est Toune, une pâle parodie de Mickey. Largement éreinté par la critique, ce nouvel opus a tout de même rencontré son lectorat. Après L’anniversaire d’Astérix et Obélix paru en 2009, Uderzo passera la main à Jean-Yves Ferri et Didier Conrad. Depuis 2023, Fabcaro est passé aux commandes côté scénario. Attention, tenez-vous prêts : le prochain tome arrive en librairie fin 2025 ! On a hâte…
Il y a vingt ans, Jean Van Hamme, le créateur de Thorgal et des Maîtres de l’orge, menait de front deux autres grandes séries qui ont largement marqué l’histoire de la bande-dessinée : XIII et Largo Winch. L’or de Maximilien conduisait XIII et ses amis au Mexique sur des dessins de William Vance, tandis dans La Loi du Dollar, Largo était victime d’une nouvelle injustice. Des incontournables qui demeurent toujours dans nos meilleures ventes bandes-dessinées.
Au festival d’Angoulême, le prix du meilleur album 2005 a été attribué à Marjane Satrapi pour Poulet au prunes, publié en 2004. Un an après la parution du dernier tome de Persepolis, ce récit tragi-comique décrit le désespoir de Nasser Ali Khan, un homme privé de sa musique car sa femme a cassé son târ. Une très belle adaptation cinématographique avec Mathieu Amalric dans le rôle principal a été co-réalisée par la dessinatrice et Vincent Paronnaud.
Enfin, Tardi, celui qui a permis de sortir Nestor Burma de l’oubli, s’est penché sur l’œuvre majeure de Jean-Patrick Manchette, Le petit bleu de la côte ouest. Retour dans les années 70, un cadre se voit piégé dans l’engrenage d’évènements violents qui le dépassent. C’est noir, c’est désespéré mais c’est tellement beau qu’on ne s’en lasse pas !
2005 – 2025, vingt ans se sont écoulés mais il n’en demeure pas moins que ces quelques titres nous sont restés en mémoire et que tout l’intérêt de cette sélection est de partager ces lectures qui restent toutes atemporelles. À vous maintenant de (re)découvrir ces beaux textes !
