À l’époque glorieuse du heavy metal, les musiciens européens – notamment allemands – et américains ont enfoncé le clou. Encore plus de lyrisme, encore plus de riffs, encore plus de solos : le power metal était né. Quarante ans plus tard, petit bilan de ce sous-genre toujours très apprécié des fans de metal technique et fantastique.
Armored Saint – March of the Saint (1984)
Au commencement, le terme « power metal » a désigné une vague de groupes américains ayant compris l’apport des formations anglaises dans la radicalité sonore. Émules d’Iron Maiden et de Judas Priest, en encore plus fort, plus rapide et/ou plus virtuose, les Manowar et autres Armored Saint ont conquis un large public. Ces derniers, avec March of the Saint, délivrent une musique issue de différentes influences, très heavy, un brin speed, encore pas tout à fait thrash, à découvrir pour une bonne séance d’électrification !
Helloween – Keeper on the Seven Keys Volume 1 (1987)
Cap sur la riante cité d’Hanovre pour découvrir les origines du « power metal » au sens contemporain du terme, à savoir un genre issu du heavy metal multipliant les références aux mondes magiques (type fantasy ou fantastique), incorporant des mélodies opératiques et faisant parler la virtuosité guitaristique de leurs gratteux. Helloween, avec l’enregistrement du mystico-violent Keeper of the Seven Keys, inventa donc un tout nouveau courant. Depuis lors, l’Allemagne et la Scandinavie, plus que les États-Unis et l’Angleterre, ont engendré quantité d’émules et d’épigones de la bande à Michael Kiske.
Running Wild – Death or Glory (1989)
En plus d’Helloween, le power metal allemand intègre à son big four les groupes Grave Digger, Rage et Running Wild. Ces derniers, en prolongeant la manière d’Iron Maiden puis en y instillant une dose de lyrisme supplémentaire ont vraiment explosé avec Death or Glory, l’un des symboles de cette scène teutonne si importante pour l’explosion metal sur tout le continent européen. Un classique à réécouter d’urgence !
Blind Guardian – Nightfall in Middle-Earth (1998)
Par sa sophistication et son goût de la fantasy, le panthéon du power metal s’est rapidement spécialisé dans les « concept albums », ces disques narratifs conçus comme des œuvres intégrales et non comme de simples recueils de morceaux. Nightfall in Middle-Earth, des titans de Blind Guardian, s’inspire ainsi des écrits de Tolkien pour nous conter en musique un monde fait d’elfes et de mages noirs. Oscillant entre mélodies médiévales, morceaux symphoniques et sursauts de rage et de vitesse, ce disque concentre l’ADN du power metal et notamment sa dimension geek.
Kamelot – Where I Reign The Very Best Of 1995-2003 (2016)
Nul n’est prophète en son pays, dit l’adage. Lancé en 1991 en Floride, Kamelot n’a rien à voir avec les métalleux yankees d’alors, les Mötley Crüe et autres Guns N Roses qui répandent un rock hédoniste et une esthétique glam sur l’Amérique. Les comparses du guitariste Thomas Youngblood séduisent davantage en Europe : à l’écoute de leur best-of Where I Reign, force est de constater en effet la proximité de leur mélange power/symphonique/progressif avec ce qui se pratique alors outre-Rhin chez Helloween et Blind Guardian.
Gamma Ray – Heading For Tomorrow (1990)
Fondé par l’ancien guitariste d’Helloween Kai Hanse, Gamma Ray a propagé le power metal au Japon et contribué à maintenir le genre à flot tout au long des années 1990. Le premier album, Heading For Tomorrow, doit d’ailleurs beaucoup à Helloween, tant il s’en rapproche dans les intentions comme dans les sonorités. Bougrement efficace, porté par un morceau de bravoure de près de 15 minutes, ce disque synthétise toute la virtuosité du metal allemand d’alors.
Iced Earth – Burnt Offerings (1995)
Si le son d’Iced Earth a évolué depuis trente ans, les premiers albums du groupe américain s’inspirent clairement du lyrisme exacerbé des tenants européens du power metal. Burnt Offerings, avec sa haute technicité instrumentale et ses emprunts à la littérature fantastique/mystique des temps glorieux, prêche une vraie déférence à l’égard des chapelles allemandes et scandinaves. Au point de céder à la belle tradition du morceau de bravoure en fin de disque, avec le magnifique Dante’s Inferno.
HammerFall – Glory to the Brave (1993)
Ce qui ne devait être qu’un side-project conçu par quelques spécialistes du death metal s’est avéré l’une des plus belles expériences du metal européen de ces trente dernières années… Avec HammerFall, le heavy metal, mâtiné de l’esthétique du power metal, a trouvé une de ses plus belles expressions. L’album Glory To The Brave, succès surprise du genre, a précipité un renouveau du power metal dans lequel se sont engouffrées nombre de formations plus talentueuses les unes que les autres.
Stratovarius – Destiny (1998)
Dépassant les frontières du power metal pour embrasser différents courants, symphonique et progressif en tête, les Finlandais de Stratovarius imposent depuis trente-cinq ans une haute technicité et un lyrisme déchirant sur chaque scène où ils passent. Avec Destiny, septième disque de rang, Timo Tolkki sortait un magnum opus qui continue aujourd’hui de représenter le pendant scandinave de la scène. D’une grande théâtralité, l’album concilie Dream Theater et Blind Guardian en une seule entité, et constitue la carte de visite de ces titans incontestés.
Dragonforce – Maximum Overload (2014)
En ajoutant une certaine rapidité d’exécution au lyrisme du power metal traditionnel, Dragonforce a participé au renouveau du genre. Célèbre auprès des pratiquants de Guitar Hero, et aujourd’hui des amateurs de jeux vidéo avec niveau généré par l’intensité musicale (type Audiosurf et Beat Hazard), la formation britannique doit aussi son succès à un traitement musical poussé de grands thèmes sociétaux. Dans Maximum Overload, leur sixième album, le groupe répond à la saturation d’informations de la vie contemporaine par une avalanche de notes, de rythmes et de virtuosité qui confirme son statut de maître ès power metal extrême.
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