Qu’ils soient récents ou plus anciens, les romans philosophiques n’ont pas fini de nous faire réfléchir sur la vie, ses doctrines et ses théories. Petit point focus sur ces quelques romans qui rendent compte de cette école de la Pensée.
Candide ou L’Optimisme, Voltaire
Certainement l’un des premiers livres auxquels nous pensons quand nous parlons de roman philosophique, Candide ou L’Optimisme de Voltaire fait aussi partie des plus gros succès francophones littéraires.
Dans ce grand récit de formation, l’auteur nous emmène dans un voyage fondateur qui transformera notre héros en philosophe. Pleinement inscrit dans le débat entre le fatalisme et l’existence du Mal au XVIIIe siècle, Voltaire s’oppose farouchement à Leibniz à travers une ironie omniprésente, allant jusque dans le titre, « optimisme » voulant signifier « l’optimisme Leibnizien ». Contrairement au philosophe, notre auteur est convaincu que l’Homme est capable d’améliorer sa condition, d’où notamment cette fameuse phrase qui conclut le livre « Il faut cultiver son jardin secret ». Afin de montrer l’absurdité des propos de Leibniz quant à ce meilleur des mondes, Voltaire engage Candide dans des aventures toutes plus malheureuses les unes que les autres.
Un roman initiatique que tout le monde doit lire !
Le Monde de Sophie, Jostein Gaarder
Roman initiatique, Le Monde de Sophie de Jostein Gaarder nous embarque dans une étrange correspondance entre Sophie Amundsen et un expéditeur mystérieux du nom d’Alberto Knox.
Une longue série de question-réponse s’enchaîne et plonge la jeune fille de 14 ans dans le monde des principales figures de la philosophie (Socrate, Platon, Aristote, Descartes, Spinoza, Hegel, Sartre, etc.).
Et vous, saurez-vous répondre au « Qui es-tu ? » ?
Recommandé pour toutes celles et ceux qui souhaitent s’initier à la philosophie.
La nausée, Jean-Paul Sartre
Roman à moitié autofictionnel, La nausée de Jean-Paul Sartre est aussi le livre qui a vraiment propulsé l’auteur vers une renommée certaine.
Inclus dans la liste du Grand prix des Meilleurs romans du demi-siècle, il nous emmène à la rencontre d’Antoine Roquentin, un célibataire de 35 ans qui couche ses pensées dans un journal. C’est d’ailleurs à travers celui-ci que nous parcourons le roman. Progressivement, Antoine Roquentin va se rendre compte que son rapport aux choses change et il commence à se demander pourquoi. Cela le contraint d’autant plus car, dans ces moments-là, il est pris de nausées et n’est plus capable d’autres sentiments que de dégoût envers lui-même. Cela le pousse également à s’éloigner des autres. Dans un des passages les plus importants du livre, Sartre parle de l’existence, du fait d’exister et de prendre conscience de ce qui nous entoure. Cette révélation va transcender notre héros jusqu’à la racine.
Mais comment s’arracher à la nausée ?
L’insoutenable légèreté de l’être, Milan Kundera
Cinquième roman de Milan Kundera, L’insoutenable légèreté de l’être marque son arrêt à Prague dans une intrigue qui se ficelle autour de la vie des artistes et des intellectuels. Que reste-t-il d’eux après que la mort a rendu son contrat ? Une inscription, une photo, une épitaphe, un cri, une odeur ? « Avant d’être oubliés, nous serons changés en kitsch. Le kitsch, c’est la station de correspondance entre l’être et l’oubli. » Ainsi nous parle Kundera à travers cette grande réflexion autour de la post-existence.
Entre légèreté et pesanteur, notre auteur s’interroge et remet en question les critères de Parménide qui expose le lourd comme négatif et le léger comme positif. Eh oui, la légèreté peut parfois devenir insoutenable face au poids du destin…
La Chute, Albert Camus
Comme Albert Camus le fait si bien dans L’Étranger, ici avec La Chute, il enferme le lecteur dans un point de vue unique créant ainsi une situation d’inconfort.
Dans le roman, nous lisons la confession de Jean-Baptiste Clamence, ancien avocat parisien issu de la petite bourgeoisie française. Dans les premières lignes, nous découvrons un personnage satisfait de lui-même. Mais très vite, notre orateur entame sa « chute », chute qui prend son point de départ un soir, alors qu’il ne porte aucun secours à une femme qui se noie sous un pont. Pour tenter d’oublier, il s’enfonce dans le vice, mais l’ombre du passé n’est jamais bien loin derrière lui, le confrontant à de noirs souvenirs. Peu à peu, Clamence prend conscience de ses fautes et cette révélation lui permet d’acquérir sa liberté.
Avec le suicide de la femme s’articule une véritable réflexion autour de la conscience humaine et ce qui pousse les Hommes à vivre sans questionner le sens de la vie.
Ainsi parlait Zarathoustra, Nietzsche
Texte poético-philosophique, Ainsi parlait Zarathoustra de Nietzsche enchaîne les discours de notre poète-prophète Zarathoustra, descendu de sa montagne pour venir parler aux Hommes.
Nietzsche considère cet ouvrage comme le péristyle de sa philosophie, le présentant comme un 5e évangile et souhaitant notamment en faire un équivalent de ce que furent les poèmes de Dante Alighieri.
Quelles sont les promesses d’avenir pour l’Homme de demain ?
Jacques le Fataliste et son maître, Denis Diderot
Dialogue philosophique entre Jacques et son maître, Jacques le Fataliste et son maître de Denis Diderot est une des œuvres les plus connues de l’auteur. Lors d’un voyage en compagnie de son maître, Jacques comble l’ennui en lui narrant ses aventures amoureuses, mais le récit est sans cesse interrompu par divers facteurs : son maître, des discussions directes avec le lecteur et des éléments extérieurs.
Le roman ne s’articule pas autour d’un seul thème et nous voyons une multitude de récits s’annexer à l’ensemble. Ici, toute illusion romanesque est rompue, et Diderot utilise sa plume pour mettre en avant certaines de ses réflexions autour de l’Église, le relativisme moral, la sexualité, le matérialisme, le fatalisme qui nie le libre-arbitre et se fonde sur le principe de causalité. En somme, vous avez affaire ici à une véritable critique sociale à la Diderot.
À intégrer à sa bibliothèque !
L’Idiot, Dostoïevski
Grande œuvre de Dostoïevski, L’Idiot a comme personnage central le prince Mychkine, un être fondamentalement bon mais doté d’une naïveté qui peut toucher à l’idiotie (bien qu’il fasse preuve d’une grande finesse dans certaines de ses analyses). Déterminé à intégrer les cercles fermés de la société russe, mais sans un sou en poche, et avec seulement un titre de noblesse et un certificat de recommandation, voilà notre prince plongé dans le monde cupide, arriviste et passionnel des Hommes.
À travers une série de personnages qui aide à rendre l’intrigue vivante et humaine avec ses lots de déconvenues et de succès, Dostoïevski s’attèle à réfléchir sur l’impact qu’ont les vices de la société sur un Homme.
Vibrante. Démesurée. Une grande œuvre à découvrir !
Monsieur Ibrahim ou les fleurs du Coran, Éric-Emmanuel Schmitt
Récit fictif autour de la vie d’un jeune parisien vivant chez son père, Monsieur Ibrahim ou les fleurs du Coran d’Éric-Emmanuel Schmitt nous fait voyager au cœur de la sagesse même.
Dans ce livre qui peut aussi faire penser à La vie devant soi de Romain Gary, nous sommes témoins des souvenirs de Momo devenu adulte, et qui se remémore son enfance et sa relation avec un épicier musulman.
Attention aux apparences qui sont souvent trompeuses…
Les dieux voyagent toujours incognito, Laurent Gounelle
Dans Les dieux voyagent toujours incognito, Laurent Gounelle nous emmène au bord du précipice.
Sauvé in extremis par un homme qui demande en échange à notre héros de faire tout ce qu’il lui demandera, ce dernier est loin de savoir dans quel voyage il embarque.
Très beau roman initiatique qui donne la force de dépasser ses peurs et de prendre sa vie en main !
