Depuis plus d’un siècle, le mythe du vampire a bouleversé tous les codes de la littérature romantique, lui insufflant noirceur, érotisme et pulsions de mort. Dracula et ses sbires à canines sont devenus des (anti)héros très prisés, qui n’ont eu de cesse de se réinventer. En voici quelques preuves, avec des livres de vampires à dévorer au plus vite…
De Bram Stocker à Stephenie Meyer en passant par Guy de Maupassant et Anne Rice, le vampire est passé des contes et légendes folkloriques à base de goules et de succubes, à un véritable personnage de la littérature romantique. Une créature de la nuit avide de sang, dotée d’un charisme exceptionnel qui lui permet d’avoir une emprise sur sa future proie, homme ou femme, afin de lui sucer le sang. S’il laisse en vie sa victime, elle se transformera en vampire à son tour. Mais la vie éternelle semble pour lui une véritable malédiction. Autant recherché que craint, le vampire dont Dracula est le parangon, est un personnage tragique et fascinant. Un bon livre de vampire se doit donc de posséder une telle créature qui oscille entre attraction et répulsion pour le lecteur, au charme vénéneux et à l’emprise indéniable. Pour contrebalancer, il faut également une jeune héroïne en péril qui consent à se perdre dans cette volupté macabre et un chasseur tout aussi dangereux que le monstre qu’il traque. Une tradition plus ou moins respectée de livre en livre…
Des précurseurs au mythe
Si le vampire fait partie des morts-vivants mythologiques qui se nourrissent du sang de leurs victimes, le mot « vampire » apparaît en 1725, avant de devenir le personnage que l’on connaît en 1819 avec le livre Le Vampyre de John Polidori, inspiré de Lord Byron. Mais d’autres romans ont permis à cette créature de prendre vie.
La Morte amoureuse de Théophile Gautier
En 1836, sort le recueil de nouvelles La Chronique de Paris de Théophile Gautier. On y retrouve le récit La Morte amoureuse, dans lequel une vieille femme mourante absorbe les forces vitales d’un jeune prêtre qu’elle pervertit pour redevenir jeune et belle. Cette histoire qui met en avant une goule a provoqué un vif scandale à l’époque.
Carmilla de Joseph Sheridan Le Fanu
La jeune Laura accueille dans son château une belle inconnue, Carmilla. Cette dernière, désemparée, cache un secret : elle est un succube qui va dévorer Laura, petit à petit. Paru en 1872, Carmilla de Joseph Sheridan Le Fanu jette les bases du personnage du vampire, dont les charmes dévastateurs endorment la vigilance de sa future victime. Carmilla a d’ailleurs été incarnée plusieurs fois au cinéma, notamment par Annette Vadim dans Et mourir de plaisir, réalisé par Roger Vadim.
Le Horla de Guy de Maupassant
En 1887, c’est un auteur français qui jette l’effroi sur la littérature de son époque. Guy de Maupassant fait paraître sa nouvelle la plus célèbre de nos jours, Le Horla, journal intime dont le narrateur se dit possédé par un être surnaturel qui le dévore. Les prémices du vampire sans qu’on en dise le nom, ce que fera Bram Stocker dix ans plus tard.
Dracula de Bram Stocker
En effet, son Dracula, paru en 1897, est le livre de vampires le plus iconique, le roman fondateur à proprement parler de la légende du comte Dracula, qui décide de quitter son château de Transylvanie pour s’installer à Londres. On y retrouve les personnages de Mina Murray (sa victime consentante) et du docteur Van Helsing, qui va lutter contre le comte coûte que coûte. Tous ont traversé les âges et continuent d’être incarnés au cinéma (notamment dans le fameux Dracula de Francis Ford Coppola), en série télé (récemment sur Netflix avec Claes Bang) ou en bande dessinée par Georges Bess.
Vampire, vous avez dit vampire ?
Très vite, la figure du vampire va inspirer bien des auteurs, qui vont tantôt confirmer le mythe décrit par Stocker, tantôt s’en éloigner tout en en gardant le maximum d’aspérités.
Je suis une légende de Richard Matheson
Premier à pervertir le genre, Richard Matheson, qui fait entrer le vampire dans le monde de la science-fiction avec Je suis une légende, en 1954. Cette fois-ci, la créature n’a plus aucun pouvoir d’attraction. Elle est simplement un humain transformé en mort-vivant affamé suite à une pandémie dont il ne reste qu’un seul survivant. Un livre adapté plusieurs fois, notamment en 1971 avec Charlton Heston et en 2007 avec Will Smith.
Salem de Stephen King
Le maître du genre Stephen King ne pouvait pas ne pas livrer sa propre version des vampires. Ce sera Salem, paru en 1975, dans lequel un écrivain décide de combattre un vampire qui a élu domicile dans sa ville natale. Un pastiche de Dracula qui fit écho au scandale du Watergate concomitant.
Les Chroniques des vampires d’Anne Rice 
Si Dracula reste le vampire le plus célèbre, Lestat de Lioncourt, créé par Anne Rice dans Entretien avec un vampire en 1976 le suit de près. Un immortel sexy et ambivalent qui va raconter à un journaliste l’histoire de sa (très) longue vie. Un roman qui transforme l’image du vampire en jeune homme sensuel et qui sera adapté au cinéma par Neil Jordan avec Tom Cruise et Brad Pitt.
Anne Rice écrira plusieurs suites aux aventures de Lestat dans ses Chroniques des vampires, en treize volumes, dont Lestat, le vampire situé à San Francisco, devient chanteur de rock.
Dans le troisième tome, La Reine des damnés, Lestat rencontre Akasha, reine des vampires qui souhaite détruire tous les mâles de l’espèce humaine. Un roman féministe avant l’heure. Dans le quatrième tome, Le Voleur de corps, Lestat est en pleine crise existentielle, en a assez d’être un vampire et cherche à redevenir mortel. Dans le cinquième volume, Memnoch le démon, Lestat hésite entre ses pulsions de chair et l’amour de l’impétueuse Dora, antithèse de Mina Murray. Enfin, Lestat se retrouve en second couteau du sixième tome, Armand le vampire. Il laisse place à Armand, tout aussi séduisant et ambivalent que lui.
Un personnage qui a toujours les crocs
Après Lestat et Dracula, le vampire continue de fasciner les lecteurs du monde entier, même si les codes changent peu à peu.
Anno Dracula : 1888 de Kim Newman
Dracula a tué Van Helsing, a épousé la reine Victoria et règne en maître sur l’Angleterre. Jusqu’à ce qu’un certain Jack l’Éventreur ne s’en mêle. Anno Dracula : 1888 de Kim Newman est une variation de Dracula tout aussi prenante que l’original, entre roman policier et horreur, en plus d’une reconstitution minutieuse d’un Londres en pleine révolution industrielle. Le premier tome d’une trilogie qui suit le comte de siècle en siècle.
Twilight de Stephenie Meyer 
Une histoire d’amour entre une humaine et un gentil vampire dont la peau brille au soleil. Tel est le point de départ de la saga Twilight de Stephenie Meyer, dans laquelle Bella et Edward tentent de s’aimer, malgré la menace des loups-garous et des vampires maléfiques. Un succès en librairie adapté au cinéma en cinq films, avec Kristen Stewart et Robert Pattinson, qui réinvente totalement le mythe du vampire, désormais capable d’amour et d’empathie.
Le Passage, Tome 1 de Justin Cronin
Dans le premier volume de la trilogie Le Passage, Justin Cronin nous entraîne dans un monde post-apocalyptique où douze vampires infectés par un virus en ont après les humains survivants. Une relecture de Je suis une légende qui montre toute la puissance de ces créatures et leur intemporalité.
