Qui est Le Caravage ? Qu’est-ce que la guerre du point de vue d’un soldat ? Comment écrit-on sur les camps de la mort ? Féru d’Histoire ou tout simplement curieux invétéré, cette sélection saura répondre à toutes vos attentes. Chacune des bandes dessinées présentées propose une immersion dans les arcanes de l’Histoire et vous donnera, on en est sûr, l’envie d’en lire encore plus !
La guerre d’Alan, Intégrale
Alan Ingram Cope, Emmanuel Guibert (L’Association)
Alan Ingram Cope fait le récit de sa vie de GI pendant la Seconde Guerre mondiale. De la préparation militaire à l’arrivée en Europe, jusqu’à l’après-guerre, il raconte le quotidien d’un soldat américain où les combats et l’ennemi sont paradoxalement absents et où les anecdotes ne sont pas guerrières. Ce récit ordinaire de la guerre à taille humaine est le fruit d’un long travail d’entretiens réalisés par Emmanuel Guibert. Les 300 pages de cette plongée intimiste sont mises en valeur par un dessin en bichromie sépia.
Azrayen’, Intégrale 
Frank Giroud, Lax (Dupuis)
1967. En pleine guerre d’Algérie, l’armée enquête sur la disparition en Kabylie d’une section dirigée par le lieutenant Messonnier, surnommé par les villageois « Azrayen’ », soit l’ange de la mort. À travers cette enquête, Frank Giroud propose une lecture sans concession et toute en nuances de la guerre d’Algérie. La sensibilité du trait du dessinateur Lax sert à merveille les paysages montagnards où se joue le récit. Une réussite rare sur un sujet encore très peu abordé aujourd’hui.
Carnets d’Orient, Intégrale 1
Jacques Ferrandez (Casterman)
Premier volume d’une série qui retrace l’histoire de la présence française en Algérie, de la tumultueuse relation entre les deux pays jusqu’à l’indépendance, en respectant les points de vue de chaque camp. En 1836, Joseph Constant, jeune peintre, part à l’aventure découvrir l’Algérie et son charme oriental, comme beaucoup d’artistes à cette époque. Il tombe amoureux d’une jeune femme, Djemilah, puis de son pays. Le dessin très fin, à l’aquarelle, est superbement mis en valeur par des couleurs chaudes et chatoyantes. (2 Intégrales).
Il était une fois en France, Tome 1 : L’Empire de monsieur Joseph
Fabien Nury, Sylvain Vallée (Glénat)
Joseph Joanovici est un homme ambivalent. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il fut l’un des hommes les plus riches de France grâce à son statut de ferrailleur. Il s’est servi de cette position pour à la fois collaborer, mais également prendre part à la Résistance. Traitée sous forme de flash-back, cette série met en scène un homme dont la morale s’arrange selon les circonstances et qui rend difficile le jugement définitif que nous pourrions avoir sur lui. Fabien Nury s’appuie sur des faits réels pour construire cette série incontournable. (6 Tomes).
Le voyage de Marcel Grob
Philippe Collin, Sébastien Goethals (Futuropolis)
Au crépuscule de sa vie, Marcel Grob se replonge dans les souvenirs de ses années de service dans l’armée allemande. Grob est Alsacien et, en 1944, il est intégré à l’armée allemande, comme tant d’autres jeunes Alsaciens. Était-il un « malgré-nous » ou un engagé volontaire ? Philippe Collin raconte l’histoire de son grand-oncle, en s’appuyant sur ses documents militaires. Avec Sébastien Goethals, dessinateur talentueux, il présente un aspect peu connu de la Seconde Guerre mondiale. Cet album touchant, tout en sobriété, est une véritable pépite brute qu’il faut à tout prix découvrir.
Cinq branches de coton noir
Yves Sente, Steve Cuzor (Dupuis)
Perdu à Philadelphie en 1776, un symbolique drapeau américain refait surface en 1944 dans les Ardennes. Parachutés derrière les lignes allemandes, cinq soldats noirs doivent le retrouver. Scénariste à succès ayant œuvré sur des séries comme Thorgal ou XIII, Yves Sente parvient ici à l’équilibre parfait entre respect des faits et fiction, et revisite l’histoire de la ségrégation aux États-Unis. Imprégnée d’émotions et portée par des personnages puissants, cette œuvre magistrale comblera ceux qui ont vibré avec Il faut sauver le Soldat Ryan.
La Grande Guerre de Charlie, Tome 1
Pat Mills, Joe Colquhoun (Delirium)
Cette bande dessinée raconte la Première Guerre mondiale à travers les yeux de Charlie, adolescent de 16 ans. La retranscription des atrocités commises est fidèle et nous sommes transportés dans un monde aussi terrible qu’émouvant. La finesse et la précision des illustrations en noir et blanc de Joe Colquhoun confèrent au récit de Pat Mills une justesse singulière, repoussant sans cesse les limites de la barbarie. Flirtant avec le chef-d’œuvre, La Grande Guerre de Charlie s’apprécie aussi pour le travail de documentation effectué par les auteurs et parfaitement intégré dans l’édition de Delirium. À lire sans hésiter ! (10 Tomes).
Le Caravage, Tome 1 : La palette et l’épée
Milo Manara (Glénat)
1592, Le Caravage arrive à Rome. Révolutionnaire dans l’âme, il participe au basculement de la peinture du XVIIe siècle dans une nouvelle ère. Sa vie, aussi captivante que son art, nous est magnifiquement racontée dans ce diptyque parfaitement maîtrisé. Auteur prolifique, Milo Manara est principalement connu pour ses œuvres érotiques. Son trait fin et sensuel, ainsi que son réalisme brutal, rendent un merveilleux hommage au sulfureux Caravage. Deux maîtres du dessin se rencontrent dans cette BD qui a déjà marqué l’histoire du septième art. Pour les amoureux de peinture et tous les autres ! (2 Tomes).
Mattéo, Tome 1 : Première époque (1914-1915)
Jean-Pierre Gibrat (Futuropolis)
Cette BD retrace le destin de Mattéo, fils d’immigré espagnol, qui prend part presque malgré lui aux plus grandes batailles du XXe siècle. Dans ce premier tome, on suit avec passion son histoire d’amour avec Juliette, ses rivalités, mais surtout son engagement dans l’armée française alors que la Première Guerre mondiale fait rage. Dessinateur et scénariste, Jean-Pierre Gibrat prouve une nouvelle fois avec Mattéo qu’il est un artiste hors pair. Son dessin aquarellé, réaliste et cruel, rend parfaitement compte de l’absurdité de la guerre, le tout à travers des portraits de personnages singuliers et subtils. Magnifique ! (5 Tomes, série en cours).
Murena Tome 1 : La pourpre et l’or 
Jean Dufaux, Philippe Delaby (Dargaud)
À Rome, les coulisses du pouvoir sont bien plus sombres qu’il n’y paraît. Nous allons suivre Néron dans sa quête de gloire et de puissance. Violence, complots, trahisons, moeurs plus que douteuses, voici le quotidien des Romains à cette époque. Philippe Delaby, marqué par les BD historiques de son enfance, comme Alix de Jacques Martin, livre une série mature sur les heures sombres de Rome. Très documentée, avec un graphisme réaliste, Murena est vraiment une série à découvrir. Elle plaira aussi bien aux passionnés d’Histoire qu’aux amateurs de BD. (10 Tomes, série en cours).
Maus, Intégrale
Art Spiegelman (Flammarion)
Maus raconte la Shoah à travers le prisme de la fable animalière. Les Nazis sont les chats, les Juifs les souris. Derrière cet artifice, Art Spiegelman retrace la vie de ses parents : Anja, sa mère, et Vladek, son père, tous deux déportés et rescapés du camp d’Auschwitz. En se basant sur les souvenirs de son père, Spiegelman crée un récit où s’entremêlent présent et passé. Cet album poignant, publié à
partir de 1980, est la seule bande dessinée à avoir reçu le prix Pulitzer et marque la naissance du roman graphique.
Le cri du peuple, Tome 1 : Les canons du 18 mars 
Jean Vautrin, Jacques Tardi (Casterman)
Jacques Tardi est l’un des plus grands auteurs de BD français, reconnu internationalement (il est entré au Hall of Fame des Eisner Awards). Il a beaucoup écrit sur la Première Guerre mondiale (C’était la guerre des tranchées, Putain de guerre !) et est aussi le créateur d’Adèle Blanc-Sec. Dans Le cri du peuple, il retrace l’histoire de la Commune de Paris en 1871. Avec un style vif et brut, il dépeint la misère des rues parisiennes suite à la défaite contre la Prusse, le fol espoir d’une République sociale, ainsi que la férocité de la répression des Versaillais, le tout dans un polar parfaitement ficelé. Un récit majeur sur un épisode de notre Histoire qui gagne à être connu. (4 Tomes).
Le Sursis, Intégrale
Jean-Pierre Gibrat (Dupuis)
En 1944, Julien Sarlat, appelé pour le service du travail obligatoire, déserte et part se cacher dans le vieux pigeonnier du village de Cambeyrac. Tout le monde le croit mort, car le train dans lequel il était censé se trouver a été attaqué. De son mirador, Julien observe les villageois, les petits arrangements de certains avec l’occupant, son propre enterrement, ainsi que la jolie Cécile. Gibrat, grâce à sa plume et son pinceau, parvient à nous embarquer avec Julien et l’on devient, à notre tour, observateurs, pour ne pas dire voyeurs. Une BD magnifique.
—
Aller + loin : Bédéthèque idéale : les 200 BD à lire dans sa vie
