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Le top des fils à maman

22 mai 2020
Par Juliette1
Le top des fils à maman
©dr

Les écrivains ont-ils le mal de mère ? Il est étonnant d’observer à quel point, en littérature, le motif de la mère est obsessionnel. La psychanalyse a enseigné que le rapport à la mère était fondateur du rapport aux femmes en général, mais il semble que nombreux sont les écrivains qui ont des comptes à régler avec leur génitrice. Pour célébrer toutes les mamans : entre amour et haine, petit florilège des plus célèbres fils à maman.

Les écrivains ont-ils le mal de mère ? Il est étonnant d’observer à quel point, en littérature, le motif de la mère est obsessionnel. La psychanalyse a enseigné que le rapport à la mère était fondateur du rapport aux femmes en général, mais il semble que nombreux sont les écrivains qui ont des comptes à régler avec leur génitrice. Entre amour et haine, petit florilège des plus célèbres fils à maman.

Les adorateurs

S’il est un chef d’œuvre dédié à la maternité c’est bien Le Livre de ma mère d’Albert Cohen. Peu de temps après le décès de sa mère, l’auteur lui dédie ce livre qui prend la forme d’un hommage, mais également d’une grande complainte emplie de regrets. Cohen relate toutes les attentions qu’elle a eu à son égard et dresse un portrait de mère totale, entièrement dévouée à son fils. Dans cet ouvrage très intime, l’auteur regrette de n’avoir pas été aussi aimant et attentionné qu’il aurait dû. Pour Romain Gary, l’amour maternel est raconté comme une mauvaise habitude à ne pas conserver. La Promesse de l’aube est cette affection sans borne qui lui a été donnée dès son enfance, et qu’il a ensuite tenté de retrouver chez les femmes aimées. Évidemment, l’amour inconditionnel maternel est un horizon bien trop élevé, il ne peut souffrir la comparaison avec l’amour d’une femme. 

L’une des plus célèbres œuvres françaises, À la recherche du temps perdu de Marcel Proust, s’ouvre dans Du côté de chez Swann avec une méditation sur le réveil directement suivie de la fameuse scène du baiser. Le petit Marcel, chétif et souvent cloué au lit, vit chaque soir, pendant le baiser rituel, une angoisse terrible. Sa mère vient l’embrasser avant d’aller se coucher, mais il ne saurait s’en contenter et souffre par avance du moment où elle le quitte. Dans son immense tristesse, le jeune narrateur mythifie sa mère et en fait la femme idéale. Il en va de même pour Marcel Pagnol dans Le Château de ma mère. L’auteur vieillissant peint sa mère en jeune couturière vive et impressionnable. Le narrateur enfant se comporte comme un garde protecteur avec elle, alors qu’en réalité sa mère avait déjà eu trois enfants à ce moment et était sûrement bien plus assurée que la manière dont elle est décrite. 

Les revanchards

Les mères indignes ne sont pas en reste dans les grands textes littéraires. Il en est de très célèbres, notamment la terrible Folcoche (contraction de « folle » et « cochonne ») de Vipère au poing écrit par Hervé Bazin. Dans ce roman fortement autobiographique, l’auteur décrit son enfance malheureuse auprès d’une mère tyrannique, glaciale et peu aimante. Folcoche impose à ses trois garçons des conditions de vie austères et leur ôte tout confort (même le chauffage). Autre roman à charge, Poil de carotte de Jules Renard est devenu un classique de la littérature jeunesse alors qu’il dépeint les malheurs d’enfance du petit François, moqué pour sa rousseur, mal aimé par sa famille et détesté par sa mère. La dimension autobiographique est évidente, et le portrait de la famille Lepic au vitriol.

Malgré le succès des théories éducatives de Françoise Dolto, la deuxième moitié du 20e siècle n’est pas exempte non plus de mauvaises mères. Michel Houellebecq ne s’en cache pas en faisant une référence explicite à sa mère (il cite son véritable nom) dans Les Particules élémentaires : une « bourgeoise libérée et friquée », « créature brunâtre, tassée au fond de son lit » qui meurt au terme d’une « vie calamiteuse ». Pour la première fois dans l’histoire de la littérature, la mère de l’auteur, Lucie Ceccaldi, contre-attaque en publiant le livre L’Innocente. Elle atteste ainsi du peu d’intérêt qu’elle porte à son fils. 

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Juliette1
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