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Le top des livres ensorcelés

29 juin 2020
Par Juliette1
Le top des livres ensorcelés
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« Sorcière, sorcière, prend garde à ton… » La sorcière est une figure féminine très controversée : pourchassée pendant des siècles, elle est désormais revendiquée par tout un courant féministe, dont Sorcières de Mona Chollet se fait le manifeste. De Médée à Hermione Granger, en passant par les Sacrées Sorcières de Roald Dahl, la sorcière est avant tout une figure de papier qui ensorcelle et effraye des générations de lecteurs.

Des origines antiques

Le mythe de Médée est l’une des origines de la figure de la sorcière. Il a inspiré de nombreuses réécritures, dont les plus célèbres sont celle d’Euripide, d’Hésiode, de Corneille ou encore de Pasolini pour le cinéma. Le personnage de Médée est celle de l’amante trahie qui ne recule devant rien pour accomplir sa vengeance. Son mari Jason l’abandonne pour Créuse, qu’à cela ne tienne, elle empoisonne la tunique de la nouvelle fiancée, ce qui l’immole sur le coup. Dans sa rage, elle poignarde également les deux enfants qu’elle avait eus avec Jason. Circé, la magicienne de L’Odyssée, est bien différente de cette figure vengeresse. Dans l’œuvre d’Homère, elle réside sur une île où échouent Ulysse et ses compagnons. Circé attire les matelots à son palais par un chant magique, leur fait boire un poison et les transforme en porcs. Ulysse parvient à échapper au sortilège et se fait offrir les faveurs de la magicienne. Ce n’est qu’au terme d’une année entière qu’elle laisse repartir toute la troupe. La sorcière antique exerce ses pouvoirs au moyen d’onguents, de philtres et de ruse ; la baguette magique est encore bien loin.

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Fiancées du Diable et annonciatrices de mauvais présages

Les trois sorcières dans Macbeth de Shakespeare se font l’écho d’un imaginaire chrétien qui voit dans les sorcières l’incarnation du Mal : elles sont la voix du destin tragique qui attend le jeune héros. Apparaissant de nulle part, elles se rassemblent autour d’un chaudron, communient avec des spectres et s’épanouissent dans le mal. Ces croyances populaires ont également donné lieux aux Sorcières de Salemune pièce de Arthur Miller qui reprend un tristement célèbre événement historique : les nombreuses condamnations à mort pour sorcellerie qui ont eu lieu dans la ville de Salem, aux États-Unis en 1692. La pièce met en scène Abigaïl, servante dans la famille des Proctor, amoureuse de John Proctor, qui en fait sa maîtresse. Lorsqu’Elizabeth, la femme de John, s’en aperçoit, elle chasse la jeune fille de sa maison. Pour se venger, Abigaïl se livre à un rituel de sorcellerie, en compagnie de Tituba, la servante du révérend du village. S’ensuit un procès qui oppose le parti de l’Église qui croit à la nécessité d’un exorcisme, et le parti de John Coctor qui nie l’existence de la sorcellerie. Ces représentations font de la sorcière à la fois une pythie maléfique et la femme du Démon. Totalement dénuée d’humanité, elle ne mérite que le bûcher.

Ennemies des enfants

Depuis le XVIIe siècle, la sorcière a cessé d’être cette figure satanique ennemie de l’Église. La littérature jeunesse s’en est emparée pour en faire une représentation effrayante qui incite les enfants à être sages. L’un des modèles du genre est le recueil des Contes de la rue Broca, écrit par Pierre Gripari. Dans La Sorcière de la rue Mouffetard, une sorcière cherche à rajeunir en mangeant une petite fille avec de la sauce tomate. La sorcière devient l’ennemie jurée des enfants, elle cherche à s’en débarrasser soit en les mangeant, soit en les tuant d’une quelconque manière. À ce titre, Sacrées Sorcières de Roald Dahl est emblématique, puisque c’est toute une assemblée de sorcières qui se réunit afin de mettre en action un plan pour éliminer tous les enfants d’Angleterre. Le narrateur, aidé de sa grand-mère chasseuse de sorcières, va se démener pour les tranformer en souris. Les méchantes sorcières des contes pour enfants sont l’équivalent féminin du grand méchant loup ou bien du Croque-Mitaine, c’est-à-dire une menace brandie pour que les enfants soient obéissants.

Des femmes indépendantes

C’est seulement dans les années 60 que la figure de la sorcière a été réhabilitée, grâce notamment au succès de la série télévisée Ma Sorcière bien-aimée. Il était temps de créer des personnages de sorcières bienfaisantes qui mettent leurs pouvoirs au service du Bien. Dans cette lignée, les grandes sagas fantastiques se sont emparées de la figure de la sorcière pour en faire une héroïne à laquelle les enfants s’identifient. Comment parler de sorcières en littérature sans mentionner Hermione Granger ? La jeune fille joue un rôle central dans tous les tomes de Harry Potter. Protectrice envers ses amis, elle est aussi l’élève la plus douée de Poudlard, et donc une sorcière talentueuse. Courageuse et ingénieuse, elle est loyale et très érudite. Avec Harry Potter, les sorcières sont des humaines qui ont juste des pouvoirs que d’autres n’ont pas. Elles vivent parmi eux sans chercher à leur nuire, bien au contraire. La sorcière représente une certaine émancipation de la femme, elle symbolise un pouvoir lié à la féminité et à la sororité. La figure maléfique devient une figure de femme forte et indépendante, à l’image des sœurs Halliwell dans la série Charmed qui a marqué les années 2000, ou plus récemment de Sabrina dans Les Nouvelles Aventures de Sabrina, une série Netflix qui vient tout juste de sortir. 

Aller + loin : Une brève histoire des sorcières avec Mona Chollet, lauréate du prix Psychologies Fnac

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