La fin d’année approchant, l’ombre de la soirée de la Saint Sylvestre plane sur toutes les têtes. Injonction pour les uns, délivrance pour d’autres, la fête est une activité qui désinhibe les comportements et exacerbe les passions. La littérature a longuement exploré les possibilités qu’ouvre ce divertissement qui ne se pratique qu’à plusieurs. Alors, n’en déplaise à Orelsan, la fête n’est pas finie !
En images
La fête, ou du moins la possibilité d’en être, peut intervenir dans la vie d’un personnage comme une étape vers la maturité. Dans L’Âge de cristal, le tome 6 des aventures de Lou, la petite héroïne de Julien Neel n’est plus une enfant, ni même une ado, elle est une jeune adulte qui partage sa vie entre les sorties en boîte de nuit avec ses amis, ses missions pour le gouvernement mais aussi la garde de son petit frère. Pour Lou, la fête est une échappatoire face à ses responsabilités, mais aussi le moment où les relations amoureuses se font et se défont. Dans Les Noceurs, album haut en couleurs de Brecht Evens, la fête est une attente, celle d’un individu avec qui tous les invités veulent absolument passer du temps, mais qui ne viendra jamais. La BD est découpée en deux parties, l’une se déroule dans l’appartement de Gert, où la soirée peine à décoller, l’autre dans le Disco Harem, une boîte en vogue où la fête bat son plein. Les grandes fresques peignent la fête comme une déception, une impossibilité des rapports humains. La Fête est aussi le nom de cet objet littéraire insolite qui mêle une fiction d’Aurélien Bellanger et les aquarelles de Thomas Lévy-Lasne. Cette fiction illustrée célèbre la fête pour son amusement débridé et la promiscuité des corps qu’elle induit.
Splendeurs et misères
La fête se pratique à plusieurs, elle est donc profondément marquée par des enjeux sociaux d’apparence qui peuvent souvent se traduire pas un étalement de richesses. C’est le cas dans Gastby le magnifique de Francis Scott Fitzgerald, roman festif s’il en est, dans lequel le personnage éponyme donne de sublimes fêtes où l’alcool coule à flot, et ce dans l’objectif d’attirer l’attention de sa voisine, Daisy Buchanan. Ce roman a contribué à mythifier les années 1920 aux États-Unis, époque du Charleston, des robes à paillettes et des porte-cigarettes. Mais derrière les apparences luxueuses Gatsby cache un passé de trafiquant d’alcool et un meurtre… La fête est donc aussi un paravent derrière lequel on s’abrite en société. Toujours aux États-Unis, mais dans les années 1980 cette fois-ci, Bret Easton Ellis publie Les Lois de l’attraction, roman chaotique où une jeunesse désœuvrée se livre à des orgies d’alcool, de drogues et de sexe. Cet ouvrage ne prend pas de gant pour décrire la vanité du comportement de ces jeunes étudiants qui ne font rien d’autre que se séduire, s’enivrer et oublier ce qui s’est passé la veille. Le roman a fait scandale à l’époque de sa parution, mais il a le mérite de montrer que la fête ne peut pas être une activité à temps plein, sinon elle perd toute sa fonction libératrice.
Communion mystique
La fête a vocation à rassembler les foules autour d’un même objectif. Critiquée pour sa vanité ou le dérèglement moral qu’elle peut entraîner, il ne faut pas oublier qu’elle est avant tout une quête de communion dans la danse, la musique, la nourriture… Vernon Subutex, la saga bestseller de Virginie Despentes, illustre cet autre aspect de la fête. Vernon dispose d’un talent singulier : lorsqu’il passe des musiques en soirée, quelque chose de surnaturel se produit. Les hommes et les femmes dansent et semblent submergés par les ondes musicales qui les unissent. Involontairement, Vernon devient un gourou mystique pour tous les personnages qui le rencontrent et veulent participer aux « Convergences » qu’il organise. Ces événements se rapprochent de ce qu’est la fête dans son sens le plus pur : une communion des êtres autour de la musique, autour d’un art qui les dépasse.
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