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Le top des livres qui n’ont pas eu le Goncourt

25 juin 2020
Par Anna
Le top des livres qui n'ont pas eu le Goncourt
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Malgré sa réputation, le prix Goncourt n’est pas infaillible. La preuve en quelques titres qui n’ont pas remporté le précieux sésame, souvent raté de peu (au grand dam de leur auteur) mais que l’histoire littéraire, a tôt ou tard fini par rattraper.

Les grands ratés

Voyage au bout de la nuit, Louis-Ferdinand Céline

L’exemple le plus célèbre de « raté » du Goncourt est sans doute celui de Louis-Ferdinand Céline. En 1932, son Voyage au bout de la nuit atteint le dernier tour de vote mais il est coiffé au poteau par le roman d’un illustre inconnu, Les Loups de Guy Mazeline. Pourtant, tout le monde croyait à la victoire de Céline, y compris lui-même… Il avait d’ailleurs accompagné son manuscrit d’une lettre à son éditeur qui prédisait : « C’est le prix Goncourt 1932 dans un fauteuil pour l’Heureux éditeur qui saura retenir cette œuvre sans pareille »…

Un barrage contre le Pacifique, Marguerite Duras

Les femmes ont peut-être été les grandes oubliées du Goncourt. En 1950, le roman de Marguerite Duras  Un barrage contre le Pacifique a pourtant toutes ses chances. Sauf qu’en face, Hervé Bazin séduit également avec La Mort du petit cheval. Incapable de trancher entre les deux favoris, le jury choisit finalement Les Jeux sauvages de Paul Colin. Duras prendra sa revanche bien plus tard, en 1984, année où L’Amant mettra tout le monde d’accord, le jury comme le grand public.

Les mauvais perdants

Les Croix de Bois, Roland Dorgelès

En 1919, Proust remporte le Goncourt au détriment de Roland Dorgelès et de son livre Les Croix de Bois, dans lequel il relate son expérience de la Première Guerre mondiale. Pour sortir vainqueur, Proust n’a pas ménagé ses efforts : il a été de tous les dîners, de toutes les mondanités. Dorgelès l’a mauvaise, son éditeur aussi. Ce dernier fait apposer un bandeau sur le livre : « PRIX GONCOURT, 4 voix sur 10 ». Où comment écoper, plutôt que des lauriers, d’un procès en bonne et due forme.

L’Invitée, Simone de Beauvoir

En 1943, Simone de Beauvoir y croit dur comme fer : son Invitée remportera le plus précieux des prix. Ce portrait d’un trio amoureux, s’il a un côté subversif, ne pourrait pas faire de mal à l’image de l’Académie. Beauvoir achète une nouvelle robe pour l’occasion et voit son monde s’écrouler lorsqu’elle entend l’annonce du prix… qui va à Marius Grout. Heureusement, comme pour Duras, le Goncourt se rattrapera plus tard et couronnera Beauvoir en 1954 pour Les Mandarins. Sauf que cette fois, l’auteure refuse catégoriquement de se prêter au jeu des médias.

Pris en otage par le prix Femina

Vol de nuit, Antoine de Saint-Exupéry

En 1931, Antoine de Saint-Exupéry part favori… le problème, c’est que tous les jurés de tous les prix récompenserait bien son Vol de nuit, un récit écrit en Argentine qui rend hommage à l’aviation. Mais le Femina frappe en premier et l’écrivain est victime de son succès : il repartira sans Goncourt…

L’Œil du silence, Marc Lambron

L’histoire se répète avec Marc Lambron. En 1997, l’année de ses quarante ans, il remporte le Femina pour L’Œil du silence et rate le Goncourt. Malheureusement pour lui, ce n’est pas la première et dernière fois qu’il sera un candidat malheureux au prix. Lui n’a pas laissé les mêmes traces que Saint-Exupéry. Pour contrer la malchance, pourquoi ne pas (re)lire son œuvre ?

Ceci n’est pas un roman

Le Lambeau, Philippe Lançon

En 2018, tout le monde misait sur Le Lambeau de Philippe Lançon, un chef d’œuvre à mi-chemin entre témoignage et littérature du réel qui bouleverse les codes du genre. Lançon revenait sur sa lente et douloureuse reconstruction après les attentats de Charlie Hebdo. Difficile de ne pas faire prix littéraire plus évident… Et pourtant ! L’Académie Goncourt a préféré le roman de Nicolas Mathieu, Leurs enfants après eux (roman sociologique brillant que les fans de Nirvana apprécieront grandement) au lieu du Lambeau, lequel recevra le prix Femina. Bernard Pivot se justifiera ainsi : « Ce roman n’est pas une œuvre d’imagination, c’est un témoignage […] c’est un très bon livre, peut-être l’un des plus beaux de l’année mais ça ne correspond pas à ce qu’attend le Goncourt, c’est-à-dire couronner un roman d’imagination. » Nous on pensait, comme Louis Aragon, que « la fiction ne suffit pas à caractériser le roman, mais un certain rapport entre cette fiction et la réalité. » Mais bon.

Aller + loin : Les curiosités littéraires

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Anna
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