Souvent décriés et relégués avec la littérature de genre, les romans d’anticipation n’ont pas toujours bonne presse. Pourtant, il arrive que des petites pépites passent sous les radars et atterrissent parmi les romans de la littérature dite blanche. Ceux-ci proposent une relecture originale de la société telle qu’on la connait aujourd’hui suite à la survenue d’un cataclysme mondial et imaginent la survie de l’espèce humaine dans un monde en perte de repères.
Le Poids de la neige de Christian Guay Poliquin
Alors que sévit l’hiver canadien et qu’une panne électrique géante plonge le pays dans le chaos, deux hommes qui ne se connaissent pas doivent cohabiter tant bien quel mal jusqu’au printemps dans une vieille véranda mal chauffée à la lisière de la forêt et éloignée du village. Comment vivre, lorsque tous les appareils du quotidien sont hors d’usage, qu’il n’y a plus d’essence ? C’est la question qui sous-tend ce huis-clos grave mais lumineux.
Dans la forêt de Jean Heglund
Une catastrophe est survenue, laissant les villes et leurs habitants en plein chaos. Plus d’essence, plus d’électricité. À l’abri au cœur de la forêt, deux sœurs, Nell et Eva, tentent de survivre, de se réinventer lorsqu’elles comprennent que tout ce qu’elles ont connu par le passé n’existera plus. Comment faire lorsque les machines, tout ce que l’on prenait pour acquis, le confort moderne n’est plus ? Confrontées à tout cela, et orphelines depuis peu, elles vont réapprendre à vivre, découvrir que la forêt qui les entoure recèle de richesses insoupçonnées.
La Route de Cormac Mc Carthy
Après l’apocalypse, plongeant le monde dans la barbarie, un père et son fils prennent la route, essayant tant bien que mal de survivre, de rejoindre l’océan où l’existence est apparemment plus facile. Mais, dans ce décor de fin du monde où l’humanité est moribonde, les chances de survie s’amenuisent de jours en jours. Dépouillé à l’extrême, le roman de Mc Carthy nous atteint profondément et devient une des œuvres de référence.
Ravage de René Barjavel
Dans une France futuriste, Barjavel plonge son lecteur au cœur d’une catastrophe technologique, provoquant l’effondrement d’une civilisation construite sur tout un univers basé sur les loisirs et la robotique. Un petit groupe de survivants va prendre la route vers la Provence et poser les bases d’une nouvelle société idéale. Le Paris de 2052 imaginé par Barjavel en 1943 parait bien réaliste aujourd’hui.
Malevil de Robert Merle
Suite à une explosion nucléaire, des petits groupes de survivants tentent de survivre tant bien que mal. Malevil est devenu un des classiques du genre. Et contrairement à d’autres textes résolument post-apocalyptiques, l’auteur évacue rapidement le traumatisme lié au choc pour se pencher sur les survivants et s’intéresse surtout à l’après. La catastrophe est plutôt un prétexte pour mettre en place les bases d’une nouvelle société et poser certaines questions sociétales.
La Peste écarlate de Jack London
Précurseur, humaniste et visionnaire, ce court roman ou longue nouvelle de Jack London semble contenir toute la genèse des futurs récits post-apocalyptiques à venir. En 2073, 60 ans après l’épidémie, un vieux professeur d’université erre avec ses petits-enfants sur une terre désolée et décimée suite au terrible fléau. Conscient d’être l’un des derniers survivants du monde d’avant, il tente de leur inculquer les connaissances nécessaires pour que cela ne se reproduise plus. Mais les humains semblent avoir une bien courte mémoire en matière de catastrophe…
Juste après la vague de Sandrine Colette
D’entrée de jeu, Sandrine Colette pose la question cruciale et cruelle qui servira de canevas à son récit : comment choisir entre ses enfants qui aura une place dans la barque et qui restera en arrière. Après l’engloutissement du monde par une vague destructrice, une famille nombreuse est l’une des rares survivantes à des kilomètres à la ronde. Elle ne doit sa survie qu’au fait d’habiter en haut d’une colline. Mais l’eau qui les encercle continue de monter, inexorablement. Dès lors, il faut songer à partir pour aller chercher du secours. Mais la barque de fortune est trop petite et tous ne pourront pas monter à bord.
Le Mur invisible de Marlen Haushofer
Le roman de Marlen Haushofer, devenu un classique du roman d’anticipation, diffère totalement des autres romans du genre. Perdue au milieu de la forêt autrichienne, une femme, la narratrice, tient un journal de bord dans lequel elle relate ses souvenirs d’avant et après la catastrophe qui effaça de la surface de la terre pratiquement toute l’humanité. Elle y relate le passage des saisons, la survie et la compagnie de quelques animaux dans un chalet d’alpage.
Station Eleven d’Emily St John Mandel
Contrairement aux romans d’anticipation ou post-apocalyptiques récents, Station Eleven s’attarde plutôt sur le présent et livre un beau plaidoyer sur l’amour et la force de l’art. Vingt ans après la terrible pandémie, une petite troupe de théâtre itinérante va de communautés en communautés pour jouer du Shakespeare et du Beethoven. Chemin faisant, l’auteure mêle habilement l’effondrement d’un monde et la naissance d’un autre.
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