Il n’y a encore pas si longtemps, écrire ou filmer l’homosexualité représentait une grave transgression aux préceptes moraux d’une société viscéralement conservatrice. Aujourd’hui, de The L word à Point cardinal en passant par Brokeback Mountain, Six feet under et bien d’autres, raconter une histoire d’amour ou un coup de foudre entre deux personnes du même genre est enfin devenu un sujet comme un autre qui ne déchaîne – presque – plus les passions.
Coups de foudre au masculin
La découverte et la révélation par un événement ou une rencontre de son moi profond est un des grands sujets littéraires liés à l’homosexualité. Un cas de figure qu’illustrent parfaitement les deux célèbres cowboys gays imaginés par la romancière Annie Proulx et rendus célèbres par les interprétations de Heath Ledger et de Jake Gyllenhaal. Au-delà de la démythification d’un prétendu symbole de virilité, Brokeback mountain est avant tout le roman d’un puissant coup de foudre entre deux hommes absolument pas préparés à ce qui va leur arriver. Toujours en Amérique mais cette fois dans les années 40, Un garçon près de la rivière du scénariste Gore Vidal met en scène la première et dernière nuit d’amour de deux adolescents. En abordant l’homosexualité frontalement et sans subterfuge, ce roman très audacieux de 1948 fut une véritable bombe littéraire à son époque.
Révélations au féminin
Direction l’Angleterre pour deux romans majeurs sur la découverte de l’homosexualité féminine. Tout d’abord le manifeste féministe Les oranges ne sont pas les seuls fruits, où, sous la forme d’un récit aux accents autobiographiques, la romancière engagée Jeanette Winterson raconte toute la difficulté pour une fille de « bonne » famille de faire l’apprentissage d’une sexualité différente. Retour à l’époque victorienne pour le sulfureux roman de Sarah Waters, Caresser le velours. Dans cette initiation au saphisme, une jeune écaillère découvre son homosexualité au contact d’une chanteuse de music-hall qui lui ouvre les portes du milieu lesbien des nuits londoniennes.
Les bons mots pour le dire
Comment parler de sa différence aux plus petit·e·s, comment leur expliquer pourquoi ils·elles ont deux mamans, deux papas, deux tontons ou deux tatas… Pour faire face à ces questionnements qui mettent les adultes souvent bien plus mal à l’aise que les enfants, on peut s’appuyer sans crainte sur le livre graphique, pétillant et intelligent de Ophélie Texier. Avec Jean a deux mamans, elle explique l’homoparentalité à tous·tes les plus petit·e·s concerné·e·s par une situation qui tend à devenir de moins en moins exceptionnelle. De son côté Marie-Aude Murail a choisi le roman familial pour introduire auprès des adolescent·e·s des sujets délicats comme l’homosexualité, la maladie ou l’abandon parental. Antidote survitaminé contre tous les conformismes, Oh, boy ! plonge au cœur d’une fratrie déjantée pour dézinguer avec bonheur tous les clichés et les préjugés qui nous plombent l’existence.
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Aller + loin : Tous pareils, tous pas pareils : des livres sur la différence