Le 10 mai, l’on commémore la loi de 2001, reconnaissant l’esclavage et la traite comme crime contre l’humanité. L’occasion d’un retour sur quelques-uns de ces livres qui ont dénoncé avec force la pire forme d’asservissement de notre monde. Six livres pour témoigner, six livres pour se souvenir. Sélection.
La Case de l’oncle Tom
Dans l’Amérique des années 1850, Harriet Beecher-Stowe a détonné. Épouse d’un pasteur anti-esclavagiste, elle découvre la traite négrière à l’occasion d’un périple dans le Kentucky. C’est de son observation que naît La Case de l’oncle Tom, roman du pathos devenu le premier livre vendu à plus d’un million d’exemplaires aux États-Unis. Une décennie après sa parution, le pays allait se déchirer sur la question de l’abolition de l’esclavage, aboutissant à la Guerre de Sécession.
Racines
En racontant l’histoire de sa famille, Alex Haley a rendu un passé à des millions d’américain. Racines revient sur le lointain ancêtre de l’auteur, capturé et vendu en Gambie à la fin du XVIIIème siècle et devenu, comme tant d’autres, ramasseur de coton aux États-Unis. Sur sept générations, l’auteur dépeint avec une acuité et un sens aigu du romanesque la tragédie de l’esclavage et des Africains arrachés à leur terre pour toujours.
Beloved
Si Toni Morrison a reçu le prix Nobel en 1993, nul doute que Beloved a contribué à la faire entrer dans le panthéon de la littérature mondiale. En suivant le parcours chaotique d’une esclave nommée Sethe, ce roman illustre le drame de l’esclavage sur un mode très original. Les fantômes du passé surgissent, les destins se pétrifient dans l’horreur, et c’est toute une communauté qui semble participer au cri de douleur lancé par Morrison.
Les Confessions de Nat Turner
Avant Le Choix de Sophie, William Styron avait déjà puisé dans l’Histoire le sujet d’un roman bouleversant. Les Confessions de Nat Turner reviennent sur un fait peu connu du passé esclavagiste américain : la terrible révolte de 1831, en Virginie, qui eut pour résultats des centaines de morts, chez les Blancs et les Noirs. C’est aussi le portrait d’une époque dramatique, dans lequel justifications religieuses, quête du lucre et violence sont présentés au grand jour.
Tamango
La Venus d’Ille, Mateo Falcone ou Colomba évoquent toujours des souvenirs émus à ceux qui étudièrent ces nouvelles de Prosper Mérimée au collège ou lycée. Mais l’écrivain a laissé une œuvre plus controversée avec Tamango, histoire d’un Noir n’hésitant pas à vendre ses camarades aux esclavagistes français. Un récit court, peinture de la violence et de la révolte d’esclaves en partance pour l’Amérique, qui voit Mérimée s’engager contre un fléau de son époque.
Absalon, Absalon !
Dans toute son œuvre romanesque, William Faulkner a dressé la peinture d’une contrée fictive, Yoknapatawpha, située au Sud des États-Unis. Une région hélas connue pour sa propension à l’exploitation de l’homme et dont Absalon, Absalon ! pourrait être l’une des visions les plus sombres. Car Faulkner ne narre pas la vie d’esclaves, mais bien l’ambition suicidaire des maîtres, la vaine quête d’un profit qui écrase l’homme, et aussi le lien entre Noirs et Blancs dans la fabrication de la société américaine. L’un des chefs-d’œuvres de la littérature du XXème siècle.
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Visuel d’illustration © Kaley Dykstra