Décryptage

Conjuring : quelle est la véritable histoire d’Ed et Lorraine Warren ?

09 septembre 2025
Par Mathieu M.
Conjuring : quelle est la véritable histoire d'Ed et Lorraine Warren ?
©Warner Bros. France

Avec « Conjuring : L’heure du jugement », en salles ce 10 septembre 2025, la saga horrifique la plus lucrative de l’histoire rouvre ses dossiers. L’occasion de revenir sur ses héros, Ed et Lorraine Warren. Qui étaient ces deux enquêteurs paranormaux ? Derrière la légende hollywoodienne se cache une histoire complexe, entre enquêtes réelles et controverses tenaces. Décryptage d’un mythe.

« Les événements que vous allez voir sont basés sur les dossiers d’Ed et Lorraine Warren. » Cette simple phrase, martelée au début de chaque volet de la saga Conjuring, est bien plus qu’un avertissement : c’est un pacte.

Sur cette promesse de « réel », le réalisateur James Wan n’a pas seulement créé une franchise horrifique, il a sculpté toute une mythologie, transformant un couple d’enquêteurs du paranormal en figures quasi saintes. Mais la vérité est souvent moins photogénique que la fiction. Derrière ces héros de cinéma se cache une histoire complexe où les exploits se mêlent aux controverses, où la foi sincère côtoie un sens aigu du spectacle. 

Quelle est la part de vérité ?

Avant de devenir les héros incarnés par Patrick Wilson et Vera Farmiga, Ed (décédé en 2006) et Lorraine (décédée en 2019) Warren étaient de véritables figures de la contre-culture américaine. Lui se présentait comme un « démonologue » autodidacte, elle comme une médium clairvoyante.

Toute une carrière passée à traquer l’invisible et dont les affaires les plus célèbres, celles-là même que l’on retrouve au cœur de la saga – de la famille Perron et la sorcière Bathsheba (Conjuring) au poltergeist d’Enfield (Conjuring 2) en passant par le procès d’Arne Johnson (Conjuring 3) – figurent bel et bien à leur tableau de chasse.

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Au cœur de leur QG du Connecticut, un modeste pavillon de la petite ville de Monroe, leur musée de l’occulte abritait tout un bric-à-brac d’objets prétendument maudits. Au cœur de leur collection, une pièce maîtresse : Annabelle. Oubliez la poupée de porcelaine maléfique du film. L’originale est une simple poupée de chiffon au sourire figé. Un jouet Raggedy Ann, icône des chambres d’enfants américaines, dont l’innocence rendait la menace encore plus glaçante avant qu’Hollywood ne lui offre un lifting diabolique pour en faire une vedette de l’horreur.

Aujourd’hui, le Warren’s Occult Museum est fermé, victime de son propre succès : après la mort de Lorraine en 2019, l’afflux de fans a conduit à sa fermeture pour de simples raisons de zonage municipal. La forteresse des plus grands chasseurs de démons vaincue non pas par Belzébuth mais par la bureaucratie.

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Quelle est la zone grise ?

Pourtant, il aura suffi de gratter le vernis de leur respectable autorité morale pour voir se fissurer le mythe. Et c’est l’affaire qui les a propulsés au rang de superstars du paranormal, la maison d’Amityville, qui s’est finalement révélé leur péché originel. Cette histoire de la famille Lutz qui a prétendu avoir fui sa maison après 28 jours, terrorisée par des phénomènes démoniaques.

Une histoire en or que les Warren ont personnellement validée face aux caméras, mais dont la crédibilité s’est effondrée quand l’avocat des Lutz lui-même a lâché une bombe dans la presse : « Nous avons créé cette histoire d’horreur autour de nombreuses bouteilles de vin ».

Le doute s’installe et il ne les quittera plus. Il les suivra jusqu’en Angleterre, sur les lieux du cas Enfield. Le film en fait des sauveurs. La réalité est moins glorieuse. L’enquêteur principal sur place les a décrits comme des visiteurs arrivés « sans y être invités », ne cherchant qu’à tirer profit de l’affaire. Le titre même d’Ed Warren – unique « démonologue » laïc reconnu par le Vatican – n’a jamais été officiellement confirmé par l’Église, laissant leur autorité autoproclamée sans fondement officiel.

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Quelle est la pure fiction ?

Enfin, il y a le grand saut dans la fiction, là où Hollywood ne se contente plus d’arranger la vérité mais l’invente de toutes pièces. L’antagoniste le plus marquant de la saga, la nonne démoniaque Valak, silhouette spectrale au maquillage blafard, est une pure création des studios.

L’idée, soufflée par James Wan, est diaboliquement efficace : en inventant cette nonne fantomatique, il donne un visage à l’angoisse de Lorraine Warren et fait de sa foi la cible directe du Mal. Le triomphe est tel que le personnage a aussitôt eu droit à son propre spin-off, officialisant la méthode qui allait définir la saga : construire un univers partagé. 

L’idée ? Tirer sur le fil d’un personnage ou d’un objet secondaire, façon Marvel, pour lui offrir sa propre franchise. Mais pour faire de cet univers un succès, il fallait des héros plus grands que nature. La stratégie a donc aussi consisté à réinventer les Warren eux-mêmes. Le Conjuring Universe montre ainsi un Ed pratiquant des exorcismes, un rituel que, en tant que laïc, il n’avait aucune autorisation de mener, le métamorphosant en combattant de première ligne pour les besoins du grand spectacle.

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Le génie de l’affaire n’est donc pas celui des Warren, mais bien celui des cinéastes. En véritables alchimistes, ils ont transformé le plomb des controverses en or du box-office. Ils ont pris un récit et l’ont transfiguré en conte de fées horrifique, faisant de deux enquêteurs contestés les saints patrons d’un Hollywood qui préférera toujours la légende à la vérité. Car la seule magie qui, au fond, reste inexplicable, c’est celle d’une bonne histoire.

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