La chanteuse américaine Chappell Roan donnait ce mercredi 20 août 2025 son premier et unique concert en France au festival Rock en Seine. Et le verdict est sans appel : ce fut une réussite totale. Retour sur cette performance flamboyante qui a fait l’unanimité.
Je suis photographe de concert. Des shows, j’en ai fait des centaines. Parfois, c’est 4 à 5 soirs par semaine. J’ai vu des artistes dans des toutes petites salles, j’ai vu Beyoncé au Stade de France, Lana Del Rey, Billie Eilish… Et je peux vous le dire : le concert de Chappell Roan à Rock en Seine ce 20 août 2025 entre directement dans mon top 10. Pas seulement pour le spectacle, mais pour tout ce qu’il représente. C’était une communion, une fête, et la confirmation qu’une star immense est en train de naître sous nos yeux.
Le temps n’était pas très beau, il avait plu un peu avant, il faisait un peu frais. Mais l’ambiance, elle, était bouillante. On sentait que la foule était en fusion, que Chappell Roan était attendue. Une playlist tournait avant son arrivée, avec uniquement des morceaux pop très girl power : du Lady Gaga, du Katy Perry… Et tout le monde chantait déjà. Il y avait une véritable chorale qui s’était installée avant même son entrée sur scène. Alors ses quelques minutes de retard lui ont été immédiatement pardonnées.
Une reine-papillon dans un château féérique
Et puis, la Grande scène s’est allumée vers 22h. C’était féérique, on aurait dit un château de la Belle au bois dormant, avec plein de lumières, de la fumée… Un univers qui avait quelque chose d’elfique. Et là, elle arrive. Chappell entame son set et c’est direct : le public, du premier rang jusqu’à loin derrière la régie, était à fond.
Elle portait une robe magnifique, verte, en forme de grand papillon, avec une sorte de grand chapeau qui était à moitié une couronne. Très reine, très princesse… Une princesse papillon. Ce vert-bleu faisait un contraste incroyable avec ses cheveux roux. La colorimétrie était absolument superbe. Et puis ce maquillage de drag queen qu’on lui connaît, qui était impeccable. Visuellement, c’était une claque.
Elle enchaîne tout de suite avec un autre de ses tubes, Femininomenon, un morceau qui fait vraiment danser et qui est très féministe aussi. La soirée était lancée.
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Un public libre à son image
Ce qui m’a le plus marquée, c’est son public, très queer, très lesbien. Et surtout d’une bienveillance rare. Par rapport à des concerts où ça se donne des coups de coude pour être au premier rang, là, les gens dansaient ensemble. D’ailleurs, à un moment, j’ai été bousculée par mégarde par une fille très investie dans le concert qui, pour toute réponse, m’a fait un câlin pour s’excuser. C’était ça, l’ambiance.
Le public était looké, comme elle. J’ai vu des filles en statue de la Liberté, des maquillages hyper prononcés, des looks clownesques, triomphants. Très, très Chappell Roan en fait.
Elle a enchaîné tous ses tubes, les plus récents comme les plus anciens : Red Wine Supernova, Hot to Go!, Casual… J’ai adoré la façon dont elle alternait les gros tubes bien pop avec des morceaux plus doux, plus touchants, plus personnels. Cela créait une espèce de tension en dents de scie pendant tout le set. Parfois elle envoyait une grosse sauce, et à d’autres moments, elle calmait tout pour un instant de grâce. Car sa musique est au final beaucoup plus complexe qu’il n’y paraît : un mélange pop 80’s, solos de guitare presque hard rock et des piano-voix touchants.
Tout était impeccable : les lumières, les projections sur l’écran derrière elle… Tout est réfléchi pour la mettre en valeur, elle, mais aussi ses musiciennes. Elle les met grave en avant, et ça, ça fait partie de son militantisme, de sa sororité.
Ce que j’aime chez cette artiste, c’est son parcours. Elle vient du fin fond de sa campagne du Missouri, elle a galéré, les labels l’ont laissée tomber. Il y a à peine deux ans, personne ne savait qui elle était. Ce n’est pas une « nepo baby » : c’est une jeune femme queer de 27 ans qui a cru en son rêve et qui s’est accrochée. C’est une histoire universelle et émouvante.
Chappell Roan, c’est l’artiste que j’aurais eu besoin d’avoir quand j’avais entre 15 et 25 ans. Je sais qu’elle fait du bien aux jeunes aujourd’hui. Elle n’est pas dans la compétition, elle est dans le communautaire, mais un communautaire positif, bienveillant et inclusif. On en a tellement besoin. Même des confrères journalistes, des hommes hétéros, m’ont dit après le concert : « Ça nous a fait du bien. C’était beau, c’était impressionnant. » Parce que les messages qu’elle donne, ce sont des messages dont on a tous besoin.
Elle a un univers, une direction artistique soignée, elle est entière, talentueuse, engagée. Elle n’a pas peur de prendre position, de se mettre des gens à dos.
« Soyez vous-même ce soir »
J’aime les messages qu’elle passe sur scène. Elle dit toujours : « Je veux que vous soyez vous-même ce soir ». Elle chérit son public, elle est hyper reconnaissante et on pouvait vraiment sentir qu’elle était très touchée d’être là. Elle a même dit : « J’aimerais bien essayer de parler français, mais en fait, je suis tellement nerveuse ».
Il faut se souvenir qu’elle avait annulé une date au Bataclan l’année dernière, ce qui avait beaucoup déçu ses fans. Rock en Seine était donc sa première grosse date à Paris, une date unique en France, et elle était très attendue par les 35 000 spectateur.rices. Et ce qui était cool dans ce joli cadre du Domaine de Saint-Cloud, c’est qu’il y avait de la place pour danser, pour s’exprimer.
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Le final était une apothéose. Elle a bien sûr chanté son énorme tube Good Luck, Babe! qui l’a fait exploser sur TikTok. Puis elle a enchaîné avec My Kink is Karma avant de finir sur Pink Pony Club. Là, c’était une fête immense, une chorale géante. Tout le monde chantait les paroles par cœur. C’était vraiment une communion.
Chappell Roan mérite totalement la place qu’elle a aujourd’hui. Ce mercredi soir, à Rock en Seine, elle nous a fait rêver.
