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Will Sharpe : l’anti-héros romantique de la série « Too Much » aux multiples talents

08 juillet 2025
Par Catherine Rochon
Will Sharpe : l'anti-héros romantique de la série "Too Much" aux multiples talents
©Shutterstock

Après son rôle remarqué dans la saison 2 de « The White Lotus », Will Sharpe revient sur Netflix en anti-héros grunge dans la comédie romantique décalée « Too Much » de Lena Dunham. Mais ce jeune Britannique cache plus d’un talent derrière sa belle gueule. Portrait d’un touche-à-tout au talent protéiforme.

Bouille singulière, dégaine indie et charme irrésistible, Will Sharpe incarne une certaine idée du héros romantique, à la fois fragile et intense. Dans l’excellente saison 2 de The White Lotus, l’acteur incarnait Ethan, entrepreneur tech nouveau riche pris en étau entre son ami flamboyant (Theo James) et sa femme Harper (Aubrey Plaza). Un personnage complexe et taciturne, rongé par la jalousie. Le revoilà sur Netflix dans une nouvelle série qui devrait faire définitivement exploser sa carrière déjà florissante : Too Much, la dernière (et excellente) création de Lena Dunham, la géniale showrunneuse de Girls, toujours aussi douée pour dénicher de nouveaux talents – c’est elle qui a révélé la pépite Adam Driver.

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Né en 1986 dans le quartier bohème de Camden, à Londres, d’une mère anglaise et d’un père japonais, Will Sharpe grandit entre deux cultures. Sa mère, Janet, a travaillé dans le domaine de l’éducation et son père, Kensei, est un universitaire. Après une enfance entre Tokyo et l’Angleterre, le jeune William intègre le Robinson College de la prestigieuse université de Cambridge. C’est au cœur de ce vaste établissement de briques rouges que sa passion artistique va s’épanouir.

Il intègre rapidement la célèbre troupe de théâtre Footlights, un tremplin notoire pour de nombreux talents britanniques. Là, il perfectionne sa plume et son jeu. Puis rejoint la très influente Royal Shakespeare Company. Même si le comédien en herbe se sent à l’aise sur scène en interprétant Le Marchand de Venise, il envisage surtout de bifurquer vers l’écriture et la réalisation.

Un créateur surdoué

Après quelques petits rôles dans des séries télévisées comme Sherlock (2010) ou Casualty (2009-2010), il lance la sitcom Defending the Guilty (2019) avec Tom Kingsley, mais surtout sa propre série Flowers (2016-2018), qu’il crée, écrit et réalise. Cette tragicomédie plonge dans le quotidien d’une famille dysfonctionnelle, composée d’un auteur de livres pour enfants dépressif, d’une épouse frustrée, et de jumeaux adultes étranges. Sharpe y incarne Shun, l’illustrateur japonais qui vit au sein de ce clan aussi bizarroïde qu’attachant. Une œuvre à l’humour noir et délicat qui lui vaudra une nomination aux BAFTA (l’équivalent britannique des Oscars) en 2017. Et déjà une preuve de l’univers singulier de Will Sharpe, attiré par l’étrange, la poésie, le décalé. 

Will Sharpe continue à imposer sa marque avec Giri/Haji (2019), une série policière bilingue (anglais-japonais) qu’il a co-créée et co-écrite, et pour laquelle il a également réalisé plusieurs épisodes. Acclamé pour son originalité et sa mise en scène brillante, il remporte le BAFTA du meilleur réalisateur de fiction en 2020. Et ça ne s’arrête pas là. Il sera applaudi pour sa réjouissante mini-série Landscapers (2021) avec la grande Olivia Colman, puis l’adaptation cinématographique des mémoires de Michelle Zauner, chanteuse coréo-américaine du groupe Japanese Breakfast, Crying in H Mart: A Memoir.

Comme il le confiait dans une interview pour The Guardian en 2021 : « J’ai toujours été attiré par les histoires qui se déroulent dans les zones grises, où il n’y a pas de bons ou de mauvais, juste des êtres humains qui essaient de naviguer dans la vie.« 

Nouveau chouchou indé

C’est précisément cette zone grise qui se déploie au sein de l’excellente saison 2 de The White Lotus en 2022. Dans cette série qui moque les névroses des nouveaux riches et les dynamiques de pouvoir au sein d’un hôtel de luxe, Will Sharpe impose son jeu subtil face à une Aubrey Plaza vénéneuse. Son interprétation toute en nuances d’Ethan, mari rongé par la paranoïa, lui vaudra d’ailleurs une nomination aux Emmy Awards. Et va constituer un joli coup de projecteur. 

Et c’est sans doute cette présence dense qui a séduit Lena Dunham, en quête d’un premier rôle masculin pour son nouveau projet, Too Much. Dans sa série semi-autobiographique diffusée sur Netflix dès ce 10 juillet, la créatrice américaine revient sur sa rencontre (et sa relation électrique) à Londres avec celui qui deviendra son mari, le musicien Luis Felber.

«  Will a cette capacité incroyable à dégager de la chaleur et de l’intelligence, mais aussi ce sentiment que quelque chose de plus profond et plus sombre est toujours prêt à émerger. Cette dualité était exactement ce qu’il fallait au personnage de Felix », explique l’actrice, réalisatrice et scénariste dans Vanity Fair. Les deux artistes se rencontrent autour d’une tasse de thé : le coup de foudre a été immédiat. « Il était clair dès le départ qu’il y avait une chimie créative facile », se souvient l’acteur, fan inconditionnel de Girls.

Bande-annonce de la série Too Much

Dans cette irrésistible comédie romantique scindée en dix épisodes, Will Sharpe campe un musicien indé aux ongles vernis et à la personnalité lunaire, dont la folie douce va percuter celle de la pétillante héroïne américaine, Jessica (Megan Stalter, échappée de la série Hacks). « Lena a réussi à saisir ce que l’on ressent quand deux personnes se rencontrent pour la première fois. Cette sensation que le temps semble suspendu… Mais la série montre aussi la réalité de tomber amoureux tout en affrontant les complexités du traumatisme », confie l’acteur.

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En déconstruisant les clichés du couple idéal, en explorant avec drôlerie les fêlures de ses anti-héros cabossés, Too Much s’impose d’ores et déjà comme l’une des meilleures séries de 2025. Et devrait définitivement consacrer le magnétique Will Sharpe, artiste aux multiples talents et adepte des ombres et lumières, capable d’explorer les marges comme les territoires mainstream.

La suite ? Il est déjà en train de l’écrire aux côtés d’une autre révélation : la formidable Ayo Edebiri de la série The Bear. Will Sharpe créera, écrira et réalisera la série Prodigies, tandis que la jeune actrice la produira. On y suivra l’histoire singulière d’un couple formé de deux anciens enfants prodiges, liés depuis l’enfance et qui, à l’aube de leurs 30 ans, commencent à douter : de leur parcours, de leurs rêves… et l’un de l’autre. Une nouvelle façon de bousculer les carcans et de prendre le contre-pied de la romcom classique.

Article rédigé par
Catherine Rochon
Catherine Rochon
Responsable éditoriale
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