Décryptage

Sortez les Perfectos, l’indie sleaze est de retour

02 avril 2025
Par Lucyle Espieussas
Sortez les Perfectos, l’indie sleaze est de retour
©Shutterstock

Si la mode est un éternel recommencement, la musique l’est également, puisant toujours plus dans le passé à la recherche d’inspiration pour les tenues et les sons du futur. Après la mode Y2K, l’indie sleaze semble faire son retour, avec quelques adaptations propres à 2025. Décryptage.

Jean slim, imprimés léopard, perfecto ou, pour les plus audacieuses, ballerines : ces pièces phares datant des années 2010 sont aujourd’hui les reliquats de l’esthétique indie sleaze. À l’époque, il suffisait de regarder les musiciens au premier rang des défilés Celine par Hedi Slimane, les vieux clips de The Libertines, ou encore les photos de Kate Moss et Pete Doherty à Glastonbury pour capter l’essence de ce courant artistique.

À l’opposé de l’esthétique clean girl, qui voit des femmes parfaites avec des routines de soin particulièrement complexes et un style plus classique, l‘indie sleaze se veut désordonné, vintage, outrancier, tout comme la musique à laquelle il est associé – les rock bands anglo-saxons, comme The Strokes et Arctic Monkeys, mais aussi les groupes français tels que Justice, Daft Punk, BB Brunes ou encore Les Plastiscines.

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Mais le temps laissant sa marque sur tout un chacun, Peter Doherty est plus occupé à kiffer le grand air en Normandie qu’à lancer des modes, les BB Brunes évoluent respectivement en solo, Alex Turner (leader des Arctic Monkeys) est quelque part sur Terre sans téléphone et Julian Casablancas a décidé de privilégier son side project The Voidz après le brillant retour de ses Strokes en 2020.

Alors, quelles sont les figures de ce retour de l’indie sleaze version 2.0 ? 

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Genèse de l’indie sleaze 

Parmi les figures de cette mouvance, en France, on retrouvait BB Brunes, Les Plastiscines, Second Sex, Shades et tous les autres groupes mis en avant par Philippe Manoeuvre. Félix Hemmen, guitariste de BB Brunes, fait partie des idoles des jeunes de l’époque, chaque lycée français voyant son groupe indie rock émerger, perfecto sur les épaules et jean slim aux pattes.

« Pour moi, la mode ce n’était pas le plus important, mais c’est vrai que la façon dont tu t’habilles sur scène est un prolongement de l’expression artistique. Adrien [Gallo, le chanteur, ndlr] et Karim [Réveillé, le batteur, ndlr] y apportaient beaucoup plus d’importance, confie Félix Hemmen à quelques jours de la sortie de son deuxième EP solo, sous le nom de Hemmen. On nous collait l’étiquette de “bébés rockeurs”, mais The Strokes, The Libertines, Arctic Monkeys étaient là avant nous. On était fans de toute leur esthétique et de leur musique. » 

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Ce mouvement permettait de se reconnaître visuellement aussi bien que musicalement et, par conséquent, a permis à des bandes de se former – aussi bien des groupes musicaux que d’amis, qui partageaient ainsi les mêmes affinités, gravitant autour de leurs idoles de l’époque.

« Avec cette mouvance, l’indie sleaze, il y avait surtout un esprit de camaraderie qui te permettait d’être proche de tes idoles, et j’ai l’impression qu’il n’y a plus trop ça, en tout cas dans le rock, aujourd’hui », explique Louis, 32 ans, musicien à l’ère de l’indie sleaze, qui a emboîté le pas aux Libertines et autres BB Brunes.

Indie sleaze version BeReal

En 2025, l’indie sleaze ne se limite plus aux personnes qui portent un t-shirt de Nirvana ou The Clash, mais le mouvement semble avoir atteint de nouvelles sphères, plus en phase avec 2025, entre rock et électro. En témoigne l’artiste américain The Dare qui, avec son costume cintré et ses lunettes noires, n’aurait pas fait tache dans un groupe indie des 2000, et s’impose en tant que chef de file de cette renaissance du mouvement.

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Parmi les femmes – trop peu nombreuses –, on retrouve Charli XCX et Olivia Rodrigo en égéries de la marque Converse, fidèles chaussures des kids de l’indie sleaze (avec les Dr Martens, évidemment). Les New-Yorkais de Fcukers – groupe adoré de Julian Casablancas à The Dare, en passant par les post-punks irlandais de Fontaines D.C. – illustrent parfaitement le renouveau aussi bien mode que musical de cette tendance des années 2010, leur électro version MySpace se mêlant aux esthétiques de l’indie rock, remixant LCD Soundsystem et voyant leurs propres titres eux-mêmes remixés par MGMT

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Le remix du tube de Fcukers, « Bon Bon »

« C’est vrai que l’imagerie des années 2000 revient vachement, les photos un peu dégueu en mode premiers appareils numériques, filmer un concert au caméscope, l’esthétique à la Skins, c’était cool », s’amuse Félix Hemmen.

« Là où on va le retrouver maintenant, ça sera peut-être dans la scène irlandaise, avec Fontaines D.C., Chalk, Gurriers, The Murder Capital… Il y a un patriotisme à l’irlandaise, mais aussi une forme de soutien, tous les groupes se connaissent, et chaque fois que l’un d’eux sort un projet, tous les autres le soutiennent et partagent sur leurs réseaux. C’est un esprit de camaraderie qui était hyper présent dans l’indie sleaze », continue-t-il.

À quand un retour français de l’indie sleaze ? 

En France, si l’esthétique indie sleaze peut se retrouver sur scène avec Oklou, Last train ou encore Vera Daisies, peu de choses lient ces artistes musicalement : il est vrai que depuis les années 2010, le rap a largement pris le dessus sur le rock en France, qui reste pour l’instant fan de l’hyperpop, laissant l’indie sleaze orphelin. 

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Et si Fontaines D.C. et autres compatriotes semblent le mieux illustrer l’esprit de cette tendance, leur influence mode est tout aussi importante. En témoignent la montée du créateur irlandais Simone Rocha, ou encore le nombre de mecs aux cheveux roses façon Carlos O’Connell, guitariste du groupe.

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Aujourd’hui, les Converse sont toujours présentes, mais la veste Adidas semble avoir remplacé le perfecto, à l’image toujours de Fontaines D.C., ou encore de Disgusting Sisters, groupe franco-britannique composé de deux sœurs qui englobent à elles deux le mix parfait entre The Strokes et Charli XCX.

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Cependant, à l’ère post #MeToo, il semble nécessaire de rappeler que ce mouvement était particulièrement masculin : les it girls du moment étaient des mannequins et non des artistes, la musique étant réservée à leurs mecs, qui eux avaient leur groupe – à l’exception (française) des Plastiscines.

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Aujourd’hui, avec Charli XCX, Fcukers ou encore Disgusting Sisters, l’indie sleaze permet aux femmes de se retrouver sous le feu des projecteurs et non plus seulement devant les flashs des paparazzi.

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