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Mort de Roy Ayers : l’héritage que nous laisse ce parrain du groove

07 mars 2025
Par Julien D.
Mort de Roy Ayers : l'héritage que nous laisse ce parrain du groove

Chantre d’un groove conjugué au pluriel comme de ces vibrations soul, jazz, funk et même disco, Roy Ayers, le célèbre vibraphoniste, arrangeur, compositeur et chanteur est décédé à l’âge de 84 ans ce 4 mars 2025 à New York. Prolifique durant presque six décennies de carrière, il laisse un héritage majeur composé de centaines d’enregistrements et de multiples collaborations qui ont influencé des générations de musiciens.

L’histoire se passe à Los Angeles d’où est originaire Roy Ayers, né en 1940. Ce serait à la suite d’un concert du grand vibraphoniste Lionel Hampton dont les parents du jeune Roy Ayers étaient fans que le célèbre jazzman lui aurait offert sa première paire de baguettes/maillets pour vibraphone (une sorte de xylophone). C’est la révélation. Ayers fils adopte le vibraphone jusqu’à le porter durant sa carrière vers des sphères musicales bien éloignées du spectre jazz dans lequel l’instrument était souvent reclus dans les années cinquante et soixante naissantes.

A la différence d’autres acteurs illustres de la Great Black Music, le musicien californien n’est pas toujours très bien identifié dans l’inconscient collectif. Ses dernières venues en France il y a quelques années en témoignent. C’est dans l’un des plus célèbres club sde la capitale (le New Morning) certes rempli à ras bord qu’il s’est produit. Pas dans des salles de grande capacité type Olympia ou Zénith.

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Des tubes inoubliables

Adulé des aficionados du jazz, de la soul, du funk et de ces glissades disco que Roy Ayers (en tant que producteur et arrangeur) aura à sa façon contribuée à façonner au mitant des seventies, il ne va pas sans dire que le grand public ne connaissait peut-être pas vraiment son nom… Ses tubes en revanche, probablement. 

Everybody Love The Sunshine en tête de liste évidemment, mais aussi Searchin’, Running Away, Can’t You see Me et bien d’autres compositions de Roy Ayers ont résonné année après année, jusqu’à être copieusement et habilement samplées par les esthètes du rap, du R’n’B et de l’acid jazz des années 90’s et 2000’s comme A Tribe Call Quest, Dr Dre, Madlib, J-Dilla, N.W.A, Mary J. Blidge. Quand d’autres le convoquaient directement pour enregistrer les vibrations géniales du maestro, à l’instar de Guru et le projet Jazzmatazz ou la série Jazz is Dead.   

L’héritage de Roy Ayers

Mais à l’heure d’une industrie musicale ou tout va très vite, c’est souvent à l’occasion d’un coup d’œil dans le rétro qu’on réalise le legs et l’influence d’un musicien de la trempe de Roy Ayers. Un constat qui en effet donne le tournis. Une cinquantaine d’albums au compteur sous différents noms (le sien, ses groupes Ubiquity ou RAMP, des collaborations au long court, des lives, des inedits). Comme nous le rappelle Frederic Adrian, auteur-journaliste expert en musiques afro-américaines dont les bouquins sont souvent très instructifs, « Roy Ayers, c’est mille vies en une seule. En 60 ans de carrière, il a multiplié les rôles et les registre. »

Patron de label, arrangeur pour une multitude de projets, pièce maitresse d’albums devenus au fil des ans des classiques dans leurs genre respectifs (le jazz-funk groovy de Memphis Underground d’Herbie Mann, l’ambitieux Nu-Yorican Soul, projet latin-house-soul de la paire de deejay’s Masters At Work) et toujours présent aux côtés d’une nouvelle génération portant haut les couleurs de la Great Black Music. Une forme de parrainage bienveillant.

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C’est aussi cette façon d’appréhender et de faire de la musique qui l’auront également conduit jusqu’au Nigeria au début des années 80 pour mettre en boîte l’une des meilleures faces enregistrées avec Fela Anikulapo Kuti. Là aussi, une figure tout aussi influente et inspirante dans la sphère des musiques africaines. Résultat : un brûlot coup de poing.

Les 18 minutes gravées (2000 Blacks Got To Be Free) résonnent à jamais dans un tourbillon pré-house/disco-funk/ afrobeat ou le touché funky de Roy Ayers fait des miracles. Un titre qui préfigure déjà la déferlante “nigériane” à laquelle on assiste aujourd’hui (Burna Boy, Rema, Wizkid…) et dont toute une génération de musiciens afro-américains se délecte. Et ainsi, on se laisse à penser que la boucle est bouclée.

Article rédigé par
Julien D.
Julien D.
Disquaire à la Fnac Montparnasse
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