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Bad Bunny : pourquoi son nouvel album, Debí Tirar Más Fotos, fait le buzz ?

22 janvier 2025
Par Joséphine B.
Bad Bunny : pourquoi son nouvel album, Debí Tirar Más Fotos, fait le buzz ?
©Rimas Music

Avec Debí Tirar Más Fotos, le chanteur Bad Bunny fait un retour fracassant dans l’univers musical, mais pas uniquement. Devenu viral sur les réseaux sociaux, ce sixième opus est une déclaration d’amour à Porto Rico, son pays d’origine. Entre sonorités entraînantes et paroles engagées, Bad Bunny propose un bijou qui ne laisse pas indifférent.

Hommage à Porto Rico, entre dénonciation et inquiétudes

S’il nous avait habitué à une ambiance sensuelle et des paroles lascives, comme dans son titre Dákiti issu de l’album El Último Tour Del Mundo sorti en 2020, Bad Bunny (de son vrai nom Benito Antonio Martínez Ocasio) livre une oeuvre bien plus personnelle et politique avec son tout nouvel opus, Debí Tirar Más Fotos. Contrairement à d’autres artistes qui performent en anglais pour être compris à l’international, il fait le choix risqué mais audacieux de chanter en argot portoricain, renforçant le caractère traditionnel de sa musique en lui apportant une touche unique.

Au-delà de la langue, Debí Tirar Más Fotos se démarque par les paroles engagées de Bad Bunny. Aujourd’hui, Porto Rico subit la précarité, le chômage ou bien encore l’émigration qui la fragilisent grandement. Dans son titre LO QUE LE PASÓ A HAWAii, le chanteur s’inquiète de la gentrification de l’île caribéenne, à l’instar de la situation à Hawaï. Il fait notamment référence aux nombreux riches investisseurs américains qui s’intéressent aux plages de l’île. Dans un style à la fois reggaeton et latin trap auquel il est fidèle, Bad Bunny s’empare de thématiques lourdes et invisibilisées pour dénoncer la situation dramatique que connaît Porto Rico.

Un artiste multi-engagé

Bad Bunny n’est pas simplement un chanteur latino dont les musiques renvoient à l’ambiance festive des soirées d’été. Artiste pleinement engagé, il n’hésite pas à utiliser sa voix pour véhiculer des messages qui lui tiennent à cœur. Avec ce nouvel album, le chanteur réaffirme son engagement en faveur de son pays natal, notamment dans un contexte politique qui fait parler.

La sortie de Debí Tirar Más Fotos à cette période où les Etats-Unis accueillent leur 47e président n’est pas le fruit du hasard. Après avoir appelé le peuple américain à voter pour Kamala Harris lors des élections de novembre 2024, Bad Bunny n’a jamais masqué son inquiétude quant à l’avenir de Porto Rico si Donald Trump était réélu. En effet, lors de la campagne présidentielle, l’humoriste et partisan trumpiste Tony Hincliffe avait notamment tenu des propos outranciers, qualifiant Porto Rico d’ »île d’ordures flottantes ».

Au-delà de la défense de son pays, Bad Bunny dénonce les violences conjugales et défend fièrement les droits LGBTQIA+. En 2023, il est récompensé du GLAAD Vaguard Award pour sa contribution significative à l’égalité des droits de la communauté. Dans le clip de Yo Perreo Sola, Bad Bunny prend des allures de drag-queen pour défendre la cause féministe ainsi que les personnes queers. Un geste symbolique vivement salué. De plus, lors d’une performance sur le plateau de l’animateur Jimmy Fallon, l’artiste de 30 ans avait arboré un t-shirt dont l’inscription « Mataron a Alexa, no a un hombre con falda » (« Ils ont tué Alexa, pas un homme avec une jupe ») rendait hommage à Alexa Negrón Luciano, une femme transgenre assassinée à Porto Rico.

Quand l’émotion cartonne sur les réseaux sociaux

Alors qu’il est sorti un dimanche (à contre-courant du calendrier traditionnel des sorties musicales du vendredi), l’album s’est hissé à la première place du classement d’écoutes en streaming de Billboard, boosté notamment par le réseau social TikTok, véritable propulseur pour de nombreux artistes. Sur la plateforme, des milliers d’internautes se sont filmés en découvrant les paroles tristes et touchantes du titre DtMF, hymne aux souvenirs et au regret : «  J’aurais dû prendre plus de photos quand j’t’avais, plus t’embrasser, t’câliner chaque fois qu’j’le pouvais ».

Ces paroles mélancoliques, émouvantes et pleines de nostalgie, renvoient à une séparation ou la perte d’un être cher, une situation à laquelle chacun d’entre nous peut s’identifier. Ainsi, nombreux sont ceux qui n’ont pu retenir leurs larmes à l’écoute du titre. Si l’émotion fût de mise côté internautes, Bad Bunny s’est également prêté au jeu en se filmant à son tour, ému aux larmes par les nombreuses réactions provoquées par le morceau.

Par ailleurs, la pochette de l’album est également chargée de sens. Les deux chaises semblent représenter le vide laissé par des personnes qui ne sont plus là, tandis que le cadre et les couleurs sont un clin d’œil à Porto Rico. Une chose est sûre : la beauté de ce visuel déjà iconique renforce indéniablement le sentiment de nostalgie lié aux souvenirs.

Bad Bunny album

Alors, qu’en retient-on ?

Un rythme entraînant, des sons latin trap et une ambiance assurée : pas de doute, Bad Bunny nous régale une fois de plus avec des titres qui nous emportent dès la première écoute. Le puissant contraste entre la bonne humeur apportée par les sonorités reggaeton et la brutalité de la réalité évoquée dans les paroles offre un caractère unique à cet album qui devient, de fait, une œuvre emplie de sens et pleinement engagée. D’ores et déjà un must de l’année 2025.

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Article rédigé par
Joséphine B.
Joséphine B.
Rédactrice fnac.com
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