Décryptage

Gladiator… et le péplum ressuscita. Ave Ridley !

13 novembre 2024
Par Lucie
Gladiator... et le péplum ressuscita. Ave Ridley !
©Universal Pictures

C’est une suite ô combien attendue – au tournant – qui arrive sur nos écrans. Dans Gladiator II, Paul Mescal aura la lourde tâche de marcher sur les traces de Russell Crow. À lui de trouver force et honneur pour se glisser sans trembler dans la peau de Lucius, fils de Lucilla et… de Maximus. L’occasion de revenir sur le destin semé d’embûches et de gloire d’un premier opus qui s’est imposé comme l’un des meilleurs péplums de l’histoire.

Une antiquité ressuscitée

Les Dix CommandementsBen Hur, Spartacus, La Chute de l’empire romain, Cléopâtre, La Bible… Les années 1960 ont véritablement marqué l’âge d’or d’un péplum hollywoodien grandiose et spectaculaire avec, aux commandes, certains des plus grands réalisateurs de l’histoire du cinéma. Cecile B. DeMille, William Wyler, Stanley Kubrick, Anthony Mann, Joseph L. Mankiewicz, John Huston… Tous se sont prêtés à l’exercice du récit antique, avant de voir le péplum peu à peu traverser trois longues décennies de purgatoire. Jusqu’à ce jour d’un nouveau millénaire à peine engagé. Le 20 juin 2000 sort en France un film très librement inspiré de La Chute de l’empire romain d’Anthony Mann : moqué, dénigré par les têtes pensantes de la presse spécialisée tout au long de sa préparation, le Gladiator de Ridley Scott allait pourtant marquer d’une pierre blanche la renaissance d’un genre que l’on pensait épuisé. Et Ridley Scott, en osant se jeter dans l’arène, de nous livrer une de ces brillantes démonstrations de cinéma.

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De Narcisse à Maximus

Le 31 décembre 192, Commode, empereur cruel et sanguinaire, fils de Marc-Aurèle, est assassiné dans son bain par l’esclave de sa maîtresse Marcia, un certain Narcisse. De cet athlète et lutteur, l’empereur avait fait son partenaire de lutte particulier. Un entraîneur personnel au maniement des armes en vue de pouvoir briller et triompher lors de ses combats arrangés dans l’arène du Colisée… C’est ce Narcisse, mystérieux et fantasque, qui aurait inspiré au scénariste David Franzoni le personnage de Maximus dont il s’est amusé à inventer la vie. 

Un divin coup de pouce

Des combattants romains, le Colisée, des confrontations à mort avec des glaives et des fauves… C’est avec ces trois et seuls arguments que David Franzoni parvient à convaincre Steven Spielberg, et avec lui les studios Dreamworks, de se lancer dans l’aventure Gladiator. Un sacré pari à l’heure où le péplum passe au mieux pour un genre ringard, au pire pour un cinéma mort et enterré. Ce serait avec le tableau Pollice Verso (1872) de Jean-Léon Gérôme que les studios auraient à leur tour convaincu Ridley Scott de prendre en charge la réalisation du film. Sur la toile du peintre français, un gladiateur coiffé d’un casque, armé d’une épée et d’un bouclier, presse de son pied la carotide d’un jeune rétiaire terrassé implorant la grâce. Dans les tribunes, une foule en délire et des vestales dans la loge impériale réclament la mort de leur pouce renversé – « pollice verso » en latin. Alea jacta est : la folle aventure pouvait commencer !

Les raisons d’un succès

À la sortie du film au cinéma, le public découvre une ambitieuse fresque historique. Il frissonne et se passionne pour le destin vengeur du général Maximus, banni et condamné à mort par le nouvel empereur Commode, monté au pouvoir sur le corps de son père, le sage Marc-Aurèle. Gladiator, c’est un énorme succès commercial – plus de 450 millions de dollars US de recettes – mais c’est aussi et surtout un incontestable succès artistique, couronné notamment de cinq statuettes lors de la cérémonie des Oscars 2000. Parmi elles, celles du Meilleur film et du Meilleur acteur pour Russell Crowe. Puis aux Golden Globes, le long métrage repart avec le trophée du Meilleur film et de la Meilleure musique. La victoire est totale ! 

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Gladiator, c’est un casting exceptionnel, emmené bien sûr par un inoubliable Russell Crowe, mi-Narcisse, mi-Spartacus, guerrier romain incorruptible et indomptable. C’est Mel Gibson qui, encore tout auréolé de son incarnation de William Wallace dans Braveheartétait pourtant pressenti pour le rôle au départ. Se jugeant trop âgé, il aurait cédé sa place à la fougue du jeune Russell. Autre talent encore méconnu également à l’affiche, un Joaquin Phoenix de 26 ans dont l’incarnation pour le moins habitée d’un Commode rongé par l’ambition fait de son personnage l’un des méchants les plus charismatiques. Connie Nielsen en fille de Marc-Aurèle et sœur de Commode ou encore Oliver Reed en ancien gladiateur, maître et mentor de Maximus, viennent parachever cette glorieuse distribution. 

Et Gladiator, c’est enfin ce formidable souffle épique et romanesque porté par la musique de Hanz Zimmer – éternel Now We Are Free ! – et des répliques devenues cultes…

  • « Si vous vous retrouvez tout seul, chevauchant dans de verts pâturages avec le soleil sur le visage, n’en soyez pas troublé, car vous êtes aux Champs-Elyseum, et vous êtes déjà mort ! »

  • « J’aurais ma revanche, dans cette vie ou dans l’autre. »

  • « Aujourd’hui, j’ai vu un esclave devenir plus puissant que l’empereur de Rome. » 

  • « Nous ne pouvons choisir l’heure de notre mort, mais nous pouvons décider comment aller à sa rencontre. »

  • « Le véritable cœur de Rome n’est pas dans le marbre du Sénat, mais dans le sable du Colisée. »

  • « Je n’étais pas le meilleur parce que je frappai plus vite, j’étais le meilleur parce que la foule m’aimait… Gagne la foule, Maximus, et tu gagneras ta liberté ! »

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Entre vraisemblances et invraisemblances historiques… Ridley, arrête ton char !

Si Ridley Scott affirme avoir voulu coller plus précisément à la culture romaine que ses prédécesseurs – les décors et l’atmosphère de violence sont globalement plutôt bien restitués –, réalisateur et scénaristes ont néanmoins choisi de s’accorder d’importantes et nombreuses largesses historiques. Ainsi, au IIe siècle, il n’est absolument pas question de rendre le pouvoir au Sénat, comme le souhaite Marc-Aurèle avant de mourir. L’armée romaine ne dispose d’aucun projectile incendiaire dans son arsenal – ils ne viendront que cinq siècles plus tard – et on n’aurait jamais vu une cavalerie chargée en pleine forêt. Par ailleurs, les gladiateurs se battaient davantage en un contre un qu’en mêlée ouverte. Et croyez-le ou non mais, la mort dans l’arène se faisait assez rare. Alors pourquoi ces erreurs volontaires ? Évidemment pour attiser l’intérêt du public et maintenir une certaine continuité narrative. 

À la fin, qu’importe. À défaut d’avoir été fidèle à l’histoire, Ridley Scott aura largement été fidèle au cinéma. Et ce 20 juin 2000, il délivrait l’un des blockbusters les plus marquants et influents du jeune XXIe siècle. En inscrivant son film dans la mythologie du péplum, il ouvrait la voie (romaine) à d’innombrables disciples : de Troie à Alexandre en passant par 300, La Dernière Légion ou encore la série tv Rome. C’est ce que, outre-Atlantique, on appellera le « Gladiator effect » ! 

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Article rédigé par
Lucie
Lucie
rédactrice cinéma sur Fnac.com
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