L’Instant Lire à la Fnac : le rendez-vous de toutes les littératures à ne pas manquer. Baptiste Liger, directeur de la rédaction du magazine Lire, partage ses conseils de lecture. En juin, prenons de l’altitude et rejoignons les plus hauts sommets.
La littérature a, entre autres vertus, de pouvoir nous faire prendre de la hauteur, parfois au sens strict. Allez, on vous en dit plus dans quelques instants.
Des livres de haute volée
C’est en effet des rapports entre la montagne et la littérature dont il sera aujourd’hui question. On pourrait d’ailleurs remonter très loin en arrière, de L’Odyssée ou de L’Iliade d’Homère, en passant par Les Confessions de Rousseau, ou bien encore La Montagne magique de Thomas Mann, ou les poèmes de Thoreau, mais concentrons-nous sur ce qui est à peu près la naissance du genre qu’on pourrait dater grosso modo des années 1940, 1950.
Prenez par exemple l’oeuvre qui a posé les jalons du genre, à savoir, Premier de cordée de Roger Frison-Roche, ça vous dit forcément quelque chose, et c’est véritablement l’oeuvre phare de toutes ces histoires d’ascensions, par exemple alpestres et de guides de haute montagne.
Et dans le même registre, on a eu d’autres livres importants, comme Annapurna, premier 8000 de Maurice Herzog, le grand alpiniste, avec certes à l’époque toute une contreverse sur la réalité ou pas de ce qui s’est passé, toujours est il que l’ouvrage a été un succès.
Tout comme La Neige en deuil, le roman d’Henri Troyat qui cette fois-ci est une vraie fiction et qui d’ailleurs a été portée à l’écran à Hollywood, avec, s’il vous plait, Spencer Tracy dans le rôle principal.
Les Anglo-Saxons sont d’ailleurs très friands de ce registre, à l’image de Tragédie à l’Everest de Jon Krakenauer, auteur notamment d’Into the Wild. Ou bien encore des Survivants de Piers Paul Read, une histoire terrifiante de rugbymen uruguayens dont l’avion s’est crashé en pleine Cordillère des Andes et qui, face au froid et pour pouvoir survivre, ont été obligés de pratiquer le cannibalisme.
Les romanciers de genre ont naturellement perçu le potentiel anxiogène, terrifiant du décor montagnard, à l’image de Stephen King et évidemment Shining, Bernard Minier et le cadavre de cheval de Glacé, Céline Minard et son Grand Jeu, gare au vertige ! Ou bien encore Sandrine Collette et ses Six fourmis blanches.
Mais passons à l’actualité, salué par le prix Médicis étranger 2017 pour Les Huit Montagnes, l’italien Paolo Cognetti revient avec En bas dans la vallée, vous avez donc une idée du décor… Et il signe là un roman mêlant héritage, rivalité fraternelle et fratricide, tueur de chien, décidément, le tout sur fond d’alcool, beaucoup d’alcool…
Pour rester chez nos voisins transalpins, le très célèbre Erri De Luca fait paraître quant à lui un de ces petits bijoux dont il a le secret, Les règles du Mikado, dans lequel il imagine la rencontre entre une jeune gitane d’origine slovène et un vieil horloger qui vit dans les hauteurs. Et il va sans dire que, dans un tel lieu, les règles du temps telles qu’on les connaît vont être ici quelque peu chamboulées.
Devenir montagne, c’est le titre du recueil d’entretiens qu’a accordé la romancière Valentine Goby au journaliste éditeur Fabrice Lardreau, dont on recommande l’excellente collection Versant intime. Et ici, l’autrice de L’île haute, qui vient de paraître en poche, évoque sa passion pour les sommets, quelques souvenirs de jeunesse et surtout défend bec et ongles la beauté de la montagne qui est parfois quelque peu maltraitée, il faut bien l’avouer, par les hommes.
L’évènement : Au coeur de l’hiver de Jean-Marc Rochette
Enfin, si je vous dis Le Transperceneige, Ailefroide Altitude 3954, Le Loup, La Dernière Reine, vous me direz Jean-Marc Rochette.
Et bien ce maestro de la bande dessinée a décicdé d’abandonner ses crayons habituels pour une plume plus traditionnelle avec Au coeur de l’hiver. Dans ce récit, il décrit un hivernage un peu particulier, souvenez vous du confinement… Il est ici en plein coeur du massif des Écrins avec sa compagne et il raconte tout simplement sa vie quotidienne la plus triviale. Mais ce qui compte ici, c’est moins les faits à proprement parler que les sensations, le froid, la neige, les couleurs, les animaux, les mouvements, la flore et j’en passe. Et de ce quotidien parfois très banal, il tire une véritable poésie dans un style très simple et le tout entrecoupé de quelques dessins, que voulez vous, on se refait pas…
À vous maintenant de piocher, c’est le cas de le dire, et de voyager en haute altitude avec tous ces titres. Moi, je file, je pars à la chasse au dahu !
Rendez-vous le mois prochain pour le nouvel « Instant Lire à la Fnac » sur Fnac.com, dans vos magasins et dans les pages du magazine Lire.
