Après un premier teasing à l’occasion de l’Open d’Australie 2024, 2K Games avait confirmé l’arrivée d’un nouveau jeu pour la célèbre série de simulation de tennis, 13 ans après le dernier sorti sur PS3. Top Spin 2K25 est disponible depuis le 26 avril 2024 sur PC, PS4, PS5, Xbox One et Xbox Series.
Quelle ne fut pas ma joie lorsque 2K a annoncé le retour de la licence culte Top Spin. Cela faisait de (trop) nombreuses années que les fans de tennis n’avaient rien à se mettre sous la dent (même si la série des AO Tennis a tenté de renouveler le genre), c’est dire si Top Spin 2K25 était attendu. Ancien fan de la licence (je n’ose même pas dire le nombre d’heures que j’ai passé sur Top Spin 4 il y a presque 15 ans sur PS3…), je ne pouvais pas passer à côté d’un test. Je vous raconte mes premières impressions.
Le retour d’un mythe… au contenu limité
Mythe est peut-être un bien grand mot, mais les jeux Top Spin ont marqué toute une génération de fans de tennis et d’amateurs de simulations sportives. Top Spin 4, sorti en 2011 sur PS3, est considéré par beaucoup comme la meilleure simulation de tennis jamais créée. La comparaison sera logiquement inévitable pour ce nouvel opus, d’autant plus avec le passage aux consoles de nouvelle génération.
Commençons donc par le plus simple : le contenu. Autant être honnête, 2K Games n’a pas décidé de casser sa tirelire pour ce renouvellement de la licence.
Les modes de jeu
Pour les modes, vous aurez vite fait le tour :
- Top Spin Academy : un mode d’entraînement d’environ 1h si vous souhaitez suivre l’ensemble des leçons, idéal pour prendre en main le gameplay plus complexe qu’il en a l’air. L’académie est gérée par un certain John McEnroe, clin d’oeil très sympa même si la légende est bien trop calme à notre goût quand on connait son tempérament explosif…
- MyCareer : l’habituel mode Carrière qui vous permet de créer votre propre joueuse ou joueur pour gravir les échelons du tennis mondial et progresser sur différents aspects (nous y reviendrons en détails plus loin).
- Match d’exhibition : pour jouer à 2 en local ou seul face à l’IA, en simple ou en double.
- Les modes en ligne : My Player (pour affronter d’autres joueuses ou joueurs en ligne avec le personnage que vous avez créé), 2K Tour (pour affronter d’autres joueuses ou joueurs avec l’un des pros disponibles dans le jeu), exhibition en ligne.
Le roster de joueurs
C’est LA grosse déception, mais il faut bien être honnête, on ne s’attendait pas à mieux quand on connait la complexité de la négociation des droits d’image sur les circuits ATP (masculin) et WTA (féminin). Contrairement à un jeu comme EA Sports UFC 5 où l’ensemble des droits d’exploitation des combattants appartient à l’UFC, qui co-produit la simulation, 2K Games a dû négocier individuellement chaque présence.
C’est pour cette raison que chaque licence et ancien jeu de tennis a toujours eu un nombre de joueurs limité. Si on compare aux anciens effectifs, Top Spin 2K25 s’en tire plutôt bien avec un total de 25 joueuses et joueurs, dont plusieurs légendes. Les deux têtes d’affiches principales, Roger Federer et Serena Williams, ont d’ailleurs prêté leurs traits à leur avatar en reproduisant eux-mêmes leurs mouvements en match, et la modélisation en jeu est épatante. Mais il faut bien avouer que ne pas pouvoir incarner Novak Djokovic, Rafael Nadal ou encore Janik Sinner chez la nouvelle génération est un peu frustrant. Et je ne parle pas des joueuses et joueurs français, aussi inexistants dans le jeu que dans le top 20 mondial actuel…
Le roster des joueuses et joueurs disponibles au lancement dans Top Spin 2K25 :
- Roger Federer
- Serena Williams
- Carlos Alcaraz
- Iga Świątek
- Frances Tiafoe
- Andre Agassi
- Andy Murray
- Belinda Bencic
- Ben Shelton
- Caroline Wozniacki
- Coco Gauff
- Daniil Medvedev
- Emma Raducanu
- John McEnroe
- Karolina Pliskova
- Leylah Fernandez
- Madison Keys
- Maria Sharapova
- Matteo Berrettini
- Naomi Osaka
- Paula Badosa
- Pete Sampras
- Sloane Stephens
- Steffi Graf
- Taylor Fritz
Les courts disponibles
En revanche, on a été gâtés pour ce qui est du contenu en termes de lieux : le nombre de courts disponibles est tout simplement abyssal ! Après plus de 10 heures de jeu, je continue à en débloquer au cours des défis du mode MyCareer. Et chaque court est disponible avec la modélisation pour différentes heures et temps, avec des rendus vraiment remarquables, notamment sur le jeu de lumière.
J’évoquerai plus loin l’ambiance sonore, mais en tout cas vous aurez le plaisir de savourer l’ensemble des courts principaux des tournois du Grand Chelem (Roland Garros, Open d’Australie, Wimbledon et l’US Open) et des Masters 1000, avec chaque surface disponible. En tout, Top Spin 2K25 vous propose 48 courts, un très bel effort.
Un gameplay toujours aussi abouti
Passons maintenant au gameplay. La principale qualité des anciens Top Spin a t-elle résisté à l’épreuve du temps et au passage à la next gen ? La réponse est un grand OUI ! Pour la simple et bonne raison que 2K Games s’est contenté de peaufiner un système de jeu qui s’approchait déjà de la perfection en 2011… Les mauvaises langues se plaindront certainement du manque d’évolutions dans le gameplay alors que près de 15 ans se sont écoulés, je peux le comprendre. Mais le juge de paix ultime n’est-il pas d’écouter ses sensations manette en main ? Car force est de constater que j’ai instantanément retrouvé le plaisir que j’avais à lutter sur le court sur chaque balle.
Le jeu de dosage entre le positionnement, la puissance imprimée au coup, le timing de la frappe, l’orientation du joystick et le choix du type d’effet est toujours aussi efficace. Si vous débutez, on vous conseille fortement le tutoriel via l’académie de John McEnroe, car il existe de nombreuses subtilités qui sont indispensables à maitriser si vous voulez prendre du plaisir. S’il est possible pour n’importe quel débutant de renvoyer la balle dans le court et de disputer un match avec un ami qui n’a jamais testé le jeu, il deviendra vite compliqué de tenir la dragée haute à un joueur un peu expérimenté.
La principale force de Top Spin 2K25 est de savoir retranscrire le bras de fer qui existe lors d’un match de tennis réel. On traverse des trous d’air, on se sent irrésistible, on trouve son timing puis on le perd en fonction de la fatigue de notre joueuse ou joueur, mais aussi de la forme de l’adversaire et du momentum. Pour ceux qui commencent à être à l’aise, je recommande fortement de tester des rencontres avec la durée réelle d’un match (au moins en 2 sets gagnants de 6 jeux)…
L’intensité dramatique est à la hauteur du plaisir que vous prendrez à trouver la force mentale pour tenir jusqu’au bout et l’emporter. Très peu de simulations sportives ont su retranscrire de façon aussi brillante la réalité d’un duel de haut niveau. Et c’est également grâce à la bonne modélisation des joueuses et joueurs.
Graphisme et soundesign : du (très) bon et du (moins) bon
Pour ce qui est des graphismes, qu’on s’entende tout de suite : je vais juger deux dimensions très distinctes de Top Spin 2K25 : le rendu graphique des phases de jeu et celui des séquences cinématiques. Et c’est le jour et la nuit ! Pour ce qui est du rendu lors des moments de gameplay, le travail sur les détails est vraiment remarquable : les traces laissées sur la terre battue de Roland Garros, la manière dont votre joueur s’arrache en bout de course pour renvoyer une balle en fond de court, la différence de mouvement lors d’une frappe plus ou moins puissante, la manière dont il s’écrase sur la balle lorsqu’il est mal placé et qu’elle termine dans le filet… Autant de détails qui favorisent encore plus l’immersion. C’est encore plus vrai pour les joueurs qui ont été animés sur leur vrai modèle, à savoir Roger Federer et Serena Williams, dont on reconnait instantanément les mimiques.
En revanche, c’est très difficile de se croire sur une console de nouvelle génération lorsqu’on doit subir les cinématiques de fin de points et entre les jeux et sets… La modélisation de la plupart des visages est catastrophique (coucou Carlos Alcaraz !), celle des spectacteurs encore pire. Pour dire à quel point c’est raté, on ne voit quasiment pas de différences avec Top Spin 4, sorti il y a 13 ans sur une console de deux générations précédentes… Au-delà des graphismes moyens lors des cinématiques, l’ambiance et le faible nombre de célébrations différentes des joueurs manquent de réalismes et gâchent un peu l’expérience.
En terme de soundesign, je suis très partagé, comme pour les graphismes. Les effets sonores qui concernent uniquement les phases de jeu sont brillants : le bruit des frappes, des déplacements, avec des différences entre les glissades sur terre battue et le son des baskets sur la surface dure, les cris des joueurs… Tous ces petits détails favorisent une fois de plus l’immersion. Mais, dès que votre point se termine, retour à la réalité : le public est froid, le joueur se transforme en robot inexpressif, on a seulement envie de passer la séquence pour retourner au jeu.
D’ailleurs, l’intensité ressentie lors des phases de gameplay n’a d’égale que la froideur de l’ambiance générale : le choix de n’enregistrer aucun commentaire peut se défendre, pour justement favoriser la concentration et l’immersion. Mais dans ce cas, il faut réussir à installer une ambiance réaliste avec des réactions appropriées du public en fonction de la dramaturgie du match, de sa durée, du lieu. Et on en est loin !
Notre test du mode MyCareer
Finissons sur un test un peu plus détaillé du mode MyCareer. Je sais, je suis un joueur à l’ancienne, les modes Solo me plaisent énormément et je n’utilise d’ailleurs quasiment jamais mon Game Pass pour les modes Online… J’ai grandi à une époque où les modes Carrière étaient le principal atout des simulations de sport, et après le gameplay, je considère que ça reste le meilleur moyen de juger de la qualité d’une sortie et de l’investissement qu’y ont mis les développeurs.
Hangar 13 (développeur de Top Spin) et 2K Games ont opté pour la simplicité avec une Carrière efficace et qui va à l’essentiel. Après la modélisation de votre joueuse ou joueur effectuée (toujours aussi sympa avec un nombre de possibilités de personnalisation quasi infini), vous partez d’une page blanche, au niveau 1, avec le même nombre d’attributs par caractéristique technique (coup droit, revers, service, endurance, vitesse, volée, puissance… etc).
Chaque mois est organisé en trois temps :
- L’entraînement
Vous disposez de plusieurs propositions d’exercices techniques, chacune correspondant à un entraîneur, avec différents niveaux (bronze, argent, or) que vous débloquez au fil des niveaux généraux que vous franchissez avec votre joueuse ou joueur. Au cours de votre Carrière, vous pourrez payer de nouveaux entraîneurs avec des spécialités différentes pour progresser dans tous les domaines. Lorsque vous effectuez un entraînement, vous collectez des points de compétences que vous pouvez ensuite répartir par caractéristique technique.
- Les événements spéciaux
Vous pouvez ensuite participer à des événements spéciaux. Il s’agit généralement de matchs d’exhibition ou de défis plus ou moins compliqués qui vous rapportent des points de compétence, mais surtout de l’expérience et de l’argent. Ils permettent également de débloquer de nombreuses tenues pour personnaliser votre joueuse ou joueur, ainsi que des courts jouables ensuite dans n’importe quel mode. Attention toutefois à prendre en compte la fatigue qu’un événement peut entraîner : c’est indiqué avant d’y participer, si c’est à l’autre bout de la planète votre jauge d’énergie baissera, de mauvais augure pour les prochains tournois.
- Les tournois
Le clou du spectacle bien évidemment. Au début de votre Carrière, vous avez très peu de possibilités en raison de votre classement aux portes du top 100 ATP ou WTA. Il s’agit donc de tournois ATP 250, avec une dotation moyenne et des adversaires accessibles bien qu’au niveau de base largement au-dessus du votre. Le plus dur n’est finalement pas forcément de l’emporter si vous avez fixé un niveau de l’IA accessible, mais plutôt de bien gérer votre jauge d’énergie. Je déconseille fortement de débuter un tournoi à moins de 80%, voire 90% de jauge d’énergie. Si vous passez 2 ou 3 tours, c’est la blessure qui vous guette.
La gestion de cette endurance est d’ailleurs le facteur le plus compliqué au début de votre Carrière. Vous devez régulièrement passer un mois ou deux de repos pour revenir à 100% et éviter la blessure grave. J’ai trouvé ça un peu trop arbitraire et c’est dommage de ne pas pouvoir obtenir d’autres méthodes de récupération qui évitent de rater trop de tournois.
Autre gros défaut, mais plutôt prévisible : pendant les premières années, vous jouez uniquement contre des joueurs inconnus en raison du faible nombre de stars actuelles figurant dans le roster de Top Spin 2K25. Ce n’est pas si grave, mais cela entraîne parfois des matchs étranges : certains joueurs créés de toutes pièces semblent coincés dans un style absurde et n’adaptent pas du tout leur manière de jouer à votre jeu. Cela donne donc des matchs où le tennisman en face vient se faire fusiller en montant systématiquement à la volée après son service, ce qu’un être humain normalement constitué ne ferait jamais. Mais c’est assez rare pour ne pas être trop dérangeant.
Pour finir, vous pouvez adapter les durées de matchs ainsi que le niveau de l’IA à votre envie d’avancer vite dans votre Carrière ou de prendre votre temps, ce qui est une très bonne idée. Les plus pressés opteront pour l’ensemble des matchs joués par super Tie-Break, mais gare aux contre-performances, la marge de manoeuvre est limitée en 10 points… Pour ma part, j’ai trouvé un juste milieu avec la plupart de mes rencontres en 2 sets gagnants de 3 jeux, ce qui donne lieu à de belles batailles sans pour autant passer 1h par rencontre.
Au global, je trouve ce mode MyCareer plutôt efficace et réussi. L’ambiance sonore du menu est aussi moyenne que celle des rencontres habituelles, les podcasts automatiques n’ont aucun intérêt, mais tout le reste est très bien fait. Le mode de progression est linéaire, simple et peut être très rapide si vous le souhaitez. A l’inverse, vous pouvez choisir de prendre votre temps et de donner la part belle aux matchs épiques pour gagner votre place dans le top 50 à la sueur de votre manette. Certains jugeront peut-être l’ensemble un peu léger et froid, mais pour ceux qui veulent avant tout créer un joueur de toute pièce pour le faire évoluer et jouer au maximum avec, c’est l’idéal ! Pas besoin d’une fausse histoire de fond pas crédible (coucou NBA 2K) pour se régaler.
Conclusion
Top Spin 2K25 a le mérite d’offrir aux fans de tennis une simulation enfin à la hauteur de leur passion… en terme de gameplay. En effet, 2K Games n’a pas fait l’effort de faire évoluer une licence qui avait conquis de nombreux joueurs et joueuses, en se reposant sur ses acquis sans chercher à révolutionner le genre.
Les plus optimistes se réjouiront du retour au premier plan de la licence Top Spin et espèreront des nouveautés pour les prochains opus (s’il ne faut pas attendre 13 ans de nouveau…). Les plus pessimistes jugeront que 2K s’est contenté de profiter d’un nom ronflant pour se repositionner sur le marché mourrant de la simulation de la petite balle jaune, et qu’un tel niveau graphique est indigne de consoles de nouvelle génération.
Pour ma part, j’ai retrouvé un sentiment d’immersion que je n’avais plus ressenti depuis de longues années, et cela a suffi à mon bonheur. Ceux qui souhaitent prendre du plaisir à jouer, avec leurs amis, en ligne ou contre l’IA, seront comblés, s’ils ne sont pas exigeants sur tout ce qui entoure le jeu pur et dur (le contenu, l’ambiance sonore, les modes de jeu).
Une obligation de jouer en ligne incompréhensible
Quelques jours après la sortie de Top Spin 2K25, les joueuses et joueurs du monde entier ont eu la mauvaise surprise de découvrir sur les spécificités techniques du jeu que le mode MyCareer n’était plus un mode hors ligne… Une nouvelle incompréhensible et qui n’a pas manqué de faire vivement réagir les fans de la licence et de jeux de tennis en général.
Pour l’instant, 2K Games ne s’est pas exprimé sur le sujet, mais cela semble très étrange d’obliger les joueurs à être connecté à internet pour un mode Solo. Nous vous tiendrons informés de l’évolution de cette information, en espérant qu’un patch prochain permettra de régler ce problème absurde.
À lire aussi
Top Spin 2K25 est disponible depuis le 26 avril 2024 sur PC, PS4, PS5, Xbox One et Xbox Series.