L’instant Lire à la Fnac : le rendez-vous de toutes les littératures à ne pas manquer. Baptiste Liger, directeur de la rédaction du magazine Lire, partage ses conseils de lecture. En ce mois de février, intéressons-nous à l’impact de la littérature sur les coups d’État…
Certains l’ont maintes fois imaginé, Jean-Christophe Rufin l’a fait. Et si la littérature vous permettait de préparer un véritable coup d’État ? Explications.
Coup d’État, mode d’emploi
Un livre, quand on y pense un instant, c’est avant tout une affaire de manipulation. En effet, l’auteur guide de manière quand même un tant soit peu calculée son lecteur jusqu’à un but bien précis.
On peut pousser le bouchon beaucoup plus loin et se dire que d’un volume, qu’il s’agisse d’une fiction, d’un essai ou d’un document, peut naître un véritable manuel pour bouleverser les choses, pourquoi pas l’état du monde ? Et, imaginer, allons-y, jusqu’à un coup d’État.
Remontons dans le temps avec ce qui est certainement un immense classique de l’histoire de la pensée politique avec Le Prince de Nicolas Machiavel. Au milieu du XVIe siècle, celui-ci imaginait tous les conseils à donner au prince donc, pour conquérir et conserver le pouvoir. Alors, il y a toute une controverse sur Le Prince, s’agit-il véritablement d’un manuel technique de pouvoir, ou au contraire, d’un traité qui nous permet de reconnaître les abus de pouvoir ? Vaste question.
Autre exemple, un certain François Mitterrand en 1964, signait un livre qui avait fait événement, Le coup d’État permanent. Une grande critique de la France gaullienne et peut-être une sorte de carte de visite pour celui qui allait devenir, quelques années plus tard, président de la République.
Mais le coup d’État en littérature, c’est aussi une affaire de romans. À l’image des célèbres Chiens de guerre de Frederick Forsyth, qui imaginait une déstabilisation gouvernementale d’un État ressemblant beaucoup à la Guinée équatoriale, organisée par une bande de mercenaires.
L’événement : D’or et de jungle Jean-Christophe Rufin
C’est également le principe du nouveau roman, du nouveau thriller de Jean-Christophe Rufin, D’or et de jungle.
Même si bien sûr, avec les années, les techniques et les lieux stratégiques ont quelque peu évolué. Ici, une grande société du numérique californienne, vous voyez un peu les modèles, va charger une société spécialisée d’organiser un authentique coup d’État clés en main. Où ça ? Au sultanat de Brunei, où, dit-on, il y aurait beaucoup, beaucoup d’or et pas n’importe lequel, l’or noir.
Dans ce grand roman qui mêle aventure et espionnage, l’académicien et par ailleurs auteur goncourisé de Rouge Brésil nous livre un pur divertissement qui non seulement nous informe sur tous les bouleversements géopolitiques du monde, mais surtout nous tient en haleine, non pas grâce à de grandes scènes spectaculaires, mais avec des dialogues tendus entre les divers protagonistes.
À se demander s’il ne faudrait pas désormais surnommer notre vénérable immortel Jean-Christophe Ruffian ? Je vous renvoie vers le film avec Lino Ventura.
—
Rendez-vous le mois prochain pour le nouvel « Instant Lire à la Fnac » sur Fnac.com, dans vos magasins et dans les pages du magazine Lire.
