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Prince (1958-2016) : grandeur, génie et singularité…

26 octobre 2023
Par Christophe Augros
Prince (1958-2016) : grandeur, génie et singularité...

Roger Nelson, alias Prince, a profondément marqué la musique populaire du 20e siècle. Auteur, compositeur, pianiste, guitariste, scénariste et plus encore, il était prolifique et terriblement créatif. Depuis son décès en avril 2016 à l’âge de 58 ans, de nombreuses rééditions ont vu le jour. Retour sur un parcours hors norme.

Prince : l’entourage des débuts

Il débute la musique, à l’adolescence, dans le groupe Grand Central avec Andre Cymone et Morris Day. Le premier est le fils de sa famille d’accueil, le second un ami. Ensuite, grâce à un certain Pepe Willie, Andre Cymone et lui entrent dans le groupe 94 East. Il assure la guitare et enregistre ses premières compositions.

Cavallo, Ruffalo & Fargnoli : Les producteurs de la première heure et de la grande époque commerciale, de 1979 à 1989. Une collaboration qui prendra fin devant les tribunaux. Fargnoli deviendra ensuite le manager de Sinead O’Connor.

Cymone Andre : Ami d’enfance et clone. De son vrai nom Andre Simon Anderson. À 12 ans, Prince emménage chez les Anderson. En 1978, Andre est engagé comme bassiste. Mais Prince le traite comme un vulgaire employé. Ecœuré, il lâche tout en 1982 pour composer ensuite six albums solo dont le troisième marque leur réconciliation avec un fameux « The Dance Electric ».

Morris Day : Leader de The Time. Dans les années 1970, Morris est batteur dans le groupe Grand Central. Prince en est le guitariste. En 1980, Morris crée le riff du titre « Party Up ». En échange, Prince le présente à  Warner et le nomme leader du groupe The Time en 1981. Acteur-né dans le film Purple Rain et véritable phénomène de scène, il apparaîtra ensuite dans des films, des séries TV et composera des albums solo.

Sheila E. : Percussionniste dès l’âge de 15 ans, elle joue avec Herbie Hancock, Carlos SantanaMarvin GayeLionel Richie… En 1977, c’est Santana qui la présente au prince. Après leur premier duo sur « Erotic City » en 1984, trois albums suivront. A love bizarre deviendra un grand classique du son Minneapolis.

Charles Huntsberry dit « Big Chick » : Ancien catcheur au service de Prince dès 1982, il est celui à qui on doit le surnom « The kid ». « Big Chick », rongé par la drogue, quitte Prince en 1985. Ils restent néanmoins en bons termes. Le kid l’installe dans une maison en échange de son silence jusqu’en 1995. Devenu prêcheur, il meurt le 2 avril 1990. Prince, bouleversé, offre un concert mémorable en son honneur quelques jours plus tard ; les bénéfices iront à sa famille.

Owen Husney : Premier manager, Husney donne à Prince 50 dollars par semaine, un synthé, lui trouve un studio (Sound 80) et crée le mystère Prince. En mars 1977, il contacte les maisons de disques. Warner déclare alors avoir signé le plus gros et le plus risqué contrat de l’histoire du disque. En 1979, Prince se sépare de Husney.

Chris Moon, le « Christophe Colomb » : En 1975, le groupe Grand Central doit enregistrer une démo au Moon studio. Chris flashe sur le petit guitariste Roger Nelson et lui propose d’utiliser le studio gratuitement. En échange, il réclame un 50/50 sur les droits d’auteur. Grâce à Chris, Prince apprend tout sur le studio. Ce dernier lui suggère même d’écrire des textes osés pour mieux vendre et de s’appeler Prince tout court (on peut dire merci à Chris !).

Prince et ses amis musiciens

Factuellement, Roger Nelson était fidèle en amitié, respectueux de ses aînés et solidaire de la cause des Afro-américains. Quelques exemples de ses plus belles collaborations amicales :

Maceo Parker

Alors que le saxophoniste historique de James Brown est en perte de vitesse dans sa carrière solo, il le recrute dans son groupe. Il produira également un album pour lui (School’s In – 2005). Fred Wesley et Pee Wee Ellis n’auront pas cette chance.

George Clinton

Celui qui a inventé le P.Funk et mené plusieurs carrières de front pendant deux décennies avec les groupes Funkadelic et Parliament puis en solo est gravement endetté dans les années 1980. Prince annule sa dette et le recrute sur son label NPG. Résultat : un album en 1989 intitulé Cinderella Theory. Eric Leeds assure le saxophone.

Chaka Khan

Dans les années 1990, les temps sont durs pour la chanteuse. Ses titres les plus fameux datent des années 1970 et 1980. Prince la signe sur NPG. Elle y travaille avec le légendaire bassiste Larry Graham. L’album Come 2 My House sort en juillet 1998. En fait, on pourrait le décrire comme un album de Prince chanté par Chaka Khan.

Larry Graham

Le bassiste historique de Sly & the family Stone puis du Graham Central Station a bien du mal à traverser les décennies 1980 et 1990 en solo. Prince le recrute dans son groupe. Un album sur NPG en 1998 intitulé GCs 2000. Chaka Khan participe à l’enregistrement.

Spike Lee

Leur amitié durera jusqu’au décès de Prince. Leur collaboration artistique et financière aussi. Pour exemple, Spike Lee, en dépassement de budget, a pu compter sur l’aide financière de son ami pour terminer son film Malcolm X.

Les Héritiers

De son vivant et depuis sa disparition, Roger Nelson a été suivi par de nombreux artistes sur la voie qu’il avait tracée tout au long de sa carrière. Nombreux sont ceux qui avouent leurs influences princières. Maxwell, Musiq Soulchild, Bruno Mars, Dâm-Funk, Panic ! at the disco, Lenny Kravitz, The Weeknd sont de ceux-là. Et la liste est loin d’être exhaustive…

Les meilleurs morceaux de Prince dans les années 1970

« Soft And Wet » (For You, 1978). Au sein de son premier album, on peut déjà facilement repérer une aptitude exceptionnelle pour les compositions et les arrangements. Ce single co-écrit avec Chris Moon est porté par une musique funk brute avec une forte identité sonore. Il .

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« I Wanna Be Your Lover » (Prince, 1979). Un an après le premier essai, boum ! Sur le même opus, on retrouve cette chanson ainsi que Sexy Dancer et I Feel For You. C’est sexy, funky et cela crée une alliance parfaite entre mélodies et rythmiques up-tempo. Le bassiste Brownmark joue un rôle majeur.

Les meilleurs morceaux de Prince dans les années 80 

C’est la décennie du succès planétaire, en solo mais également avec son label. Les hits se comptent sur les doigts de plusieurs mains et il enchaîne albums et productions à un rythme hallucinant.

« When You Were Mine » (Dirty Mind, 1980) appartient au 3e album et connaît un succès phénoménal. Sur cet album, on trouve à nouveau des titres majeurs de son parcours : When You Were Mine, le terrible Head, Dirty Mind co-écrit avec Dr Fink et Party Up. Du funk, une touche de rock et des synthétiseurs. Le son de Minneapolis également nommé « Purple Funk » se dessine avec précision ici. Pour les textes, sexe, sexe et sexe. Un album qui choque à sa sortie autant par les textes que par un son avant-gardiste et visionnaire.

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« Controversy » (Controversy, 1981). Avec Controversy et Let’s Work hyper funky et électriques, la balade Do Me Baby et Private Joy, Prince confirme son statut d’artiste funky et sexy. Il est désormais connu et reconnu dans la communauté soul / funk internationale. Aux Etats-Unis, il est encore confiné à la communauté black. Plus pour longtemps…

« Little Red Corvette » (1999, 1982). Ce double album génial et éclectique fait apparaître un Prince arrogant par l’étendue de son talent. Le très soul Lady Cab Driver impressionne par sa rythmique basse-batterie, le funky D.M.S.R. confirme que Prince est avant tout un artiste funk. Cela ne l’empêche pas d’écrire des titres pop et rock qui élargissent de plus en plus son audience vers le public blanc. C’est le cas avec Little Red Corvette ou avec le très électronique Something In The Water (Does Not Computer). Il ne cessera jamais de jouer ce dernier sur scène, en donnant même une relecture magistrale en 2015 lors d’un concert à Louisville. 1982 est l’année du Thriller de Jackson qui éclipsera un peu la sortie de l’album. Cependant, avec le recul, à froid, 1999 ainsi que cette chanson apparaissent comme des chefs d’œuvre de sa carrière. Le terrain est prêt pour Purple Rain.

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*1982 : concert mémorable donné au First Avenue club de Minneapolis

« Purple Rain » (Purple Rain, 1984). Pour le grand public, Prince, c’est avant tout Purple Rain. Pour ses fans, c’est un bon album mais loin d’être le meilleur. Il n’en reste pas moins que le succès planétaire arrive avec cet album et le film éponyme. Désormais, il n’est plus seul. Ce sera Prince and the Revolution (son groupe). Neuf titres et cinq hits planétaires changent la donne : Let’s Go Crazy, When Doves Cry, I Would Die 4 U, Take Me With U et bien sûr le classique Purple Rain. L’album confirme deux choses : sa musique est enracinée dans le funk et la soul mais il a aussi un goût prononcé pour le rock et le blues. Le film met en avant ses proches tels Morris Day et The Time ainsi que ses égéries sexy et pulpeuses telles Vanity 6 et Apollonia. Les fidèles Bobby Z et Brownmark sont également là et on découvre le saxophoniste Eric Leeds, ou Wendy et Lisa. Deux Grammy awards à la clef puis un concert historique à Syracuse le 30 mars 1985 concrétisent le moment de grâce.

« Pop Life » (Around The World In A Day, 1985). C’est le premier album à voir le jour sur le label Paisley Park, un an après le cyclone Purple Rain. Il accouche de Pop Life, Raspberry Beret, America et Paisley Park. C’est fait, il force le respect d’une grande partie de la population et entre dans la cour des superstars de la musique.

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Dans le même temps, il signe les artistes The Family et Mazarati sur son label. Du funk pur pour ses fans de la première heure… et des albums cultes. The Family contient d’ailleurs la version originale de Nothing Compares 2 U, reprise avec brio par Sinead O Connor quelques années plus tard.

« Kiss » (Parade, 1986). Kiss, Girls & Boys et Sometimes It Snows In April (écrite avec Wendy et Lisa) et un deuxième film… Le public se demande de plus en plus comment un seul artiste peut créer autant seul. Prince reçoit un Grammy pour la chanson Kiss. C’est l’époque où les clones sont nombreux, faisant de Minneapolis un haut lieu de la musique noire américaine. En 1985, le groupe Ready For The World a enregistré la chanson Oh Sheila, en 1986 le guitariste Jesse Johnson sort son premier album solo ainsi que Morris Day. Prince semble être le centre d’un arbre généalogique énorme.

« Housequake » (Sign O The Times, 1987). Autre double album, autre album génial dans lequel il utilise les courants musicaux émergents en y apportant son style. Dans IT, il s’inspire du travail du producteur new-yorkais Arthur Baker. Dans Ballad Of Dorothy Parker, il s’inspire de l’électronique de la côte Ouest à cette époque. 

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« Bob George » (Black Album, 1987). Cet album commercialisé puis vite retiré de la vente est devenu culte et a suscité beaucoup de fantasmes. En fait, il s’agit d’un album expérimental, délirant, pour les passionnés de funk et de soul.

« Alphabet Street » (Lovesexy, 1988) : Lovesexy, un album sous-estimé ?

« Partyman » (Batman 1989) Pas vraiment ce qu’il a fait de mieux… On peut retenir la présence de la chorale gospel Sounds Of Blackness qui fera carrière ensuite grâce à Jimmy Jam et Terry Lewis. The Futur, Electric Chair, Vicky Waiting, Arms Of Orion et ce titre plairont à l’époque. Vu d’ici, il n’en reste rien ou presque.

Les meilleurs morceaux de Prince dans les années 90

C’est la décennie du changement, nécessaire pour durer, avec la fin de son groupe The Revolution et l’arrivée des New Power Generation. C’est également une décennie de combats avec sa maison de disques pour gagner une totale liberté artistique. Il change de nom pour cette raison. Et pourtant, les hits sont encore très nombreux.

« Release It » (Graffiti Bridge 1990). Un nouveau film… sans doute celui de trop. Un désastre. En revanche, la B.O. met en avant des proches de longue date ou des artistes en développement tel le jeune Tevin Cambell. Son Round And Round est excellent. Prince écrit tout et compose tout, comme d’habitude. George Clinton, une de ses idoles, est présent sur We Can Funk. Le groupe The Time de son ami Morris Day assure 4 des 17 titres dont le très réussi Release It. Candy Dulfer au saxophone. Mavis Staples, star du gospel et de la soul, tient également une place à part. Elle est sur trois titres dont Melody Cool. Un album qui marque un retour aux racines noires à un moment où l’artiste cherche de nouvelles directions.

« Get Off«  (Diamonds & Pearls,1991) Pour Diamonds & Pearls, il souhaite se renouveler et entrer dans la nouvelle décennie par la grande porte. Il se sépare de son groupe historique The Revolution et s’entoure d’une nouvelle formation baptisée New Power Generation. But affiché ? Trouver un nouveau son qui colle à cette époque dominée par la culture hip-hop et renouer avec le public noir américain. Il atteint cet objectif avec un titre puissant, nerveux, urbain et terriblement funk : Get Off. Pour se réconcilier avec un public noir plus âgé, rien de mieux que le jazz. Il y revient sur le somptueux Strollin’. Un titre acoustique, jazz à contre-courant de son temps mais qui colle aux attentes de ses fans. Pour les radios et le grand public, Money Don’t Matter 2 Night est parfait. Un petit bijou pop aux accents soul de Philadelphie. Quant à la chanson Diamonds & Pearls, écrite pour Lori Werner (Diamonds, c’est elle) et Robia LaMorte, c’est incontestablement l’un des hits majeurs de sa carrière. Cream et Insatiable auront aussi les faveurs de ses fans et pour longtemps.

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« Sexy M.F. » (The Love Symbol, 1992) Le New Power Generation prend un peu plus d’espace. Levi Seacer Jr et Tony M co-écrivent Sexy M.F.. My Name Is Prince est l’autre titre fort de l’album. À l’heure où le rap domine de plus en plus, Prince réussit le passage dans la décennie 90 avec une musique surproduite, un peu de rap sans jamais perdre sa personnalité ni les qualités techniques des musiciens.

« NPG » (Goldnigga, 1993). Premier album de son groupe NPG. On y découvre un groupe puissant jouant une musique funk et jazz avec beaucoup de rap. Prince participe à l’album et produit l’œuvre. Deuce & Quarter, Johnny, 2Gether sont excellents. Il jouera parfois des titres de l’album sur scène. Ce sera le cas au Bataclan en 2002 avec une version hallucinante de Johnny.

« Letitgo » (Come, 1994). Un album très R&B et chargé en hip-hop. Ce titre et Come assurent le succès commercial de l’album. Néanmoins, il nous avait habitués à mieux… L’oeuvre marque une fin dans sa carrière. D’ailleurs les dates 1958-1993 figurent sur la pochette. La première étant son année de naissance, la deuxième celle de la fin… sous le nom Prince.

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« Love Sign » (1800 New Funk, 1994). Autre album culte. Sur son label NPG, il enregistre ce projet destiné à mettre en avant les artistes qu’il affectionne depuis longtemps. George Clinton et Mavis Staples figurent sur la liste des invités. Nona Gaye, fille de l’illustre Marvin, Mayte (sa compagne à l’époque) ainsi que Madhouse et NPG aussi. Ces derniers avec l’excellent 2gether qui figurait sur leur album prodigieux intitulé Goldnigga, les Madhouse avec l’inédit 17. Du funk comme ses fans de longue date en redemandent régulièrement, du funk pour la fête et la danse.

« The Most Beautiful Girl In The World » (The Gold Expérience, 1995). Il renoue ici avec le succès commercial à grande échelle. The Most Beautiful Girl In The World entre dans les premières places des meilleures ventes dans de nombreux pays. Figurent également sur Gold Expérience d’autres titres forts tels Gold, Dolphin et Endorphinmachine. Le grand public entend à nouveau parler de lui.

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« Dinner With Dolores » (Chaos And Disorder, 1996). Un album qui porte bien son nom, sans hit majeur.  

« The Love We Make » (Emancipation, 1996). Fini la période Warner. Prince sortira désormais ses albums sur son label NPG. Ceci explique le titre de ce triple album. One Of Us, The Love We Make, Sex In The Summer, Jam Of The Year, il n’a rien perdu de sa créativité. Beaucoup de funk mais aussi de la soul, du jazz et des titres plus pop. La preuve qu’il est loin d’être à court d’idées. The Love We Make est probablement l’une de ses plus belles chansons, souvent accompagnée sur scène de fabuleux solo de guitare.

« Chloreen Bacon Skin » (Crystal Ball, 1998). Cette fois, c’est quatre albums en un ! Un opus rempli de chutes, d’inédits, de versions rares, qu’il devait commercialiser à l’origine en 1987. Une compilation maison avec des titres incroyables comme la version de 15’ du titre Chloreen Bacon Skin écrit pour le groupe The Time au début des années 1980 et qui ne verra finalement pas le jour. Un album terrifiant et une pochette aussi belle que le contenu. Du funk, de la soul et du blues issus de son stock de 500 chansons jamais sorties.

« The One » (New Power Soul, 1998). Considéré comme le 3e album de son groupe NPG, il y a cette fois son nom sur la pochette ainsi que son image. Il se recentre sur le funk. Loin des diktats imposés par les maisons de disques, il se recentre également sur la musique qu’il aime le plus avec une liberté totale. « The One » est à rapprocher de son travail avec la chanteuse Jill Jones en 1987.

« Undisputed » (Rave Un2 The Joy Fantastic, 1999). « 1999 », titre de son album de 1982. Belle occasion de faire la fête et il ne s’en prive pas. L’album donnera lieu à un concert mémorable. En studio, pour l’enregistrement, le saxophoniste Maceo Parker, le rapper Chuck D et la chanteuse Gwen Stefani sont à ses côtés.

Le meilleur de Prince durant les années 2000

La décennie de la liberté totale. Jouer pour se faire plaisir, jouer avec les gens qu’il aime, aider ceux qu’il admire et expérimenter encore et toujours. Fini les NPG. Désormais, ce sera Prince and the band ou simplement Prince.

« 1+1+1=3 » (The Rainbow Children, 2001). L’album le plus jazz de sa carrière. Une expérience musicale, un voyage à travers le jazz, la soul, le rock psychédélique et le funk. 1+1+1=3 et Muse 2 The Pharaoh sont de grands titres dans sa carrière. Son jeune batteur John Blackwell impressionne même les plus grands. Le bassiste et icone Larry Graham est là. Pour la première fois, il fait appel au saxophoniste et flûtiste Najee, fameux musicien jazz des années 1980-1990.

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« Xpand » (Xpectation, 2003). Il cherche encore et encore. Xpectation est un album instrumental de huit pistes dont chaque titre commence par X. Une rencontre entre violon jazz et funk enregistrée avec le batteur John Blackwell et 3 femmes : Rhonda Smith, Candy Dulfer et Vanessa Mae. Un album dans la lignée des Madhouse dominée par les cuivres, le violon de Vanessa Mae et la basse. Le plaisir de jouer, de chercher, toujours. L’album est d’ailleurs présenté ainsi : New directions.

« North » (N.E.W.S., 2003). La même année que l’expérimental Xpectation, on voit aussi sortir North, East, West, and South. Quatre pistes instrumentales de 15 minutes. Chaque point cardinal a sa couleur musicale. Du funk-jazz terrifiant qui célèbre le retour d’Eric Leeds à ses côtés et déjà 25 ans de carrière depuis le premier album…

« Musicology » (Musicology, 2004). Après deux albums sans voix, c’est le retour au funk et à la musique black pour la fête. Un album hommage aux différents courants musicaux dominés par les Noirs. Earth Wind & Fire, James Brown, Slystone, Chuck D de Public Enemy, Jam Master Jay des Run D.M.C… Il rend hommage à ses aînés. À l’évidence, c’est un album pour danser et suer en club. Une partie est consacrée à des balades et à des titres un peu plus pop ou rock. A Million Days par exemple. Quelques incursions dans le blues également. Sheila E., l’amie de toujours, est là ainsi que Stockley, chanteur et leader du groupe Mint Condition lancé par Jimmy Jam & Terry Lewis, les anciens du groupe The Time. En 2004, Prince est sorti des radars du business et du grand public mais Musicology est l’un de ses plus grands disques.

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« Black Sweat » (3121, 2006). Cet album regarde dans la même direction que Musicology. 3121 est son premier opus depuis Gold Experience à entrer dans les 10 meilleures ventes. Lolita, Fury, Black Sweat et le titre éponyme seront les titres les plus appréciés. 3121 prouvait à quel point il était encore créatif et capable du meilleur, jamais du pire.

« Chelsea Rogers » (Planet Earth, 2007). Le 26e album studio officiel. Presque trente ans après ses débuts, joie, plaisir, technique et chaleur sont toujours intacts. Ce titre en est une preuve éclatante. Sa choriste Shelby J et la chanteuse Marva King sont en pleine forme. Maceo Parker également. La musique est un partage d’émotions et de générosité, c’est le cas ici. Somewhere Here On Earth, The One U Wanna C, Guitar et Chelsea Rogers s’imposent dans la pure tradition princière. 

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« Ol’ Skool Company » (Lotus Flow3r, 2009). Cet album est consacré à la chanteuse Bria Valente, dernière venue dans la longue liste de ses égéries sexy. De l’electro-funk tel qu’il le jouait du temps de The Time (Another Boy, Ol’Skool Company), presque trente ans plus tôt. On y retrouve aussi du R&B plus contemporain (Here Eye Come) et de belles balades (Everytime). Bel album mais rien d’exceptionnel.

Le Prince des années 2010

Comme à son habitude, chaque décennie correspond à des changements. Il s’entoure d’un nouveau groupe, un trio féminin pour être exact. En effet, à partir de 2013, les 3rdeyegirl sont avec lui en studio et sur scène. Il tire sa révérence en 2016 laissant un héritage fabuleux et beaucoup de douleurs chez ses fans.

« Act Of God » (20Ten, 2010) Le 35e album studio officiel s’inscrit dans la lignée des deux albums précédents. On y retrouve Prince dans ce qu’il fait de mieux : du funk. Le funk des débuts avec guitare et basse pour priorité. Ce titre ramène ses fans de la première heure à la fin des 70’s.

« Clouds » (Art Official Age, 2014). L’événement est de taille : Prince revient chez Warner après des années de combats juridiques qu’il a remportés. Ses alter ego vocaux Camille et Bob George ressuscitent dans ce projet très funk-electro. Tous les titres sont co-écrits avec Joshua Welton, le mari de la batteuse Hannah Ford qui appartient à son trio féminin 3rdeyegirl.

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« June » (HitNRun : Phase One 2015). On remarque la présence de Lianne La Havas sur cet album dominé par l’électronique type EDM. Trois bons titres ici : June, Million $ Show, This Could Be Us et Fallinlove2nite, à nouveau co-écrits avec Joshua Welton. Pour la première fois, il sample certains de ses titres.

« Baltimore » (HitNRun : phase 2, 2015). Un titre fabuleux ici dans lequel il s’implique politiquement : Baltimore s’inscrit clairement en faveur du mouvement Black Lives Matter ; le texte traduit sans ambiguïté son dégoût de la situation. Tous les titres sont signés Prince & New Power Generation.

2016…

Le 20 février, Prince est sur scène à l’opéra de Sydney, en Australie. Son dernier concept ? Chanter seul, avec un piano. Ce sera sa dernière tournée. Un mois plus tard, son décès est annoncé officiellement. Sometimes, it snows in April…

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Article rédigé par
Christophe Augros
Christophe Augros
Disquaire à Fnac Chambéry
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