Avec « Un métier sérieux » sur nos écrans le 13 septembre, Thomas Lilti filme pour la première fois une histoire qui ne prend pas place dans le monde médical. Il s’intéresse désormais à l’univers de l’enseignement. Entre joies et désillusions. Un nouveau terrain de jeu ?
Un cinéma en blouse blanche
Fils de médecin et généraliste lui-même, Thomas Lilti a longtemps combiné son amour pour son métier et sa passion pour le cinéma. Il réalise des courts-métrages entre deux consultations et finit par tourner un long-métrage en 2007 : Les Yeux bandés, un drame avec Guillaume Depardieu et un cinglant échec. Il officiera alors longtemps en tant que scénariste avant de tenter à nouveau sa chance avec Hippocrate en 2014. Quoi de mieux que de parler de ce que l’on connaît pour faire vrai, crédible et professionnel ? Il décrit d’ailleurs une relation père/fils ombrageuse avec deux médecins, l’un par choix, l’autre par dépit. Et cette situation rappelle sans aucun doute sa propre histoire avec un père qui refusait qu’il fasse du cinéma. Le film lui vaut trois nominations aux César, tutoie le million d’entrées et devient une série en 2018.
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Lilti va poursuivre son exploration du corps médical à travers ses films suivants : Médecin de campagne sur la désertification des généralistes dans nos contrées vertes, ou Première année sur les sacrifices nécessaires pour réussir à faire médecine. À chaque fois, les oeuvres rencontrent des succès critiques et publics.
Un cinéma choral
Si ces films fonctionnent, outre leur aspect documentaire et leur humour bienvenu qui fait « passer la pilule », c’est aussi grâce à leur casting. Et les comédiens de Thomas Lilti aiment visiblement participer à sa filmographie : Vincent Lacoste, François Cluzet, Louise Bourgoin, William Lebghil, Bouli Lanners… Tous en redemandent.
Surtout, Lilti parvient à créer des films de bande. Hormis Un médecin de campagne qui fonctionne principalement grâce à son duo Cluzet/Denicourt, ses autres créations sont avant tout chorales. La série Hippocrate suit sur deux saisons un quatuor de jeunes internes, Première année est consacré à l’entraide entre étudiants et Un métier sérieux raconte le quotidien de plusieurs professeurs de collège.
Un cinéma qui s’ouvre enfin
En tant que scénariste, Thomas Lilti a su montrer une grande diversité. Il a écrit pour la série Cœur océan, pour Michel Leclerc (Télé Gaucho), Édouard Deluc (Mariage à Mendoza et Gauguin : Voyage de Tahiti) ou l’adaptation du recueil de nouvelles Je voudrais que quelqu’un m’attende quelque part d’Anna Gavalda par Arnaud Viard. Mais excepté son premier long, Les Yeux bandés, il s’est surtout fait un nom de réalisateur spécialisé dans les films médicaux.
Un métier sérieux va-t-il lui ouvrir les portes vers d’autres univers ? Certes, on ne change pas une équipe qui gagne : on retrouve un monde cloisonné, une manière d’écrire documentée et réaliste, une dose d’humour pour dédramatiser et un casting ambitieux. Ici, Vincent Lacoste, Louise Bourgoin, François Cluzet et Adèle Exarchopoulos s’en donnent à cœur joie en professeurs parfois dépassés par les événements. Lilti a-t-il trouvé une nouvelle thématique à développer ? Mais finalement passer de l’hôpital à l’école, d’un service public à l’autre, n’est-ce pas logique ?