Décryptage

Janelle Monáe : reine de la Great Black Music

28 juin 2023
Par Mathieu M.
Janelle Monáe : reine de la Great Black Music
©Getty Images

Avec The Age of Pleasure, la chanteuse Janelle Monáe fait un retour en force dans la scène musicale actuelle. Très présente au cinéma et à la télévision ces trois dernières années (Glass Onion, Homecoming), la jeune femme reste surtout connue pour ses disques, qui renouvellent depuis les années 2010 toutes les formes de la Great Black Music.

Des débuts fracassants pour Janelle Monáe

En 2010, une débutante faisait son entrée avec une chanson et un clip homonyme, Tighrope. Dans une scène R&B partagée entre star pop au sommet (Beyoncé, Rihanna) et authenticité soul (Amy Winehouse), Janelle Monáe incarnait une troisième voie, en s’inspirant dans son imagerie des stars masculines des années 1980 – Prince et Michael Jackson en tête – et dans sa musique du rap underground : le titre voyait d’ailleurs l’apparition de Big Boi d’Outkast, en featuring.

Installée alors à Atlanta, la jeune femme se remettait d’une carrière avortée de chanteuse sur Broadway. Ayant grandi à New York, l’artiste y avait pris des cours de comédie, de danse et de chant. Qu’à cela ne tienne : dès son premier album, The ArchAndroid, elle réunissait l’ensemble de ces disciplines, pour créer un personnage solo de comédie musicale. Pour l’y aider, le collectif hip-hop Wondalands Art Society (son futur label) l’avait incitée à assumer ses inspirations, qui passaient alors par l’afrofuturisme de Sun Ra, les films muets de science-fiction (et en particulier Metropolis) et l’ensemble des genres musicaux créés depuis 1950, la soul, le funk et le rap en tête. 

The ArchAndroid - Janelle Monae | la critique de Goûte Mes Disques

De chanteuse marginale à star alternative

Après ses E.P. Metropolis et The ArchAndroid, c’est avec le single We Are Young pour fun. puis l’album The Electric Lady, en 2013, que le grand public s’est familiarisé avec l’univers extrêmement construit et cohérent de Janelle Monáe. Le disque, bouclant une sorte de trilogie de science-fiction, faisait la part belle aux synthés des années 1980. Par ses collaborations, le disque montrait une chaîne de référence résumant trente années de Great Black Music, avec des titres enregistrés aux côtés de Prince, d’Esperanza Spalding, d’Erykah Badu, de Miguel et de Solange.

Désormais star du R&B alternatif, la jeune femme s’attachait à mettre l’accent sur ses camarades de label, mais aussi à débuter sa carrière cinématographique. Son premier film en tant qu’actrice, Moonlight, devait remporter l’Oscar du meilleur film. Et Janelle Monáe d’en tirer de nombreuses leçons pour son nouveau projet, le concept album Dirty Computer, accompagné d’un moyen métrage du même nom.

Stream: Janelle Monae's 'Dirty Computer' Album - That Grape Juice

Le disque et le film, tout en restant dans l’esthétique afrofuturiste et groovy de ses précédents projets, abordaient de manière encore plus frontale la question importante de l’identité sexuelle et de l’identité de genre : très vite identifiée comme bi, puis pansexuelle, l’artiste défend la voix des LGBT et participe à de nombreux projets queer. L’interprète de Make Me Feel s’est depuis affirmée non-binaire, dans un mouvement d’esprit assez similaire à son ouverture d’esprit concernant la musique.

The Age of Pleasure, un disque d’été

Par un single façon dancehall – et un clip idoine à base de sensualité saphique et queer assumée – Lipstick Lover a permis le retour fracassant de Janelle Monáe dans l’actualité musicale, après cinq ans passés sur petit et grand écran – on l’a récemment vu dan Antebellum et À couteaux tirés. The Age of Pleasure, l’album dont est tiré cet extrait, confirme la profonde singularité de Janelle Monáe, qui s’intéresse cette fois aux arrangements jamaïcains et afrobeat avec ce disque idéal pour profiter de l’été et de ses plaisirs divers.

 Janelle Monáe - 1

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Article rédigé par
Mathieu M.
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