L’instant Lire à la Fnac : le rendez-vous de toutes les littératures à ne pas manquer. Baptiste Liger, directeur de la rédaction du magazine Lire, partage ses conseils de lecture. En juin, intéressons nous au retour du roman-feuilleton grâce à la série Le Bureau des affaires occultes imaginée par Éric Fouassier.
Une brève histoire du roman-feuilleton
Et si, à l’heure des séries télévisées, on renouait avec le vrai plaisir des grands romans-feuilletons d’antan ? C’est ce que nous propose Éric Fouassier avec son Bureau des affaires occultes.
“Suite au prochain épisode.” Vous connaissez tous cette formule inhérente au cliffhanger, ce procédé pour maintenir le suspense. Cette technique est utilisée bien entendu par le petit écran, mais pas seulement. La littérature l’a maintes fois employée, notamment dans un genre, un domaine bien particulier, à savoir le roman-feuilleton.
Dans la France des années 1830, les journaux ont donc fait appel à des plumes prestigieuses comme Alexandre Dumas ou Honoré de Balzac pour raconter des histoires haletantes qu’on a envie de suivre le lendemain, le surlendemain, etc, et cetera. Que voulez vous, il faut bien vivre…
Le phénomène va perdurer au début du XXᵉ siècle, avec notamment les aventures d’Arsène Lupin signées Maurice Leblanc, les enquêtes de Rouletabille, de Gaston Leroux ou bien encore toute l’œuvre d’Arthur Bernède, qui est un spécialiste particulièrement prolifique du genre, à qui on doit notamment Judex, Belphégor, Surcouf ou bien encore l’ancien bagnard devenu chef de la sûreté, Vidocq.
L’événement : Les Nuits de la peur bleue (Le bureau des affaires occultes, tome 3) d’Éric Fouassier
Et justement Vidocq, cet obscur personnage, qui a d’ailleurs inspiré une série télévisée française à succès dans les années 70, est au cœur du projet d’Eric Fouassier, Le Bureau des affaires occultes, même si Vidocq n’en est pas à proprement parler le protagoniste principal, c’est en effet le jeune inspecteur Valentin Verne qui mène l’enquête dans le Paris de la Monarchie de Juillet 1830-1848. Vous voyez le clin d’oeil littéraire, puisqu’on est en plein balbutiements du roman-feuilleton.
La spécialité de Verne, oui, comme Jules, c’est d’utiliser ses multiples connaissances scientifiques pour résoudre les crimes les plus mystérieux et énigmatiques car nous sommes dans une période où la police n’hésite désormais plus à faire appel à la science.
Dans le troisième volet du Bureau des affaires occultes intitulé Les nuits de la peur bleue. Nous voilà plongés dans le quartier parisien de l’Hôtel de ville en 1832, qui a connu, le saviez vous, une épidémie de choléra ? Si, bien entendu, les cadavres se comptent par milliers, certaines morts semblent particulièrement suspectes parce que certains défunts se sont vu inoculer le virus post-mortem. Pourquoi ? Mystère. Et c’est là où Valentin Verne et son équipe vont devoir intervenir.
Nous sommes là dans le domaine du polar historique, à l’image du Nicolas Le Floch de Jean-François Parot. Mais la grande réussite d’Eric Fouassier, avec son Bureau des affaires occultes est d’avoir su parfaitement synthétiser le grand roman-feuilleton d’antan et les séries télévisées d’aujourd’hui, le thriller contemporain aussi bien au niveau du rythme trépidant que de l’écriture scénarisée. Il a en effet dépoussiéré le genre tout en respectant profondément et sincèrement ses règles, pour le plus grand plaisir des lecteurs.
Enfin, petite indiscrétion, on parle déjà d’un potentiel projet d’adaptation en série télévisée du Bureau des affaires occultes. Alors, pour vous, qui serait un formidable Valentin Verne ? Qui pour camper son supérieur, Vidocq ? Et qui pourrait interpréter le terrifiant vicaire ?On lance le casting.
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