Tandis que Creed III, à la fois suite et spin-off de la saga Rocky, triomphe dans le monde entier, retour sur le film originel de 1976 qui mit un uppercut au box-office à sa sortie. Rocky, premier du nom, est le sacre de sa star principale, Sylvester Stallone, et la référence en la matière de film de boxe, devenu un genre en soi.
Pour Sylvester Stallone, créateur de Rocky Balboa
© Olivier Borde / Bestimage
Le 24 mars 1975, Sylvester Stallone assiste au match de boxe du siècle : celui où l’inconnu Chuck Wepner envoie au tapis le champion en titre Mohamed Ali. Alors apprenti comédien, Stallone y voit là le sujet d’un film : celui d’un boxeur outsider éreinté par la vie, qui deviendrait une star du ring. Le personnage de Rocky Balboa est né. L’acteur ignore encore que son destin est sur le point de changer à jamais. Stallone vend les droits de son histoire pour seulement 500 dollars (il est alors aux abois financièrement) mais parvient à obtenir le rôle-titre et le droit d’en être le scénariste.
Le film Rocky, réalisé par John G. Avildsen, sort en 1976, porté par le titre Gonna Fly Now de Bill Conti qui enflamme les charts. Il obtient un succès considérable : 225 millions de dollars de recettes internationales pour un seul petit million de budget et trois Oscars au compteur, dont celui du meilleur film. La franchise Rocky est née.
Pour la rédemption du héros
Rarement un personnage aura autant été calqué sur celui qui l’a créé et interprété. C’est aussi pour cela que Rocky a autant imprégné l’imaginaire collectif. Stallone, acteur qui cachetonne et Rocky, boxeur à la petite semaine, deviennent chacun une star dans leur domaine respectif. Toutes les étapes du sportif (entraînements intensifs, découragement, prise de conscience, succès) suivent celles du comédien-scénariste. Une histoire de rédemption, de rêve américain où tout est possible qu’affectionne tant le public. Un public qui s’identifie à cet outsider se transformant peu à peu en machine à gagner. Il prend des coups, mais il sait les rendre aussi. Et s’il perd à la fin, ce n’est qu’à un fil : il aura réussi à montrer qu’il était désormais un boxeur émérite.
Stallone a tout fait pour humaniser son personnage le plus possible. Il s’intéresse à son vécu, son passé, ses fêlures, ses galères, mais aussi à ce qui le raccroche à la vie, telle sa romance avec Adrian, interprétée avec passion par Talia Shire. Sa vraie victoire est là : non pas sur le ring, mais dans l’amour qu’il porte à ses proches et surtout à sa belle.
Parce que le film est devenu une saga
Un tel succès ne pouvait guère rester sans suite. Et sans Stallone, pas de Rocky. L’acteur reprend les rênes intégralement et fait vivre le personnage de Balboa sur la durée. Tant et si bien que Rocky premier du nom, devient un mythe fondateur de la légende de ce boxer au grand cœur. De 1979 à 2006 (soit de Rocky 2 : La Revanche à Rocky Balboa), Stallone sera non seulement le comédien principal et le scénariste, mais aussi le réalisateur de la saga (excepté le cinquième volet pour lequel Avildsen reprend la caméra).
Stallone et Balboa ne font qu’un. Quand la carrière de l’un flanche, l’autre se rappelle à lui et lui redonne un coup de fouet. Les deux ne se lâchent plus, même quand l’âge leur dit qu’il est temps de raccrocher les gants. Stallone a alors l’idée de créer un spin-off dans lequel Balboa aurait tout de même son mot à dire, en mentor cette fois-ci. Déjà trois volets de Creed sont sortis au cinéma et un quatrième est en préparation. Et si Stallone a été écarté de Creed III, l’ombre de Balboa planera à jamais sur les aventures sportives d’Adonis Creed, fils d’Apollo, le vainqueur de Rocky dans le film de 1976. Comment l’oublier ?