L’instant Lire à la Fnac : le rendez-vous de toutes les littératures à ne pas manquer. Baptiste Liger, directeur de la rédaction du magazine Lire, partage ses conseils de lecture. En mars, il sera question de romanciers américains forts célèbres mais qui pour autant sont restés très discrets dans les médias. On vous en dit plus.
Ces écrivains américains mystérieux
Pour vivre heureux, vivons cachés. Et si c’était la recette de quelques écrivains américains mythiques ? Revue de détail.
Ça peut sembler quand même quelque peu paradoxal à l’heure où on conseille aux jeunes écrivains d’apparaître un peu partout, en premier lieu sur les réseaux sociaux, et de commenter la moindre actualité, et pourquoi pas de parler cuisine ?
L’exemple inverse existe avec quelques grandes plumes d’outre-Atlantique qui ont créé et qui ont forgé leur légende à partir de leur rareté et d’une certaine absence d’information.
Ainsi, on ne peut pas dire qu’on sache grand chose sur le parcours de J. D. Salinger, l’auteur de L’Attrape-cœurs, qui est certainement le classique absolu sur le spleen adolescent.
Même chose pour Harper Lee, prix Pulitzer 1961 pour Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur, livre étudié par des générations et des générations d’Américains et qui, pendant des décennies, a pris bien garde de préserver sa vie privée jusqu’aux années 2000, avec la publication d’un autre livre.
On pourrait également penser à Thomas Harris, l’auteur de Dragon rouge, Le Silence des agneaux ou Hannibal. Extrêmement rare dans les médias pendant très longtemps et qui, force est de le constater, a pris goût aux réseaux sociaux ces derniers temps.
N’oublions pas le cas de Thomas Pynchon, écrivain emblématique de la pop culture US, à qui on doit V., Vineland, Vente à la criée du lot 49 et dont on ne connaît que quelques photos de jeunesse. Alors, à son sujet, il y a eu diverses théories du complot de la part de fans. Bon, on est aux États-Unis, on a l’habitude de genre de situation. Certains ont ainsi imaginé que derrière le nom Thomas Pynchon, il y avait en réalité un collectif d’écrivains très variables.
Bon… rétablissons la vérité ou quelque chose comme ça, Thomas Pynchon existe bel et bien et son nom revient, ça n’a rien d’un scoop, souvent, dans les listes du Nobel de littérature. Affaire à suivre…
L’événement : le retour de Cormac McCarthy
Enfin, et c’est notre actualité du mois, Cormac McCarthy qui fait son retour en librairie en France avec Le Passager. Des interviews, Cormac McCarthy n’en a donné qu’une petite poignée, on pourrait les compter sur les doigts d’une main. Et pourtant, on lui doit bon nombre de chefs d’oeuvre absolus de la littérature anglo-saxonne.
Jugez du peu, Méridien de sang, La trilogie des confins, notamment le volume De si jolis chevaux, moi, j’adore. Non, ce pays n’est pas pour le vieil homme, transposé par les frères Coen au cinéma avec No Country for Old Men, et quelques Oscars à la clé. Ou bien encore, ce qui est certainement son livre le plus célèbre, son plus grand succès, La route, qui sera d’ailleurs adapté très prochainement, en tout cas on l’espère, par l’excellent Manu Larcenet.
Dans Le Passager, un grand scientifique qui a été traumatisé par la mort de sa sœur va devenir plongeur. Et un jour, il accepte une mission et va devoir examiner dans les profondeurs la carcasse d’un avion. Et il va s’apercevoir que parmi tous les passagers, enfin, les cadavres des passagers, ils en manque un.
Que lui est il arrivé ? Et pourquoi ne trouve-t-on pas cette satanée boîte noire ? Allez savoir…
À partir de cette base qui pourrait être celle d’un thriller assez conventionnel en fin de compte, Cormac McCarthy livre un drôle d’objet où l’on trouve aussi des considérations philosophiques ou scientifiques très poussées et ce qui pourrait faire peur est en fin de compte transcendé par le savoir faire, le grand savoir faire du maestro McCarthy.
On a d’ailleurs déjà hâte de lire la suite, Stella Maris, qui sera disponible en librairie fin avril.
Quelques cas en France
Mais les États-Unis n’ont pas le monopole des écrivains mystérieux. La France a, elle aussi, quelques plumes fameuses qui ont su rester discrètes. On pourrait citer évidemment le théoricien sur le sujet, Maurice Blanchot, qui a longtemps réfléchi sur le fait que l’écrivain devait s’effacer derrière sa littérature.
Il y a aussi son descendant direct, son disciple Jonathan Littell, prix Goncourt pour Les Bienveillantes, ou bien encore Pierre Michon, dont vient de paraître Les deux Beune, c’est un petit bijou.
Moralité, en littérature comme en amour, parfois moins on en montre, plus le désir est fort.
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Rendez-vous le mois prochain pour le nouvel « Instant Lire à la Fnac » sur Fnac.com, dans vos magasins et dans les pages du magazine Lire.
