Toute œuvre de fiction possède ses propres tropes. À savoir des artifices scénaristiques récurrents, des sortes de balises que l’on retrouve obligatoirement quel que soit le genre proposé. Les tropes permettent au spectateur ou au lecteur de se retrouve régulièrement en terrain connu. Sans que cela ne nuise à la qualité du livre ou du programme. On vous en dit plus.
Jamais trop de tropes
Livres, films, séries, jeux vidéo… À chaque œuvre son ou ses tropes. Non pas des clichés inhérents à chaque genre, mais plutôt des récurrences, des artifices qui jalonnent l’histoire et lui permettent de progresser. Et que l’on tolère de bonne grâce. Le plus connu d’entre tous est le fameux Deus ex machina qui permet au héros de s’en sortir in extremis grâce à l’arrivée de secours imprévus. Ou le happy end inhérent aux romances feel good et aux comédies. On croit que tout est perdu, mais les deux personnages principaux finissent par se retrouver après avoir couru l’un vers l’autre. Même les éléments de surprise peuvent être un trope à eux seuls : le fait que les films de M. Night Shyamalan se terminent régulièrement sur un twist, à l’image de The Visit ou Sixième Sens, cela devient un trope en lui-même. Le trope ne nuit aucunement à l’histoire. Il permet au spectateur de retrouver ses marques, de savoir où on le conduit, même si c’est parfois sur des chemins de traverse. On finit toujours par comprendre les tenants et aboutissants à force de voir (ou lire) des histoires du même genre.
Des exemples de tropes fréquents
Le voyage du héros, soit les 12 étapes clés de nombre de structures narratives, est un trope à lui seul. Le héros va quitter son monde ordinaire, après avoir refusé l’appel de l’aventure dans un premier temps, rencontrer un mentor et son ennemi, subir des épreuves et se retrouver à affronter le grand méchant à la fin. Mais chaque genre à son ou ses propre(s) trope(s) et ses conventions acceptées par tous. Ainsi, dans une série de science-fiction comme Star Trek, personne ne se choque que toutes les créatures de l’univers parlent un excellent anglais et que la gravité n’existe globalement pas.
Dans une comédie telle que Friends, on ne se formalise pas que Rachel et Monica vivent dans un immense appartement en plein Manhattan avec des salaires peu mirobolants au début de la série ou que les six amis passent leur temps au Central Perk plutôt qu’à leur travail. Dans des séries médicales de type Urgences ou Grey’s Anatomy, on s’intéresse à la fois aux diagnostics des médecins (surtout si ces derniers se révèlent plus compliqués que prévus) mais aussi à leurs vies privées, souvent chaotiques car ils se consacrent tout entiers à l’hôpital devenu à la fois foyer et famille de substitution.
Dans les séries policières du type Esprits criminels ou Les Experts, on suit toute une équipe de policiers régis par un souci de respecter la loi, même s’il y a toujours l’un d’entre eux qui s’en écarte pour mener à bien l’enquête. Les fusillades et les poursuites en voiture sont légion et le criminel, toujours arrêté à la fin de l’épisode.
Toutes les séries possèdent leurs propres codes, stéréotypes et donc tropes. Et si la plupart sont détectables au premier regard, cela ne gâche en aucun cas le plaisir que l’on prend à les regarder. Car cela ne les empêche nullement d’avoir leur propre identité, selon la manière qu’elles ont de jouer avec ces tropes bien définis. C’est là tout leur enjeu.